HISTOIRE

MADAGASCAR L’INSOUMISE

Le 17 mars 2009, Marc Ravalomanana, Président de la République de Madagascar depuis 2001. Pendant quelques heures, afin d’assurer un semblant de légalité, un directoire militaire assume les fonctions présidentielles. Puis ce dernier remet le pouvoir à Andry Rajoelina, maire de la capitale, Tananarive, et leader d’un mouvement de contestation populaire qui secoue le pays depuis décembre 2008.
Histoire d’un peuple plein de ressources mais difficile à gouverner.

À peine plus grande que la France, l’île de Madagascar est séparée de l’Afrique par le canal du Mozambique, un passage large de 390 kilomètres. On situe son premier peuplement humain seulement aux environs de l’an mille après J.-C.

Si l’on compte 18 groupes tribaux, il est difficile d’établir un classement racial en raison d’un intense mixage entre composantes asiatiques et africaines. De cet ensemble émerge cependant une certaine unité linguistique, grâce à la langue malgache, d’essence indonésienne, mais enrichie de vocabulaire bantou.

Les navigateurs s’intéressent à l’Île Rouge, comme on l’appelle, dès le XVIème siècle, avec les Portugais, les Hollandais, puis les Britanniques. Les Français s’établissent une première fois en 1642 et fondent Fort Dauphin. Mais le jour de Noël 1672, la moitié de la garnison de la ville est massacrée au cours d’une rébellion et l’autre moitié s’enfuit vers l’Île Bourbon.(Aujourd’hui l’Île de la Réunion).

Ces premiers contacts avec le monde européen font prendre conscience à certains que les temps ont changé. Un chef d’ethnie mérina, la plus importante et la plus entreprenante, décide d’unir les populations et de fonder un royaume s’étendant sur toute l’île.Quant il meurt,en 1810, son fils , Radama 1er,réalise ce voeu et, en quête de modernisation, ouvre son pays à l’influence européenne. Les premiers missionnaires arrivent de Londres. Mais en 1828, la reine Ranavalona 1ère, monte sur le trône. Elle dénonce les traités passés avec Londres, persécute les religieux et impose aux étrangers le statut malgache. En dépit de cette relative fermeture, les monarques malgaches s’inspirent de l’Occident et, abandonnant la case ancestrale, se font construire un palais qui domine encore Tananarive.

En 1885, la France, l’emportant sur la Grande-Bretagne, finit par imposer son protectorat au pays, avant de le transformer en colonie dix ans plus tard. Le général Gallieni, premier gouverneur de l’île, arrive en 1896. Chargé de la « pacification », il abolit la monarchie et exile la reine. Puis il donne une structure économique à l’île et favorise son développement.

Néanmoins, plusieurs révoltes éclatent, matées dans le sang : de 1896 à 1910 et en 1915. Les 29 et 30 mars 1947, en raison d’un nouveau soulèvement, l’immunité parlementaire de trois députés malgaches est levée. En 1950, fuyant la répression, des révoltés se terrent encore dans la forêt où ils meurent de faim. On compte plusieurs milliers de morts, pour la plupart malgaches. C’est une page noire de l’histoire coloniale française.

Le 26 juin 1960, l’île obtient son indépendance. Soutenu par la France, Philibert Tsiranana devient Président. Mais, à l’instigation du parti d’opposition, le MONIMA, une révolte éclate en avril 1971. Tsiranana est bien réélu en janvier 1972, mais quatre mois plus tard, des émeutes éclatent à Tananarive. Le Président confie le pouvoir au général Gabriel Ramanantsoa qui, confronté à la pression de la rue, démissionne à son tour le 5 février 1975. Son successeur sera assassiné une semaine plus tard.

Le capitaine de frégate Didier Ratsiraka finit par être nommé à la tête du pays. Il s’aligne sur Moscou, pond son « Petit livre rouge » et invente « la voie socialiste du développement ». Après dix ans de dégâts infligés au pays, Ratsiraka est néanmoins obligé de renouer avec une certaine dose de libéralisme. En 1992, il est forcé au départ, mais à nouveau élu en 1996.

En 2001, préfigurant la situation de 2009, alors maire de Tananarive et l’une des plus grosses fortunes de Madagascar, Ravalomanana remporte les élections présidentielles dans des conditions contestées. A son tour sur la sellette, réélu cependant en décembre 2006, il est accusé par l’opposition de profiter de sa position pour s’accaparer les secteurs économiques profitables.

Le nouveau maire de Tananarive, Rajoelina, mène la danse. Ravalomanana confisque certaines prérogatives de la ville pour réduire le pouvoir de son concurrent. Celui-ci pousse la foule dans la rue. Le Président, acculé, démissionne, l’armée refusant de tirer sur la foule. Rajoelina est alors nommé Président par le directoire militaire qui exerce le pouvoir à titre transitoire.

Agé de 34 ans, Rajoelina a cependant les dents longues. Il fait front à l’opinion internationale énervée par cette manière cavalière de prendre le pouvoir et, sans complexe, annonce que les élections présidentielles n’auront pas lieu avant deux ans.


Jean Isnard

Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001
www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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