DU MONDIALISME |
février 2014
Peter Sutherland est né le 25 avril 1946 à Dublin, en Irlande. Fils dun simple courtier en assurances, rien ne le prédestinait à devenir un baron de la caste mondialiste, sinon la volonté de « réussir » en sélevant le plus haut possible dans la société, sappuyant sur une grande intelligence. Il poursuivit ses études au Collège Gonzaga de Dublin, une institution tenue par les Jésuites, puis à l « University College », autre établissement catholique de la même ville, pour y étudier le droit. Certes, de ce dernier, sont sortis six commissaires européens de nationalité irlandaise. Il faut, croyons-nous, attribuer cela à la qualité de lenseignement dispensé, car dautres étudiants venus de cette institution, le plus grand nombre, ont choisi des itinéraires professionnels sans lien avec le centralisme européen et/ou le mondialisme. Certains se sont même avérés « nationalistes », dans le sens où ils privilégiaient les intérêts de leur pays sur ceux dune aristocratie de financiers cosmopolites. Sutherland
fut reçu comme avocat en 1969. Pour accéder
au pouvoir, la politique lui sembla dabord le chemin le
plus facile. En 1973, il se présenta aux élections
générales mais nobtint que 6,2% des suffrages.
Cruelle déception pour cet ambitieux. Il chercha alors
une autre voie et, en 1981, devint le plus jeune procureur
général dIrlande. Il était alors âgé
de 34 ans et commençait à hanter les allées
du pouvoir en servant de conseiller au Premier ministre Garret
FitzGerald. Jusquà cette époque encore, on peut prendre Sutherland pour un nationaliste irlandais modéré marqué par son éducation catholique. Quand il participe à la rédaction du 8ème amendement de la Constitution irlandaise qui interdit lavortement, néanmoins, on peut commencer à en douter. On lui reproche en effet un vice de forme dans la rédaction du texte qui, selon certains, pourrait permettre dannuler la loi constitutionnelle sur linterdiction de lIVG. Ce détail, dans une affaire, lIVG, dont les mondialistes sont des promoteurs, semble trahir un début dadhésion de Sutherland aux théories mondialistes. Le cadre gouvernemental dans lequel il évolue lui permet de se constituer un carnet dadresses. Puis il passe à un niveau supérieur. En 1984, il se fait recommander par FitzGerald, le Premier ministre, pour le poste de commissaire européen de nationalité irlandaise. Mais il intrigue aussi à Bruxelles pour se faire accepter. Il faut dire, quen 1984, la Commission sort dun cycle « nationaliste » qui privilégie les intérêts des États sur ceux dune Union économique européenne qui peine à saffirmer politiquement. LAllemagne et la France, avec Kohl et Mitterrand, croient-ils au profit de leurs pays, sont favorables à un renforcement des pouvoirs de Bruxelles et donc de la Commission. Jacques Delors est nommé à la tête de cette dernière à cette fin. Il prend ses fonctions en janvier 1985. Pour les mondialistes, il sagit de transformer les pays européens en régions dun super État dirigé de Bruxelles. Cette transformation doit être suivie dune autre : le passage progressif de lEurope sous une gouvernance planétaire annonçant le gouvernement mondial du type de celui exposé dans son oeuvre par Jacques Attali (1). Dans ce cadre, lUnion européenne est pensée comme une étape vers le mondialisme. Au sein du dispositif européen, Sutherland a alors pour protecteur Étienne Davignon, le membre de la Commission le plus influent sous la présidence du prédécesseur de Delors (2). Né en 1932, aîné de Sutherland par conséquent, il est déjà un baron du mondialisme (3). En 1983, préparant la refondation de lEurope, il a créé la « Table ronde des Industriels européens », un groupe de lobbying chargé dinfluencer la Commission dans un sens mondialiste. Sous un pareil parrainage, lallégeance de Sutherland ne fait plus de doute. Même sil le fait avec un fort tropisme socialiste, Delors, pour sa part, ne déçoit pas ceux qui lont mis en place. Dès le 14 juin 1985, il publie un calendrier précis de létablissement dun marché unique européen. Ce qui signifie labaissement des barrières douanières à la grande joie de Davignon. En février 1986, il fait voter lActe unique européen qui concrétise le projet de « lEurope intégrée » puis, en 1992, fait accepter le traité de Maastricht par les États. À la Commission, Sutherland se voit confier le portefeuille de la Compétitivité. Il est là à une position stratégique pour les membres de la « Table ronde des Industriels européens ». En effet, ce club des milieux daffaires les plus importants présente la « libre concurrence » comme le moyen de réduire les prix à la consommation. En fait, libre concurrence signifie pour eux liberté de ruiner les entreprises de plus petite taille, ceci afin de semparer de leurs parts de marché. De surcroît, Sutherland se fait attribuer la responsabilité de lÉducation. Dans la droite ligne du projet mondialiste, il veut susciter une culture internationaliste, pour ce faire, annihiler les cultures nationales. Il est à lorigine du programme ERASMUS qui consiste à favoriser les échanges détudiants entre pôles universitaires européens. Certes, il y a du bon dans ERASMUS, mais en poussant lidée jusquà sa finalité, on génère une classe de jeunes sans attaches nationales. Plus tard, ils deviendront des employés sans états dâmes, pour les multinationales, ou des fonctionnaires dociles pour les administrations internationales. Les parrains de Sutherland ne risquent pas dabandonner un aussi bon élément. Ils ont des projets pour lui. En 1989, ils le dégagent de la Commission de Bruxelles et lui font faire une sorte de stage comme président du conseil dadministration de l « Allied Irish Banks », une banque irlandaise. Il sagit daffiner sa connaissance du monde des affaires. En 1993, il quitte son fauteuil de banquier pour prendre la tête du GATT, structure internationale travaillant à la réduction des tarifs douaniers dans lesprit mondialiste du libre échange généralisé (4). Les discussions traînent depuis 1986 et larrivée de Sutherland à la tête de linstitution est décisive. Elle accélère les négociations du fameux Uruguay Round et permet, en 1995, la naissance de lOMC (Organisation mondiale du commerce), forme plus élaborée et contraignante pour les États que le GATT. Sans attendre, Sutherland reçoit la direction de lOMC quil façonne de manière à être incontournable pour les États, négociant directement avec les Présidents et les Premiers ministres quand lorganisation ne leur donne pas des ordres. LOMC est devenue la superstructure internationale de fait la plus puissante au monde. Sutherland la quitte, comme le GATT en 1995. À partir de cette année-là, il entre dans plusieurs conseils dadministration de grandes entreprises : British Petroleum, comme président jusquen 1993, Delta Airlines, Investor AB et, ce qui est très révélateur, devient directeur chez Goldman Sachs, lune des banques de Wall Street à lorigine de la crise financière de 2008. Tout cela nest quun moyen en réalité de toucher des jetons de présence, lors des conseils. Une manière pour ses commanditaires de remercier Sutherland pour ses bons et loyaux services. Mais il est devenu aussi une valeur médiatisable pour les lobbies mondialistes. À la même époque, il entre au comité directeur du Groupe Bilderberg, reçoit la présidence de la Commission Trilatérale et est coopté au CFR (Council on Foreign relations), ces structures vitrines du mondialisme. On retrouve aussi le nom de Sutherland dans les structures de direction dorganismes dinfluence mondialistes moins connus, comme le « European Institute » basé à Washington ou la « Table ronde des Industriels européens », citée plus haut. Depuis 2006, il a même fait son entrée aux Nations Unies à la demande de Kofi Annan en devenant représentant spécial pour les Migrations. A cette position, défendant un autre thème cher à lidéologie mondialiste, il invite les États à faciliter limmigration sur leurs territoires. Au mois de janvier, au Forum de
Davos, on lentendait dire : « Cest ridicule
darrêter limmigration quand le profil démographique
de nombreux pays demande cette immigration ». Tout
ce qui détruit les nations est bon aux yeux des mondialistes
et de Sutherland. (1) Voir « Demain qui gouvernera
le monde ? », Jacques Attali, éditions Fayard. |
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |