13 mai
1958 : Giraud : «
La foule sempare du Gouvernement général,
siège du pouvoir à Alger. Sensuit la formation
dun Comité de salut public présidé
par le général Massu (qui) lance un appel au général
De Gaulle pour constituer un gouvernement de salut public
».
15 mai : Devant la foule à Alger, le général
Salan conclut son discours par les mots : « Vive la
France ! Vive lAlgérie française ! »
et « Vive le général De Gaulle ! »
1er juin : De Gaulle devient président du conseil.
4 juin : Giraud : « À Alger, sur le Forum,
faisant sien lélan du 13 mai et proclamant haut
et fort la souveraineté française sur lAlgérie,
De Gaulle déclare : « Je vous ai compris »
». Cest la liesse. « Au soir, au Palais
dÉté, De Gaulle demande au général
Alain de Boissieu (son gendre) : « Alors quen
pensez-vous ? Est-ce que je ne me suis pas trop engagé
? » » Ce qui prouve, quau mieux, le nouveau
président du conseil louvoie.
6 juin : A Mostaganem, De Gaulle ose pourtant dire à
la fin de son discours devant une majorité de musulmans
: « Vive lAlgérie... française !
» Mais, étrangement, cette intervention ne figure
pas parmi les discours officiels. A-t-il dit alors un mot de
trop ?
1er juillet : À nouveau en Algérie, De Gaulle
« reçoit plusieurs personnalités musulmanes.
Il confère aussi avec Massu, nommé préfet
dAlger, mais il refuse daccorder à une délégation
du Comité de salut public, dont font pourtant partie deux
de ses fidèles, Léon Delbecque et Lucien Neurwirth,
laudience sollicitée », dit Giraud.
13 juillet : Dans un discours aux Français, De
Gaulle dit vouloir bâtir une Communauté française
formée de ses territoires et colonies. « La place
de lAlgérie, si chère et si déchirée,
est marquée dans cet ensemble, et cest une place
de choix », affirme-t-il. Comme le remarque Giraud
: « Une place de choix non pas dans la France proprement
dite, mais dans une Communauté dallure fédérale
».
25 août : De Gaulle dit à Jean Mauriac :
« La Communauté française cest de
la foutaise ! Ces gens-là vont à lindépendance.
A peine rentrés dans la Communauté, ils nauront
quune idée, cest den sortir... »
On lui prête le mot, selon Giraud, davoir osé
: « Cest pour lAlgérie que je fais
la Communauté ».
28 septembre : Pourtant, au référendum,
« la population musulmane se déplace en masse
: 82% des électeurs dAlgérie participent
au vote. Le résultat est sans appel : 3 357 763 oui, contre
118 631 non ». À ce moment, les musulmans dAlgérie
veulent rester français.
21 décembre : De Gaulle est élu Président
de la République.
5 mars 1959 : De Gaulle dit à Alain Peyrefitte
: « LAlgérie française est une fichaise
et ceux qui préconisent lintégration sont
des jean-foutre (...) Quon ne se raconte pas dhistoire
! Les musulmans, vous êtes allé les voir ? Vous
les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas
? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français !
»
25 mars : Le général Allard rapporte son
message de De Gaulle aux Pieds Noirs : « Vous pouvez
leur dire que jamais nous ne négocierons, que jamais la
France ne les abandonnera ».
27 août : De Gaulle dit à Jean Mauriac, «
Voilà ce que je leur propose : je leur donne lindépendance
sils la veulent ».
16 septembre : De Gaulle annonce un nouveau référendum.
Il propose la sécession, la francisation ou lassociation
à la France. Il ne parle pas dintégration.
Cest une manipulation pour se débarrasser de lAlgérie.
Giraud : « Lorateur utilise à dessein le
terme de francisation dans lequel les musulmans ne peuvent que
voir lobligation de renoncer au statut coranique, alors
que lintégration, qui préserve le statut
personnel islamique, ne heurte pas leurs sentiments religieux
».
On connaît la suite et les drames que la décision
de De Gaulle va produire.
Jean Isnard
(1)« Chronologie dune tragédie
gaullienne, Algérie : 13 mai 1958, 5 juillet 1962 »
édité par Michalon en juin 2012. 320 pages, 20
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