TURQUIE DES CLANDESTINS

Janvier 2008

La Turquie fait fonction de plaque tournante de l'immigration clandestine vers l'Europe pour l'Asie.

Khaled M., réfugié palestinien, a demandé l'asile politique dans notre pays. Nous l'avons rencontré dans une résidence prêtée par l'administration française.

" En 2005, dit-il, j'ai décidé de quitter le Liban. Je voulais rejoindre la France. On m'avait dit que les Arabes y étaient bien traités ". En réalité, il fuit la pression du Hezbollah désireux de lui faire exécuter une opération militaire.

Il vend ses biens et entre en Syrie. Accompagné de sa femme et de son fils, âgé de quelques années, il passe la frontière turque avec un groupe de vingt-cinq personnes, " Des Soudanais, des Égyptiens et des Éthiopiens. Tous étaient jeunes, précise Khaled. Nous avons payé le passeur 2500 $ ".

" Après une nuit de marche, arrivés en Turquie, nous avons pris le bus jusqu'à Izmir ". Un intermédiaire les attend. " C'était un Soudanais. Il nous a emmenés dans un hôtel où descendaient des voyageurs comme nous. On rencontrait toutes les nationalités, des Algériens, des Marocains, des Irakiens... "

Un passeur tunisien du nom de Sami les prend en charge pour un montant de 4000 €. " Il est venu nous chercher à une heure du matin. Il nous a transportés en camion jusqu'à la mer, dans un endroit du nom de Horch ". Là, la famille embarque de nuit sur une coquille de noix, avec une quarantaine de personnes. " L'embarcation tanguait. Nous étions les uns sur les autres. Certains pleuraient de peur ".

A une vingtaine de mètres de la côte grecque, le bateau se met en panne. Un navire de gardes-côtes surgit de l'obscurité. Khaled et sa famille seront pris en charge. Ils rejoindront ensuite l'Italie et franchiront la frontière française grâce à la complicité d'un chauffeur de taxi.

Cette odyssée nous en rappelle une autre, celle de migrants iraniens utilisant eux aussi le pays d'Atatürk pour s'introduire en Europe.

Quand ils sont en règle avec les autorités iraniennes, pas de problème, les candidats au voyage se rendent par avion en Turquie, seul pays à accepter l'entrée d'Iraniens sans demande préalable d'un visa.

Les autres doivent passer par les montagnes, avec l'aide des passeurs de l'ethnie kurde, qui peuple la région frontière. Une fois en Turquie, dans toutes les villes, pour de l'argent, on trouve à volonté de faux passeports. Pour quelques centaines de dollars, on peut aussi acheter des visas européens contrefaits presque parfaits.

A l'aéroport, si un policier turc se montre soupçonneux, il suffit de lui glisser quelques billets dans la poche. L'essentiel est d'arriver dans un pays d'Europe de l'Ouest et là, s'étant débarrassé des faux papiers, de demander l'asile politique à la police de l'air.

Frontalière de pays en crise, comme l'Irak, l'Iran où la Syrie, la Turquie est aussi le lieu de passage obligé de l'opium vers l'Europe. Y convergent la plupart des réseaux qui assurent le passage des hommes et de la drogue venant d'Afghanistan, de Tchétchénie ou du Pakistan.

Le 7 décembre 2007, le tribunal correctionnel de Paris condamnait 24 personnes, principalement des Kurdes et des Afghans, pour avoir introduit en Europe des milliers de clandestins à partir de la Turquie.

Nous avons déjà du mal à mettre un coup d'arrêt à l'immigration " non désirée " à partir des frontières de la Grèce. Qu'en serait-il si un jour nous avions la folie d'inclure la Turquie et ses professionnels de la fraude, dans les frontières de l'Europe.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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