En les supprimant, on fait perdre aux hommes leurs repères. Plus grave, on suscite ainsi le communautarisme, l’intégrisme religieux et la désacralisation des valeurs qu’elles soient religieuses (sic) ou, comme il les appelle, « républicaines ».
de frontières |
février 2011
Il est difficile de classer Régis Debray parmi les hommes de droite. Ancien militant de lUnion des étudiants communistes, il rejoignit Cuba à la fin de ses études et suivit Che Guevera dans sa folle équipée bolivienne. Il devint un théoricien des stratégies de guérilla de ce dernier. Cela lui valut la torture et quatre ans dincarcération. A partir de 1981, il bénéficia de la protection du nouveau Président, François Mitterrand, devint chargé de mission pour les missions internationales, puis se retrouva maître de Requêtes au Conseil dÉtat, dont il démissionna en 1992. Quon nous pardonne, tout nest pas à jeter dans cet homme. En 1999, il se rendit brièvement au Kosovo et en Macédoine pendant lattaque de lOTAN. Rentrant, le 13 mai, il publia une lettre ouverte à Jacques Chirac, alors Président de la République, lui reprochant davoir une perception erronée de la situation politique en Yougoslavie. Il était personnellement opposé à la campagne militaire engagée. Cette fois, dans son nouveau livre « Éloge des frontières », publié chez Gallimard, il sen prend à la mondialisation et au mondialisme, même sil nétablit pas bien la différence entre les deux. Pour lui, les frontières sont utiles parce quelles permettent la « mise en forme symbolique dun chaos », le monde de différences dans lequel nous vivons. En les supprimant, on fait perdre aux hommes leurs repères. Plus grave, on suscite ainsi le communautarisme, lintégrisme religieux et la désacralisation des valeurs quelles soient religieuses (sic) ou, comme il les appelle, « républicaines ». Il constate, comment le démentir, que communautarisme et mondialisation ne sont pas des opposés mais au contraire le corollaire, lun de lautre. « Les intégrismes religieux, ajoute-il, sont la maladie de peau du monde global où les cultures sont à touche-touche ». Non sans raison, il estime les incivilités et lindécence ambiantes conséquences elles aussi de la globalisation en raison de la perte de nos repères, eux-mêmes autrefois stabilisés par nos frontières. Que Debray prône un retour aux frontières, lui un homme de gauche, ne nous chagrine pas. Au contraire, cela nous rassure. Cela signifie les catastrophes engendrées par le mondialisme et la mondialisation tellement évidentes que, dépassant les clivages politiques, une prise de conscience émerge. |
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