HISTOIRE

DE L’UKRAINE

avril 2010

On identifie mal l’Ukraine, ancienne République de l’Union Soviétique, confondue avec la Russie depuis le XVIIIème siècle. Elle jouit pourtant d’une identité propre, comme le prouve son indépendance retrouvée en 1991

Principalement occupée par des peuples indo-européens depuis des millénaires, la partie orientale de l’Europe, alors dominée par les peuples slaves, subit les assauts des Huns, de races turco-mongoles, à partir du IVème siècle après J-C. Ils seront suivis par les Khazars, les Petchenègues et les Polovtses, autres tribus asiatiques turque par le sang.

Jusque-là livrée à la domination des nomades, la région connaît le premier État digne de ce nom avec l’émergence de la principauté de Kiev, au IXème siècle, sous l’autorité des pirates-marchands vikings (1), qui assuraient la liaison par les fleuves entre les pays nordiques et les empires musulmans. Le jeune État va s’étendre des Carpates jusqu’à la mer de Barents, débouchant sur l’Océan glacial arctique. Il se donne au christianisme, dans sa forme byzantine, dès 988, sous le règne de Vladimir.

carte de l'Ukraine

A partir du XIIème siècle, cependant, l’État se désintègre petit à petit sous la pression des principautés avides d’indépendance. La première Russie, la « Rous’ de Kiev », s’effondre et, à partir de 1276, la principauté de Moscou s’identifie désormais à la Russie. Autour de son centre, Kiev, l’Ukraine va développer sa propre personnalité.

Plus exposés que les territoires de la Russie et de la Biélorussie actuelles, ceux qui entourent la capitale de l’Ukraine subissent de plein fouet la domination des Tatars Mongols aux XIIème et XIIIème siècles. Kiev est elle-même ravagée. Le foyer de civilisation slave et orthodoxe se replie alors à l’ouest, en Galicie, région qui tire son nom d’une ancienne occupation gauloise.

A partir du XIVème siècle, le territoire de la future Ukraine est l’enjeu de percées annexionnistes émanant du grand duché de Lituanie, qui va s’étendre jusqu’à la Mer noire, tandis que la Pologne prend le contrôle de la Galicie. Puis en 1385, l’union des couronnes polonaise et lituanienne, suscite le renforcement de la « polonisation » de l’ensemble de l’Ukraine.

Mais, entre 1500 et 1503, l’État moscovite s’empare de la région de Tchernigov. Pour un temps, l’Ukraine se voit partagée entre deux influences : à l’ouest la Pologne catholique qui permet l’installation de nombreuses communautés juives venues du nord, et à l’est la Russie moscovite. Cette double empreinte est encore visible aujourd’hui entre l’est, plus favorable à Moscou, et l’ouest, qui se veut proche de l’Occident européen.

Au XVIème siècle, les Cosaques, mi-bandits de grands chemins, mi-héros de légende, s’identifient à la nation ukrainienne, soutiennent les révoltes paysannes contre la Pologne et demandent la protection de Moscou. La Russie va alors annexer par étape tout le pays et tenter de réduire ses différences culturelles.

Résultat, en 1918, l’Ukraine s’allie à l’Allemagne. Si cette dernière est défaite, l’Union Soviétique ne soumettra le pays qu’en novembre 1920. La revanche est terrible : une fois repris le contrôle de l’Ukraine, en 1931 et 1933, Staline instrumentalise la famine pour punir la population. Au moins trois millions de personnes en meurent.

Aussi, en 1941, quand les Allemands entrent en Ukraine, ils sont d’abord reçus en libérateurs. Il faudra le racisme anti-slave des nazis pour retourner contre eux nombre d’Ukrainiens. Après la guerre, les Soviétiques devront néanmoins combattre les indépendantistes jusqu’en 1954.

Russes par l’histoire, le sang et la religion, les Ukrainiens se veulent aussi différents. Leur langue, proche mais non point semblable au russe des Moscovites, est le noeud gordien de ce paradoxe.

Jean Isnard

 

Note

(1) Cette vision de l’histoire est contestée par les Russes qui estiment le premier Etat kiévien purement slave.

Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001
www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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