HISTOIRE

BRETTON WOODS
ou le triomphe de l'Amérique

Dans " Le Monde " du 31 octobre 2008, Dominique Strauss-Kahn, toujours brillant, du moins jusqu'au démenti de ses propos, se pavanait devant le journaliste Alain Faujas auquel il annonçait : " Je proposerai au G20 un plan de nouvelle gouvernance mondiale ". A Washington, réunissant à la mi-novembre les 20 pays les plus riches de la planète, le G20 n'a pourtant émis qu'un pet de lapin. " Le Figaro ", déguisant mal l'échec, titrait le 17 novembre 2008: " Le G20 prône la relance par tous les moyens ". Était-il bien nécessaire de faire cette onéreuse réunion pour une conclusion aussi plate ? Quant à Strauss-Khan, il est retourné à ses habitudes d'homme finissant, réduit à se contenter de paraître devant une cour de secrétaires et d'obligés. Il n'était pourtant pas le seul à avoir promis la lune. Avide d'une part de gloire, Sarkozy s'était fait passé pour le deus ex-machina agissant auprès de George W. Bush pour le décider à convoquer le G20. Quant aux esprits chagrins du passé et de la toute-puissance de l'Amérique, contre les sortilèges de la crise, ils invoquaient comme le meilleur des gris-gris l'esprit de Bretton Woods. Mais qu'était donc Bretton Woods ?

Tout avait commencé en 1929. Entre le 22 octobre et le 13 novembre les cotations perdaient 39%. De 1930 à 1932,l'effondrement se précipitait. On voyait nombre d'actions tomber à moins de 90% de leur valeur.

Cause avouée de la crise financière, s'appuyant sur la croissance économique en forte hausse depuis 1920, la " bulle spéculative qui s'était formée à partir de 1927 ", confessent les spécialistes. Cette année là, le ver est entré dans le fruit, quand la loi a permis d'acheter des actions à crédit, en ne versant que 10% de leur valeur.

Cette pratique provoquait l'effondrement de l'économie, ruinait les petits et moyens épargnants, réduisait des millions de gens au chômage. Il faudra attendre 1941, avec l'entrée en guerre des États-Unis, pour voir le pays se redresser. Mais ce n'est qu'en 1954, que la Bourse de New York dépassera les cotations affichées à la veille de la crise de 1929.

La crise, puis la guerre auront bien rendu service aux grands investisseurs. Si les Goldman Sachs, J.P. Morgan, Lehman Brothers ou Rockefeller perdent dans un premier temps, ils seront à la fin les principaux bénéficiaires de la crise et de la guerre. Difficile de croire que leur présence parmi les acteurs de la débâcle de 2008 est un pur hasard.

En outre, les États-Unis, en tant que pays, sortent très enrichis de la Deuxième Guerre mondiale. Ils sont devenus les producteurs de la moitié du charbon et des deux tiers du pétrole consommés dans le monde. Ils fabriquent en nombre voitures, bateaux, armes et avions. De plus, ils détiennent 80% des réserves d'or de la planète.

Autant pour assurer leur position dominante, que pour ramener la confiance érodée par le crack de 1929, ils organisent en 1944 une conférence des pays alliés. C'est Bretton Woods.

Deux institutions sont alors créées, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI), chargés de surveiller la politique monétaire des États et de fournir des liquidités aux pays en crise. Décision importante, le dollar devient la référence monétaire. En d'autres termes, toutes les monnaies sont estimées par rapport à la devise américaine qui, elle-même, est la seule à se voir définie par rapport à l'or. Ainsi, pour une once d'or, compte-t-on 35 dollars.

Le système suppose néanmoins que les États-Unis maintiennent la parité entre l'or et le dollar, faute de quoi, l'inflation gagnant leur pays, le reste du monde en faisant les frais. Indirectement, alors, les autres pays compensent, par leur travail, la différence entre la valeur réelle et la valeur officielle du dollar dans les autres monnaies.

En 1971, l'Allemagne Fédérale provoque l'effondrement du système, en réclamant l'échange de ses dollars contre de l'or. Affolé à l'idée de perdre ses réserves, Washington suspend la convertibilité du dollar. En revanche, la Banque Mondiale et le FMI perdurent

A la différence de l'après-guerre, aujourd'hui, les États-Unis sortent affaiblis par la crise et leur aventure en Irak. Plus grave pour eux, ils ne sont plus les principaux fournisseurs de la planète. Résultat, Bush ou Obama sont incapables d'imposer un nouveau Bretton Woods. Nous nous retrouvons dans un monde multipolaire. A moins, que les mondialistes ne parviennent à nous imposer leur gouvernance.

Jean Isnard

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
Retour Menu
Retour Page d'Accueil