L’armée française
« mondialisée »

juin 2010

En ce début d’année, le général Jacques Derenne (CR), ancien de l’armée de l’air, a assisté à deux tables rondes organisées par l’IHEDN (Institut des Hautes Études de la Défense Nationale). Au cours de la première, intitulée « Nouveau concept de l’OTAN », les orateurs s’interrogeaient sur l’évolution de la mission de l’organisation Atlantique. Pendant la seconde, sur l’« Approche globale », a été évoquée la question de l’intégration de l’ensemble des acteurs des opérations de restauration de la paix sous un même commandement.

On a alors entendu les intervenants prôner la mise sous tutelle des organisations humanitaires sous prétexte d’efficacité, suscitant le désaccord d’Antoine Gérard, du bureau de liaison des affaires humanitaires des Nations Unies.

Le général Derenne réagit pour sa part en soldat français. Il a compris l’OTAN nouvelle formule appelée à devenir « le club de la sécurité dans le monde » et « une force au service du développement et de la prospérité de la planète ». Quant à « l’approche globale », il constate qu’elle signifie « Tous aux ordres ! » des États-Unis.

« Les discussions, écrit Derenne, ont été, durant cette table ronde, d’ordre professionnel, s’efforçant de trouver les meilleurs solutions techniques ».

Et de poursuivre : « La vraie question, pour l’auditeur français était : quel est l’intérêt de la France dans cette aventure ? (...) Il n’en a jamais été question et les raisons se comprennent. Tant que le Politique ne traitera pas de la question, le Militaire en poste ne peut qu’exécuter en silence et se réfugier dans son professionnalisme pour soulager ses blessures profondes, tout en espérant des jours meilleurs ».

Amer, il continue : « Est-ce ainsi, noyée dans l’OTAN, qui s’élargit au monde, que la France peut défendre ses intérêts lorsqu’elle est complètement absorbée dans la coalition pour la mission de police de la planète ? (...) Notre drapeau disparaît dans l’aventure. Nos alliés traditionnels ne nous aperçoivent plus et nous ne sommes plus vus que sous l’habit uniforme de la police de Washington... »

Et de conclure : « Notre âme profonde, celle de la République française, de la France tout court, se dissout dans la culture militaire et les intérêts anglo-saxons, qui va jusqu’à nous dérober notre langue dans les états-majors et sur les terrains opérationnels. Qu’allons-nous faire dans cette galère où nous aliénons notre âme française ? »

Le général insiste pour remarquer cette approche contraire à la défense de nos intérêts bien compris dans le monde. On ne peut que l’approuver, en particulier en Afrique, quand on voit les États-Unis avancer en catimini, à partir de l’Ouganda et du Rwanda, pour nous chasser de la République Démocratique du Congo qui regorge de minerais. Voir : « Assaut américain sur les Grands Lacs ».

Les derniers mots de Derenne sonnent comme une vaine recommandation : « Nous devons, sans tarder, ressortir de l’OTAN et ne participer aux opérations de l’Alliance que lorsqu’elles correspondent aux intérêts nationaux ».

Du bon sens, certes ! Mais c’est justement, semble-t-il, ce qui nous manque le plus.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

Retour Menu
Retour Page Accueil