HISTOIRE

 L'ALGÉRIE
CONTRE LA WALLONIE

On peut raconter l'Histoire et la naissance de la Belgique de deux manières. La première, en parlant de l'aventure de ses peuples. La seconde, que nous allons préférer, en évoquant le jeu des puissances. On ignore en général le rôle joué par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, le fameux Talleyrand, dans la création de cet État. Encore plus la relation entre ce dernier et l'occupation de l'Algérie par la France. Un sujet de réflexion quand la Belgique connaît de nouveaux soubresauts.

Le territoire de l'actuelle Belgique a été gaulois, fut romanisé, puis soumis par les Francs. Au XVème siècle, il devint bourguignon, puis passa aux mains des Habsbourg en 1477, avant de tomber dans celles des Espagnols par le jeu des héritages. Anglais, Néerlandais, Allemands et Français se disputèrent aussi ce terroir. La Révolution française, à partir de 1795, puis l'Empire l'annexent. Mais, avec l'effondrement de ce dernier, en 1814, il devient à nouveau une pomme de discorde.

Talleyrand avait de grands projets pour la France. Il s'était cependant convaincu de la quasi impossibilité de nous étendre à l'intérieur de l'Europe sans provoquer des conflits en chaîne. Très tôt, il tourna les yeux vers le sud de la Méditerranée.

En 1801, sous le Consulat, il avait commandé la rédaction d'un mémoire pour évoquer l'éventualité du " débarquement d'une armée de terre contre Alger ". Sept ans plus tard, il obtint de Napoléon d'envoyer une mission d'espionnage pour reconnaître un possible lieu d'accostage. La plage de Sidi-Ferruch fut choisie.

Talleyrand voyait dans la future Algérie un territoire à mettre en valeur, peu peuplé et d'accès facile par la mer. Il décida de l'offrir à la France. Pour cela, il travailla à envenimer le différend entre Paris et Alger, à propos d'une dette due par notre pays depuis la Révolution.

Puis, en 1815, sous la Restauration, à nouveau ministre des Affaires étrangères, il dépêcha à Alger un consul, Pierre Deval. Quelle était la mission de celui-ci ? On remarque qu'assez peu diplomatiquement, il multiplia insolences et provocations à l'égard du dey.

Après la seconde restauration (juillet 1815), Talleyrand fut mis à l'écart. Il n'en continua pas moins, dans l'ombre et à ses frais, d'oeuvrer pour la France.

En 1827, Deval sévit toujours à Alger. Le 29 avril, il obtient enfin ce qu'il semblait attendre. A la suite d'une violente dispute, le dey le frappe de trois coups de chasse-mouche. La marine française entame alors le blocus d'Alger. Puis, le 14 juin 1830, nos troupes débarquent à Sidi-Ferruch.

Certes, les autres pays européens sont d'abord favorables à une attaque française qui éradique la menace barbaresque contre leurs bateaux en Méditerranée. Mais ils craignent aussi que la France ne devienne trop puissante.

Or à la même époque, justement, le 4 novembre 1830, s'ouvre entre les principales puissances européennes la conférence de Londres. Cette dernière doit régler le sort du territoire compris entre les Pays-Bas et la France.

Deux propositions s'affrontent. La première veut partager cette région entre ces deux pays. La seconde consiste à créer un nouvel État.

On voit encore l'habileté de Talleyrand. Il a soutenu la révolution de juillet 1830 et l'accession au trône de Louis-Philippe. Celui-ci, arrivé au pouvoir, le rusé se fait nommer ambassadeur à Londres, pour participer aux négociations.

Là, en échange de l'abandon des prétentions de la France sur le territoire belge, sur la Wallonie en fait, il obtient la reconnaissance tacite de la souveraineté française sur l'Algérie.

Avec le recul de l'Histoire, on peut penser que Talleyrand a eu tort. A moins que nos chefs politiques n'aient pas été à la hauteur du rêve d'un homme, qui avait consacré sa vie à la grandeur de la France.

Jean Isnard

Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001
www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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