en Arabie Saoudite |
Le 21 mai, Donald Trump prononçait un long discours en Arabie Saoudite devant une cinquantaine de chefs dÉtats musulmans. But proclamé, pour combattre le terrorisme, resserrer les rangs des responsables des États présents derrière les États-Unis. À cette fin, Trump na pas craint dabandonner sa rhétorique anti-musulmane, ni celle de la guerre des civilisations adoptée en son temps par George Bush fils. Il a dit : « Il ne sagit pas là dun combat entre différentes religions, différentes sectes ou différentes civilisations. Cest un combat opposant des criminels barbares qui veulent anéantir la vie humaine et les honnêtes gens, tout cela au nom de la religion »(*). Nous défendons depuis suffisamment longtemps cette approche de la réalité musulmane pour nous réjouir de cette prise de conscience tardive de Trump, en très net décalage néanmoins avec les propos de sa campagne électorale. Les largesses de la monarchie saoudienne ont dû, faut-il avouer, avoir des effets facilitateurs. Bien quavec mesure, concernant la diffusion du terrorisme, Trump na pourtant pas craint de pointer la part de responsabilité de certains pays musulmans, parmi lesquels lArabie Saoudite ne pouvait que se reconnaître. Il a osé déclaré : « Un avenir meilleur nest possible que si vos nations traquent les terroristes et les extrémistes et les chassent. Les chassent de vos lieux de cultes. Les chassent de vos communautés. Les chassent de votre terre sainte et les chassent de la surface de la Terre ». Mais, chez Trump et son entourage, la vision manichéenne du monde nest jamais très loin ! Dans le dernier tiers de son intervention, il va se révéler en affirmant : « Cependant, toute discussion en vue danéantir cette menace (NDLR : terroriste) serait vaine faute de mentionner le gouvernement qui procure aux terroristes les trois soutiens dont ils ont besoin : un refuge sûr, un appui financier et le statut social nécessaire au recrutement. Il sagit dun régime qui est responsable de tant dinstabilité dans cette région. Bien sûr, cest de l Iran que je parle ». Certes, sur ce point, Trump parle devant un public acquis, celui des dirigeants saoudiens et des pays arabes qui les suivent dans leur guerre contre les supplétifs de lIran au Yémen, plus discrètement en Syrie. Mais quant à faire passer lIran pour le « refuge sûr » et « lappui financier » de Daech, il y a un pas difficile à franchir. Certes lIran est la cause de quelques déséquilibres au Moyen-Orient, mais sa diabolisation ressemble un peu trop à celle de lIrak par Bush en 2003 pour ne pas nous alarmer ! Il y a plus grave : lombre dIsraël inspirant les visions outrancières de Trump. LÉtat hébreu rêve dannihiler le régime de Téhéran. Récemment, il a trouvé dans les États arabes des alliés qui nourrissent une inquiétude justifiée, mais augmentée de paranoïa, à légard de lIran. Du coup, tout ce beau monde fait limpasse sur la politique de Tel-Aviv à légard des Palestiniens. Pourtant un solide aliment pour la colère des peuples musulmans et un bel alibi pour le recrutement des terroristes qui se réclament de lislam. Si les gouvernants arabes peuvent faire mine de ne plus voir le drame vécu par les Palestiniens, leurs peuples eux y restent sensibles. Cette distance entre les classes dirigeantes et leurs compatriotes, ajoutée par exemple à une crise économique, peut servir de déclencheur à un nouveau Printemps arabe. Elle entretient aussi la haine contre lOccident. * Nous utilisons la traduction en français fournie par lAmbassade des États-Unis en France. |
Relations euphoriques entre lArabie Saoudite et les États-Unis Petit à petit, la politique étrangère de Donald Trump prend forme. Comme le reste de son programme, elle surprend. À légard de lArabie Saoudite, pays arabe et donc supposé honni, ses intentions ont été dévoilées à la suite dun déjeuner privé au cours duquel le Président des États-Unis a reçu Mohammed bin Salman, ministre de la Défense et vice-prince héritier du royaume. Les Saoudiens envisageaient dinvestir plus de 100 milliards de dollars aux États-Unis, montant passé à 380 milliards lors du séjour de Trump à Riyad. En effet, même si lArabie Saoudite a perdu 200 milliards de réserves financières en raison de la chute des prix du pétrole, elle conserve néanmoins plus de 500 milliards de dollars à la banque centrale. Elle compte aussi récupérer 100 milliards de dollars avec la vente dune partie des parts de sa société pétrolière, Saudi Aramco. Sans parler du reste. On peut penser les Saoudiens investissant leur argent pour sassurer des revenus, mais pas seulement. Ils font aussi un investissement politique. Ils avaient mal vécu laccord nucléaire passé avec lIran après le feu vert de Barack Obama. Le conflit engagé entre Riyad et Téhéran, sous couvert de haine multiséculaire entre les chiites et les sunnites, est devenu la motivation première de ces deux capitales. Dans ce cadre,
pour les Saoudiens, renforcer leur alliance avec Washington
est prioritaire. Vitale même à leurs yeux. Les
investissements viennent à point pour conforter cette
alliance. Côté Trump, on est pragmatique.
Largent reste largent et Israël développant
des relations sécuritaires et Oublié, pour loccupant de la Maison Blanche les grandes envolées de la campagne. Il est maintenant dans le pur et dur : la gestion des États-Unis et de leurs intérêts selon ses propres conceptions. |
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