novembre 2005
Le mercredi 9 novembre 2005, les élections législatives prenaient leur envol en Egypte. L'affaire se déroulera en quatre étapes, correspondant aux quatre régions électorales, et en cas de ballottage, en deux tours. Il faudra attendre le 7 décembre pour connaître les résultats définitifs. |
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En attendant ce discours et l'invite pressante des Etats-Unis auront-ils eu un effet sur la vie politique égyptienne ? Anticipant sur les résultats, " Al Ahram, " journal contrôlé par le gouvernement glorifiait " les élections législatives les plus libres en cinquante ans. " Certes, le pouvoir a laissé se constituer une alliance de l'opposition sous le nom de " Front national uni " avec le mouvement " Kefaya, " ça suffit en arabe. Surgi des limbes il y a quelques mois, Kefaya est parvenu à donner de la voix grâce à la stature de l'organisation des Frères musulmans. |
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Mais, là, il faut bien comprendre l'enjeu. L'Egypte est le coeur idéologique de l'islamisme moderne. Les Frères musulmans, organisation créée par un instituteur, du nom de Hassan Al-Banna, en 1929 sur les bords du canal de Suez, sont la matrice du " Hezb Al Tharir " (Parti de la libération), des " Gamaat islamiyya " ou du " Jihad islamique. " Ce dernier a assassiné Anouar Al Sadate en 1981 et l'on compte par dizaines les attentats commis au nom d'Allah sur les bords du Nil. Néanmoins, en tant qu'organisation, les Frères musulmans se démarquent de ces groupes jihadistes dont l'objectif est la prise du pouvoir par la force. Eux veulent s'emparer de l'Etat avec le soutien de l'opinion publique. Pour cela, ils s'installent dans la durée. Dénonçant la corruption, la pauvreté du peuple et les excès de la répression, ils se servent de la religion. " L'islam est la solution, " lisait-on sur les banderoles des candidats de la Confrérie. Nasser et Sadate, sont tous deux arrivés au sommet de l'Etat avec le soutien des Frères. Mais, Nasser et Sadate, comme aujourd'hui Moubarak, se sont toujours méfiés de la soif de pouvoir de la confrérie. Depuis la chute de la monarchie et l'avènement de la République en 1953, au moindre mouvement de foule, le gouvernement a multiplié les vagues d'emprisonnement des Frères. Alors, bien sûr, il y a motif à contester le caractère démocratique de l'Egypte. Dans ces conditions, on comprend Moubarak, dont le pays reçoit l'aide financière américaine la plus importante après Israël, craindre de perdre cette manne sans laquelle l'Etat ne pourrait plus boucler son budget. Résultat, sortant récemment d'un séjour de cinq mois à l'ombre, Issam Al-Aryane, un responsable de la Confrérie, admettait : " Nous étions habitués aux rafles avant les élections. Aujourd'hui aucun Frère n'est en prison. C'est une première historique. " Pas dupe pour autant, il ajoutait : " Le régime cherche à montrer bonne figure... " Certainement, mais dans le cadre de limites. Car, imaginons l'opposition menée par les Frères conquérant l'Assemblée nationale. Sauf à décréter la loi martiale, décision difficile dans le contexte mondial actuel, Moubarak ne pourrait plus gouverner le pays. Certes, le Président égyptien aurait beau rôle à dire aux Américains : " Voilà les résultats de votre démocratie... " Il n'en serait pas moins dépossédé.
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