Le Niger |
Le Niger, État africain francophone, sétend au sud du Sahara sur 1 267 000 km2. Presque deux fois et demie la superficie de la France pour sa partie métropolitaine. Avec une population de près de 16 millions dhabitants, il est néanmoins lun des pays les plus pauvres de la planète. |
À partir
de la seconde moitié du 3ème millénaire
avant Jésus-Christ, jusque-là humide et giboyeux,
le Sahara sassèche progressivement. Les populations
de type négroïde et les pasteurs peuls refluent vers
le sud à la recherche de leau (1). Au sein de la matrice africaine, lHistoire place le futur Niger au carrefour de plusieurs influences. Dans la périphérie du lac Tchad, à lest, le royaume du Kanem, fondé au IXème siècle de notre ère par les Arabes et les Berbères venus du nord. A louest, le royaume de Koukia, créé par dautres arabo-Berbères sur le fleuve Niger, dans lactuel Mali. Enfin, au sud, les Haoussas, centrés sur lactuel Nigeria. Au Kanem et à Koukia, les populations de race noire finissent par ravir le pouvoir aux arabo-Berbères en même temps que les dirigeants se convertissent à lislam des anciens maîtres. L'Empire soghaï, du Sénégal au Niger Le royaume de Koukia va connaître un destin remarquable avec la naissance de lempire Songhaï, fondé par Sonni Ali, au XVème siècle. Celui-ci lutte contre lislamisation. Cest pourtant en sappuyant sur lislam que son successeur, Mohamed Askia, parvient à unifier ses possessions à travers un espace qui va du Nigeria à Agadès et du Sénégal à Zinder au Niger. Mais en 1591, les Marocains attaquent, à Tondibi, pour prendre le contrôle des routes des esclaves, et détruisent lempire qui se divise en petites principautés. Au XIXème siècle, un nouvel empire va surgir. Ousmane Dan Fodio, un prêcheur peul, au nom dun islam intransigeant part en guerre sainte contre les Haoussas « infidèles » ou trop tièdes musulmans à ses yeux. Son domaine, centré sur Sokoto, couvre la moitié du Nigeria et du Niger pour aller au sud jusquau Cameroun. Mais dautres conquérants apparaissent dans la région : les Européens. En 1806, lAnglais Mungo Park a descendu le fleuve Niger. En 1824, son compatriote Hugh Clapperton pénètre dans lempire dOusmane Dan Fodio et meurt à Sokoto en 1827. Ils sont suivis quelques années plus tard par le Français Charles Monteil et à la fin du XIXème siècle, notre pays occupe la région de Zinder. Enfin, en 1904 et 1906, nous délimitons la frontière avec les Britanniques et à partir de 1911, nous créons le Niger et lérigeons en colonie en 1922. Mais le découpage des États et la distribution de lAfrique entre pays européens a réduit à néant les routes caravanières reliant le Nigeria aux débouchés libyens et tunisiens. Au lendemain de la Grande Guerre, les Touaregs, principales victimes, mènent une rébellion durement matée. Pour le reste, administrant un pays pauvre, la France ne fera pas beaucoup pour lui. Le 3 août 1960, le Niger accède à lindépendance sous la direction de Diori Hamani, homme sage et simple, élu par le passé député à lAssemblée nationale française. Il entreprend une gestion prudente mais, dans lombre, son épouse, la belle Aïssa, intrigue et organise la corruption. Il a le tort de laisser faire et, dans la nuit du 14 au 15 avril 1974, il est renversé par le coup dÉtat du lt colonel Seyni Kountché. Celui-ci va prendre à bras le corps les malheurs du pays : la corruption et la famine causée par la sécheresse. Il améliore les approvisionnements en eau, renégocie le prix de luranium exploité par la France et consacre 20% du budget de lÉtat à léducation. Sous son régime, ferme mais droit, le pays se renforce. Ce militaire providentiel meurt dune tumeur au cerveau le 10 novembre 1987. Son chef détat-major, le colonel Ali Saibou, lui succède. Précédé dun gouvernement provisoire nommé en 1991, il favorise le retour des civils au pouvoir en 1993. Mais le pays a du mal à trouver sa voie. Les gouvernements civils se révèlent souvent corrompus et incompétents. Larmée interviendra à nouveau trois fois : au printemps 1996, en avril 1999 et le 18 février 2010. De plus, deux rébellions touarègues éclatent. La première se termine en 1995, la seconde sétale sur 2007 et 2008. Aujourdhui les civils sont revenus au pouvoir. Mieux, le Premier ministre, Brigi Rafini, appartient à lethnie touarègue. Lui reste à faire ses preuves, avec le Président Mahamadou Issoufou, quand le Niger traverse une nouvelle période de turbulences. Jean Isnard (1) Les désignations raciales sont forcément relatives, des métissages ayant eu lieu. Ainsi trouve-t-on, par exemple, aujourdhui des Touaregs noirs. Lappartenance culturelle est en fait le véritable marqueur. |
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