HISTOIRE
La Boudeuse

Louis Antoine de Bougainville est né le 11 novembre 1729 à Paris. Élève doué, il poursuit des études de mathématiques et de droit. Devenu avocat auprès du Parlement de Paris, il publie un « Traité de calcul intégral ». Puis, en 1754, il part à Londres pour servir comme secrétaire d’Ambassade. Il a cependant besoin d’action. Avec le soutien de la marquise de Pompadour, il se fait nommer aide de camp de Montcalm et, en 1756, le suit au Canada avec le grade de capitaine des dragons. En 1757, il participe à la prise aux Anglais de fort William Henry. Vaine victoire puisque, faute de soutien de la métropole, les forces françaises et leurs alliés indiens seront vaincus en 1760, après la destruction à 80% de la ville de Québec, en septembre 1759. Montcalm, mortellement blessé au combat, aura donné sa vie pour rien. Trois ans plus tard, Louis XV envoie Bougainville coloniser les îles Malouines. Mais, nouvelle déception, le roi cédera face aux revendications espagnoles et leur abandonnera l’archipel. Les Anglais finiront, là encore, par s’emparer de ce territoire et lui donneront le nom de Falklands. 

En 1766, Louis XV charge Bougainville « de reconnaître les terres australes et de prendre possession de celles qui pourraient contribuer à l’avancement de la navigation et du commerce et par cela même au bien de la Nation ».

Il largue les amarres à Brest le 5 décembre 1766 à bord de la frégate « La Boudeuse ». « L’Étoile », un navire de transport parti de Rochefort, le rejoindra à Rio de Janeiro quelques mois plus tard.

Bougainville va effectuer un tour du monde, menant du même coup une vaste exploration des terres qu’il touche. Il est accompagné d’un astronome, d’un naturaliste et d’un dessinateur pour l’assister sur le plan scientifique.

Il cingle d’abord vers les rivages d’Amérique du Sud et atteint Montevideo, petit port qui sort de l’anonymat grâce au commerce de la laine. Mais il faut avaler une pilule amère. Il doit rejoindre les Malouines que, sur ordre du roi, le 1er avril 1767, il remet aux Espagnols.

Remontant vers le nord jusqu’à Rio de Janeiro, sous domination portugaise, il met ensuite le cap vers le sud, longeant la côte. Puis il franchit le sud du continent en suivant le chenal naturel du détroit de Magellan.

Il bascule alors dans l’Océan Pacifique, explore l’archipel des Tuamotu et mouille dans l’île de Tahiti. Quelques semaines plus tard, il aborde une île de l’archipel des Salomon aujourd’hui rattachée à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à laquelle il donne son nom.

Puis il découvre nombre d’îles de l’archipel des Samoa et aborde le futur Vanuatu, à quelques centaines de kilomètres au nord de la Nouvelle Calédonie. Il traversera ensuite les Moluques, puis le détroit séparant Sumatra de Java. Touchant l’Île de France, future Île Maurice, il doublera le Cap Bonne Espérance pour remonter plein nord sur la France.

Il arrivera à Saint-Malo, le 16 mars 1769, aux commandes de « La Boudeuse ». Deux ans plus tard, il publie « Description d’un voyage autour du monde ». En outre, les observations des moeurs des populations indigènes ou de la vie animale et les échantillons botaniques, enrichissent le savoir de l’époque.

Pourtant, quand il forme le projet d’une expédition au pôle Nord, Loménie de Brienne, chef du Conseil royal des finances de Louis XVI, lui refuse les fonds.

En revanche, Napoléon 1er comblera Bougainville d’honneur, l’élevant aux rangs de sénateur et de comte d’Empire.

Alain Chevalérias

Patrice Franceschi
et la nouvelle
« Boudeuse »

Né en 1954, Patrice Franceschi, aventurier au grand coeur et écrivain, a racheté un trois-mâts suédois, qu’il a rebaptisé « La Boudeuse ». Certes en souvenir de la jonque sur laquelle il a navigué plusieurs années, mais surtout de la frégate de Bougainville.

Le 7 janvier 2009, il recevait une lettre de mission de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie et du développement durable pour se pencher sur les problématiques liées au Grenelle de la Mer. En octobre 2009 « La Boudeuse » larguait les amarres. En décembre, Franceschi avait épuisé ses réserves. Attendant l’argent du ministère, il s’endettait. Le 2 juin, à Caracas, il se voyait contraint de mettre fin à la mission.

Borloo a bien promis un financement de 500 000 €, confirmé la dernière fois le 7 janvier 2010 par lettre. Mais rien n’est arrivé... et rien n’arrivera.

Borloo, aurait pu choisir la position de Napoléon à l’égard de Bougainville. Il a préféré, comme Louis XV au Canada ou aux Malouines, reniant sa parole, réduire à néant les efforts de Français qui travaillent pour la France. Pire, comme Loménie de Brienne, il montre qu’il ne sait pas investir sur l’avenir.

Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001
www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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