ennemi du jacobinisme |
Les éditions de Chiré
viennent de rééditer « Mémoires
pour servir à l’histoire du jacobinisme »,
de l’abbé Augustin Barruel (1741-1820). Prêtre
jésuite, il fuira la Terreur arrivée à son
point culminant et trouvera refuge à Londres. Sa vie sera
alors consacrée à la critique d’une révolution,
bien qu’il fût en faveur de la démocratie allant
jusqu’à amputer son nom, Augustin de Barruel, de
sa particule. On ne peut faire mine d’ignorer les écrits
de cet homme, se contentant, avec mépris, de voir en lui
le premier des « complotistes », l’inspirateur
des « obsédés de la théorie du
complot ». Parce qu’il est un témoin, on
ne pourra pas réduire à l’état de pure
invention ce qu’il a dit de la franc-maçonnerie qu’il
accuse Augustin de Barruel est né le 2 octobre 1741 à Villeneuve-de-Berg, dans l’actuel département de l’Ardèche. Il entre en 1756 dans l’ordre des jésuites. Mais en 1764, il va connaître sa première grande épreuve : suite à un vote du Parlement de Paris, Louis XV se voit obligé de promulguer un décret qui interdit la Compagnie de Jésus et confisque ses biens en France (1). Barruel s’enfuit en Pologne, puis en Bohême, y termine ses études de théologie et s’y fait ordonner prêtre en 1768. Il revient en France comme précepteur des enfants d’une famille d’aristocrates slovaques. Puis, de 1774 à 1777, il sert dans les mêmes fonctions auprès de François-Xavier de Saxe, maréchal de France et lié par le sang à la maison royale. Devenu abbé par décret, il gagne en réalité sa vie en louant ses services en tant que précepteur. Surtout, il écrit, exerçant sa verve contre la nouvelle philosophie qui prépare la voie à la Révolution. Cependant, en 1792, son opposition active à la prestation de serment des membres du clergé à la Constitution l’oblige à repartir en exil. Il trouve refuge à Londres, chez le philosophe Edmund Burke, un franc-maçon pourtant, et donc en principe un adversaire pour Barruel qui dénonce les menées maçonniques contre l’Église. Burke ira même jusqu’à complimenter son hôte à propos de ses « Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme ». Barruel y est pourtant sans concession. Il dit que les illuminatis de Bavière (2), une secte secrète inspirée par les Lumières, ont infiltré la franc maçonnerie, pour renverser les pouvoirs en place et asservir toute l’humanité. Il voit dans la Révolution le résultat d’un complot ourdi par les francs maçons et certains protestants et non pas, comme le veut la doxa républicaine, un soulèvement spontané du peuple. Oserons-nous dire sa thèse méritant une réflexion approfondie. Barruel rentre en France à l’issue du 18 brumaire, date du coup d’État de Bonaparte. Il célèbre le régime du Concordat qui restaure les relations avec le Vatican mais se retrouve en prison en 1811 ayant pris position pour le pape dans le différend qui opposait ce dernier à Napoléon. En 1814, il voit l’aboutissement de sa vie : la restauration de la Compagnie de Jésus lui permet l’année suivante de retrouver sa place parmi les jésuites. Jean Isnard
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