LE VENEZUELA PARADIS SOCIALISTE

juin 2017

Le 1er avril dernier, des manifestations de grande ampleur reprenaient dans les rues de Caracas, la capitale vénézuélienne. Le 6 mai, on comptait déjà 36 morts et la police avait interpellé des centaines de manifestants dont 152 toujours incarcérés. Pourquoi cette effervescence ?

Tout commence avec l’élection d’Hugo Chavez en 1999. Populiste trempé dans la sauce marxiste, il fait passer sa tyrannie en rasant gratis avec l’argent de la manne pétrolière. Il nationalise des centaines d’entreprises, lance de grands chantiers sociaux, des programmes contre le dénuement, l’analphabé-tisme et pour l’accès à la médecine gratuite. La Banque mondiale enregistre alors un passage de 42% à 33% de pauvres de 1999 à 2015.

Quand Chavez décède, en 2013, les classes laborieuses peuvent encore croire au paradis socialiste. Son successeur et héritier politique, Nicolas Maduro, parvient à se faire élire avec 50,06% des suffrages exprimés. Mais au cours de l’été 2014, le cours du baril de pétrole s’effondre. Cette ressource représentant 95% des exportations du Venezuela et l’essentiel du budget de l’État, Maduro coupe les aides sociales.

La pénurie touche alors tous les domaines dans un pays dépendant des importations. La nourriture manque, mais aussi les médicaments. Les prix des denrées alimentaires augmentent jusqu’à 350%. L’inflation devrait atteindre 1600% en 2017. Déjà courantes auparavant, en raison du mécontentement des classes moyennes, les manifestations deviennent endémiques à partir de 2014 avec le renfort des plus pauvres.

Résultat, en décembre 2015, l’opposition obtient les trois cinquièmes des sièges au Parlement. Conformément à la Constitution, elle demande un référendum de destitution du Président, s’appuyant sur une pétition de 1,8 million de signatures obtenues en quelques jours. En octobre 2016, l’autorité électorale bloque le processus du référendum, invoquant soudain l’existence de fraudes pendant la collecte des signatures. La tension ne cesse de monter entre la rue et le pouvoir.

Puis, le 30 mars dernier, sous l’impulsion de Maduro, la Cour suprême décide de s’octroyer les pouvoirs du Parlement, dont celui d’édicter les lois, et de lever l’immunité des parlementaires. C’est un véritable coup d’État !

Le lendemain, comme on l’a vu plus haut, la mobilisation de la population accuse un nouvel à-coup et les manifestations repartent de plus bel. En même temps, de l’étranger montent les critiques. Moins de 48 heures plus tard, la Cour suprême revient sur sa décision.

Mais l’opposition ne compte pas en rester là. Elle relance sa demande d’élections présidentielles et exige la tenue des municipales reportée depuis un an. Le 7 avril, la Cour des comptes prononce l’inéligibilité d’Henrique Capriles, un chef de l’opposition, gouverneur de l’État de Miranda et deux fois candidat aux présidentielles.

Enfin, le 18 avril, invoquant une menace « à l’ordre interne », Maduro active le plan Zamora qui lui permet de recourir à l’armée. Il annonce aussi le renforcement des milices civiles, les « Colectivos », fortes d’un demi million d’hommes.

Puis, le 1er mai, Maduro propose la convocation d’une assemblée nationale constituante pour rédiger une nouvelle constitution. L’opposition refuse, voyant-là avec raison une manoeuvre du pouvoir pour ne pas organiser des élections qu’il est sûr de perdre.

Dans ce contexte, tout est à craindre : l’instauration de l’état d’urgence par Maduro, qui en profiterait pour bloquer le processus électoral, et une guerre civile. Quand on entend Mélenchon citant le Venezuela comme pays « de réinvention de la gauche », on frémit.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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