HISTOIRE
L’Empire assyrien

avril 2015

Le 5 mars 2015 restera une date inscrite dans la mémoire collective.
Ce jour-là, une semaine après la mise à sac du musée de Mossoul, les hommes de Daech (le prétendu État islamique) saccageaient les statues et les murs de Nimroud, antique cité assyrienne. S’attaquant au site de Nimroud, c’est sans doute aussi le mythe auquel ils s’en prenaient, celui d’un homme portant le même nom, qui aurait défié la puissance divine et fondé l’Empire assyrien, le premier de l’histoire de l’humanité. Dans la statuaire spectaculaire de cette époque, avec leurs yeux de fanatiques, ils voient aussi de faux dieux, arrivant jusqu’à nos jours avec leurs pouvoirs occultes. Il y a chez ces gens une dimension donquichottesque qui ne les rend pourtant pas romantiques.

Nimroud, évoqué dans la Bible, est supposé un descendant de Noé. Il jouait, pour les Assyriens, le rôle mythique d’ancêtre fondateur. L’empire assyrien à proprement dit dure du Xe siècle av. JC à 612 av. JC. Sous le règne d’Assurbanipal, il s’étend du Golfe arabo-persique à l’Égypte, remontant au nord jusqu’à l’actuelle Turquie. Cet empire se nourrit de la civilisation sumérienne, qui brilla de 3200 à 2000, et précède l’Empire achéménide des Perses (VIe siècle au IVe siècle) qui sera suivi par celui d’Alexandre le Grand au IVe siècle.

Historiquement, tout commence par la naissance et le développement de la cité d’Assur, le dieu local, dont l’Assyrie tire son nom. Il ne s’agit alors que d’une cité-État. Profitant de sa position géographique, sur le fleuve Tigre et au carrefour des routes de la Mésopotamie, du Levant et du plateau anatolien, elle se livre au commerce et s’enrichit. Politiquement, elle est encore insignifiante et sera souvent dominé par les maîtres de la basse Mésopotamie.

On est alors tenté de parler de démocratie pour désigner la société d’Assur : si le roi détient le pouvoir par décision divine, il doit le partager avec une oligarchie de notables, le conseil de la ville, dont le bâtiment consacré aux réunions jouit d’une prééminence hiérarchique sur le palais royal.

Au XIVe siècle, cependant, on voit Assur prendre de l’importance. Elle s’affranchit de la dernière domination, celle du royaume du Mitanni (1) et son roi se déclare « grand roi » (2) dans une lettre adressée aux souverains de l’époque, s’affirmant ainsi leur égal. Puis il s’empare de la cité voisine de Ninive, qui deviendra la capitale, et d’une partie du Mitanni. Au plus grand de son extension, ce qui n’est encore que le royaume d’Assur, va s’emparer de Babylone et atteindre la Méditerranée.


L’empire assyrien à son apogée

Mais une nouvelle menace se lève, les Araméens. Nomades sémites(3), ils déferlent sur la région et forcent les Assyriens à se replier sur le coeur de leur domaine. Ils ont cependant le mérite de continuer d’exister alors que Babylone sombre dans l’anarchie.

Vers 911, cependant, le nouveau roi, Adad-Nerari II, parvient à repousser les Araméens, puis, lançant des offensives dans toutes les directions, reprend Babylone. Ses successeurs, poursuivant la reconquête, puis l’extension, créent le premier empire de l’humanité.

Celui-ci ne se développe cependant pas sans difficultés. Le pouvoir du roi s’est renforcé au détriment du fonctionnement démocratique évoqué plus haut. Les nobles, la classe guerrière, se sont considérablement enrichis mais certains d’entre eux aspirent à une plus grande indépendance. De plus, les peuples soumis et l’apparition d’un nouveau pouvoir, l’Urartu (4), menace l’hégémonie assyrienne et le pouvoir absolu du roi.
Sargon II et des héritiers sauront néanmoins maintenir la barre et donner à l’Empire une puissance jusqu’ici inégalée dans le monde.

Néanmoins, à la mort du roi Assurbanipal, en 627, deux de ses fils entrent en conflit pour le trône. Profitant de la situation, une alliance de Mèdes et de Babyloniens se forme.
En 612, avec la chute de Ninive face aux attaquants, l’Empire s’effondre brutalement. Si brutalement que sa disparition reste encore mytérieuse.

Les raisons de sa puissance passée en revanche s’expliquent : le pouvoir royal assyrien avait su allier un système politique fort et brutal à une armée d’une puissance remarquable, qui associait la mobilité, la discipline et le nombre.

Jean Isnard

Notes

(1) On sait peu de choses de ce royaume, dont le centre se situait au nord-est de la Syrie.
(2) Celle envoyée au souverain d’Égypte, Akhenaton a été découverte dans le site de Tell el Amarna.
(3) On peut les considérer comme les ancêtres des Arabes.
(4) L’Urartu est un royaume constitué au IXe siècle dans l’est de l’Anatolie par les ancêtres des Arméniens.

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