HISTOIRE
La Libye

On ne connaît guère, en France, l’Histoire de la Libye. Les Français savent-ils même, qu’à la suite de la Deuxième Guerre mondiale, nous avons administré le sud du pays, la province du Fezzan.

On sait la Libye pays agricole dès le VIIIème millénaire avant notre ère. Le sud était alors occupé par une savane giboyeuse, peuplée de Berbères. Mais, à partir du second millénaire, l’assèchement gagnant progressivement le pays, seul le littoral restait cultivable, le sud se désertifiant.

Dès le VIIème siècle av. JC, les Grecs prirent pied en Cyrénaïque, la transformant en « grenier à blé ». Ils créèrent les villes de Barca, aujourd’hui Merj, et de Bérénice, devenue Benghazi. Mais en 106 av. JC, les Romains s’emparèrent de la Tripolitaine puis annexèrent la Cyrénaïque. Quatre siècles plus tard, ils donnèrent le nom de Libye à la région, avant que les deux provinces ne soient séparées, en 395 ap. JC, entre les empires romains d’Orient et d’Occident.

En 647, dans la foulée des invasions musulmanes, une armée arabe de 40 000 hommes soumit le pays à l’islam. A part la période des Aghlabides, une dynastie maghrébine (IXème siècle), au cours de laquelle on assista à la reconstruction des systèmes d’irrigation, la Cyrénaïque et la Tripolitaine ne se relevèrent jamais des destructions causées par les guerres. Si bien qu’au XVIème siècle, leur côte n’était plus que le refuge de pirates. Le pays, sous autorité nominale de l’empire turc, était soumis à la loi des janissaires. Puis en 1711, un officier de la cavalerie ottomane s’empara du pouvoir, fondant la dynastie des Karamanli.

Cependant, pour échapper aux pirates libyens, les pays occidentaux payaient un tribut. En 1801, Pacha Yousouf Karaman voulut augmenter celui des États-Unis. Ces derniers refusèrent et installèrent un blocus naval devant Tripoli. En 1815, ce premier conflit fut suivi d’une deuxième guerre, menée par les États d’Amérique contre l’ensemble des ports barbaresques d’Afrique du Nord.

Le 3 octobre 1911, enfin, les Italiens attaquèrent Tripoli et arrachèrent la Libye aux Ottomans, confirmant l’autorité de la côte sur l’arrière pays désertique, dont le Fezzan.

En 1843, cependant, Mohammad Al-Senoussi, prédicateur islamique né en Algérie, s’installait en Cyrénaïque, construisait la Zaouïa Al-Beïda (le monastère blanc), développait ses réseaux et fondait une confrérie. Avec l’éclatement de la Première Guerre mondiale, les sénousites combattirent les Italiens. Défait par ces derniers en 1916, leur chef, Ahmed Al-Senoussi, s’enfuit du pays.

Après la guerre, son successeur, Idris Al-Senoussi, fut reconnu émir de Cyrénaïque par les Italiens, à la suite du traité d’Az-Zawiatna, avant de recevoir le même titre de la population, pour la Tripolitaine. Mais les attaques des sénousites reprenant contre les Italiens, Idris, vaincu, dut à nouveau s’exiler.

Cependant, La Seconde Guerre mondiale éclatait. Les sénousites s’étant alignés sur les alliés, le 24 décembre 1951, Idris fut couronné roi de Libye, avec l’accord des Britanniques, devenus les maîtres de la Cyrénaïque et la Tripolitaine, quand la France occupait le Fezzan. Puis, à l’initiative des Nations Unies, la Libye était l’un des premiers pays à bénéficier de l’indépendance, le 24 décembre 1951.

Mais le 1er septembre 1969, un groupe de militaires conduit par le capitaine, bientôt colonel, Mouammar Kadhafi s’empare du pouvoir.

Né à Syrte, sur la côte, il appartient à une tribu berbère arabisée de Tripolitaine. Il s’inscrit naturellement dans une tradition de méfiance à l’égard de la Cyrénaïque et de mise à distance des sénousites, le tout panaché, surtout dans les premières années, d’alignement sur le nassérisme.

À son crédit, il cherchera à réduire la tension entre les tribus de l’ouest et de l’est du pays, en épousant en secondes noces, Safia Farkash, en 1970. Elle est en effet la soeur d’Abdallah Al-Senoussi, devenu depuis le chef des Renseignements militaires.

Fort de la manne pétrolière, il ne faut cependant pas oublier que Kadhafi a institué un système autoritaire, basé sur la répression, sous des apparences démagogiques. Il ne faut pas non plus oublier son soutien à certaines organisations terroristes, comme l’IRA, les attaques perpétrées contre des civils et, en septembre 1989, l’attentat contre un avion français d’UTA, qui fit 172 morts. Le pire reste les sévices infligés aux infirmières bulgares en 2007.

Ajoutée à sa volonté expansionnistes vers l’Afrique noire, la cruauté de Kadhafi lui aura fait tant d’ennemis, qu’en février 2011, quand éclate le soulèvement, beaucoup voient l’occasion de se venger.

Jean Isnard

Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001
www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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