HISTOIRE

LA GÉORGIE
victime de sa géographie

Carte de la GéorgieAu mois d'août 2008, dans l'imaginaire collectif occidental, la Géorgie devenait l'exemple d'un petit pays menacé par la brutalité de la Russie. Placée dans le prolongement de l'Azerbaïdjan, elle forme, avec le territoire de son voisin, un couloir reliant la Mer Caspienne à la Mer Noire. Hier, sur l'axe de communication entre l'Orient et l'Occident, elle est aujourd'hui sur la route naturelle de l'acheminement des hydrocarbures de la Caspienne vers l'Europe. En clair, qui veut contrôler les échanges entre l'est et l'ouest, aujourd'hui les routes du pétrole et du gaz, se doit de tenir la Géorgie. A l'aube du XXIème siècle, les États-Unis et la Russie prennent le relais de la Perse et des Ottomans.

La Géorgie vient à l'Histoire partagée en deux entités, la Colchide, sous domination romaine à partir de 65 av. J.-C., et l'Ibérie *, qui passera sous protectorat perse au IIIème siècle.

Au Vème siècle, néanmoins, le roi Vakhtang Gorgaslani installe sa capitale à Tbilissi et, parvenant à secouer le joug étranger, rend à la Géorgie sa souveraineté nationale. Pas pour longtemps car les Perses, sous Khosrô 1er, reprennent le pays et le garde sous leur autorité jusqu'à l'expansion arabo-musulmane vers 650.

Au IXème siècle, cependant, forte de son identité et confortée par son christianisme adopté depuis le IIIème siècle, la Géorgie retrouve son indépendance sous la dynastie des Bagratides. Au XIème siècle, les Turcs Seldjoukides, convertis à l'islam, tentent de s'emparer du pays mais sont repoussés.

Sous le règne de Georges III, puis de la reine Thamar, la Géorgie se développe. Elle se dote d'institutions et renforce son église. Les villes se développent et, venant de l'Inde pour passer par Tbilissi, la fréquentation de la route caravanière augmente. Mais, à partir de 1220, et ce jusqu'à l'aube du XVème siècle, les Mongols, arrivant de la Perse qu'ils subjuguent, ravagent le pays.

Si, de 1412 à 1442, la Géorgie retrouve son unité et renoue avec la prospérité, en 1453, la prise de Constantinople par les Turcs l'isole. Elle se voit désormais acculée, face à deux puissances musulmanes, la Perse et l'Empire ottoman. A nouveau elle est déchirée par l'appétit des puissances. En 1510, les Turcs attaquent Koutaissi puis en 1578 Tbilissi. Le Chah d'Iran, Abbas 1er, les chasse mais pour envoyer des milliers de chrétiens géorgiens en déportation.

Si quelques régions restent indépendantes sous l'autorité de seigneurs féodaux, la Géorgie orientale est dominée par les Perses quand le sud-ouest passe sous influence ottomane.

Injuste pour la Géorgie, cet équilibre précaire ne dure pas. À partir de 1722, l'affaiblissement de l'Empire perse, permet une nouvelle invasion ottomane. Le roi géorgien, Vakhtang VI, est chassé de Tbilissi par les agresseurs.
Cependant, au nord, surgie des steppes, une nouvelle puissance émerge, la Russie. Comme la Géorgie, elle est chrétienne et orthodoxe. Vakhtang VI sollicite l'aide de Pierre le Grand. Ce dernier vient de se proclamer empereur de Russie. Craint-il d'entamer une nouvelle guerre quand, voyant arriver la fin de sa vie, il réorganise la société russe ? Il ne répond pas à l'appel et laisse le chemin libre à la Perse.

Mais, la passivité russe ne dure pas. À la suite d'une nouvelle demande d'aide géorgienne, en 1783, Catherine II de Russie signe le traité de Gueorguïevsk. Ce dernier établit la suzeraineté russe sur la Géorgie en échange de la garantie, par l'empire des tsars, de son indépendance et de son intégrité territoriale. Mais, en 1795, la Russie laisse la Perse mettre Tbilissi à sac. Ce qui n'empêchera pas le tsar Alexandre 1er, en 1801, d'annexer le pays.

La Géorgie jouira brièvement de sa souveraineté de 1918 à 1921, avant d'être à nouveau soumise par l'Armée rouge. Il lui faudra attendre le 9 avril 1991, profitant de l'effondrement de l'URSS, pour retrouver son indépendance. On sent néanmoins la malédiction des grandes puissances continuer de peser sur elle.


Jean Isnard

Note

* Il semble qu'il n'existe pas de relation entre le mot Ibérie, désignant une partie de la Géorgie, et celui utilisé à propos de l'Espagne.

Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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