Le voile partiellement levé sur la libération des otages du Mali

Beaucoup s’interrogent sur la manière dont les quatre otages français capturés à Arlit (Niger) ont été libérés. Quelques infos sont remontées jusqu’à nous.

On sait que la politique des autorités françaises était désormais de ne plus payer pour récupérer les otages. Non par souci d’économie mais pour bloquer un commerce qui se tarira de lui-même le jour où il perdra sa raison d’être, l’argent.

Cependant, François Hollande souhaitait clore un dossier laissé pendant par son prédécesseur. En juin dernier, il a chargé le Président du Niger, Mahamadou Issoufou, de régler le problème en obtenant la libération des otages. Du même coup Hollande a mis hors jeu les réseaux officieux qui s’activaient.

Sans attendre, Issoufou a chargé Mohamed Akotey d’établir les contacts. Celui-ci est un ancien chef rebelle touareg, rallié et devenu depuis le président d’Imouraren, filiale d’Areva au Niger. Nous l’avons rencontré à plusieurs reprises. Il a des contacts avec la plupart des notables touaregs du Mali, de l’Algérie et du Niger. Quelques semaines avant le déclenchement du soulèvement du Nord Mali, en janvier 2012, il avait même rencontré Iyad Ag Ghali, le chef de la tendance islamiste des rebelles touaregs.
Akotey s’est immédiatement mis en piste. En septembre, enfin, il obtenait un accord. Le 24, on le vit à Niamey. Il repartait en brousse pour finaliser l’échange et récupérer les otages.

Quelques semaines plus tard, Hollande reçoit un message d’Issoufou. C’est d’accord pour récupérer les otages, mais il faut payer ! Hollande est pris de court. Issoufou insiste : « Il faut l’argent dans 24 heures ou c’est foutu », dit-il. Notre Président n’a rien d’un marchand de tapis. Il n’est pas non plus habitué à subir ce genre de pression. Il cède. Areva et Vinci, les sociétés pour lesquelles travaillent les otages, paieront, permettant ainsi aux autorités françaises de jurer qu’elles n’ont pas versé un sou. En tout les cas, selon nos sources, et contrairement à l’article de Jacques Follorou dans « Le Monde », les 24 millions versés aux ravisseurs ne sortent pas des caisses de la DGSE.

En revanche, d’autres factures vont être à payer. L’assassinat des deux journalistes français de RFI, le 2 novembre à Kidal dans le Nord Mali, en est l’avant-goût. En effet, selon toute probabilité, il s’agit d’une tentative de rapt manquée. Il faut renouveler le stock d’otages ! Doivent penser ces marchands de l’ignoble.
Une autre facture est politique. Issoufou sort grandi de cette affaire. Or, il réclame une augmentation du prix de l’uranium exploité par Areva. Comment la lui refuser ?

Enfin, et c’est sans doute le pire, on ne peut pas douter que des accords de non-agression aient été passés entre AQMI et l’autorité nigérienne à l’occasion des négociations. En gros, « fichez nous la paix à l’intérieur de nos frontières et nous vous laisserons circuler librement entre la Libye, devenue votre zone d’approvisionnement, et le Mali, votre secteur de combat ».

En clair, envoyant Issoufou au charbon, nous l’avons mis dans la position qui a valu sa fin à ATT, le Président déchu en mars 2012 au Mali. Suite à notre demande de servir d’intermédiaire, il trouvait son profit dans le commerce des otages et s’est laissé gagné par la facilité voyant dans les trafiquants et les jihadistes des partenaires fréquentables.

Alain CHEVALERIAS

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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