Derrière le joaillier Mauboussin, Gaydamak ?

janvier 2015

Un lecteur nous a rapporté une étrange information concernant le fameux joaillier Mauboussin et Arcady Gaydamak.

« Mon épouse et moi, écrit-il, étions invités par Mauboussin joaillier à une soirée de gala, le 22 novembre 2014 au Grand Hôtel de Paris. Surprise, le « patron » de Mauboussin est Gaydamak. Il a donné deux soirées, les 8 et 22 novembre. À chaque fois 250 couples. Détail cocasse, sur le menu figurait au dos en petites lettres rouges la mention Beth Din de Paris (1) » pour signifier le caractère cachère (casher) du repas.

L’information apparaît incroyable. En effet, Arcady Gaydamak est poursuivi par la justice française pour fraude fiscale et trafic d’armes. Comme nous l’avons déjà dit, faisant valoir sa judaïté, il a trouvé refuge en Israël. En droit, il ne peut donc pas être « le patron » d’une entreprise française. Nous avons fait une petite enquête.

Nous n’avons trouvé aucune mention du nom de Gaydamak dans les documents officiels relatifs à la société Mauboussin. En fait, on s’aperçoit que cette entreprise baigne aujourd’hui dans une certaine opacité nécessitant un petit retour dans le passé.

Le joaillier Mauboussin a été fondé par un homme du même nom en 1827. Ses descendants ont ouvert une boutique place Vendôme à Paris en 1955. Mais le dernier Mauboussin, Patrick, plus un artiste qu’un gestionnaire, menait mal ses affaires. De plus, en 1998, il perdit son plus gros client, le frère du sultan de Brunei, qui à lui seul couvrait les trois quarts de son chiffre d’affaires.

En déficit, acculé, sur les conseils de la BNP, en 2002, Mauboussin finit par céder son entreprise à Dominique Frémont, un homme d’affaire français qui a préféré le refuge fiscal de la Suisse. Frémont fit alors entrer un certain Alain Némarq dans l’affaire pour relancer la marque.

Là, l’opacité ne fait que se renforcer. Le nom de Frémont apparaît secondaire. En revanche, la « compagnie financière Nemarq et Co », dont Alain Nemarq est l’unique actionnaire, est déclarée mandataire de la société Mauboussin. Étrangement, Nemarq et Co ne dispose que d’un capital social de 5 000 € quand celui de Mauboussin s’élève à plus de 100 millions d’euros.

Nul nécessité d’être grand clerc pour comprendre que tout cela sent le montage ! Mais qui est Alain Nemarq ? Il le dit lui-même : « Mon père a survécu aux camps en Allemagne, ma mère a réussi à fuir la France à temps. Ils se sont revus après la guerre... » À l’âge de 16 ans, il milite dans un mouvement de jeunesse sioniste en France et se rend avec ses parents en Israël pour la première fois en 1971. Il y restera un an et apprendra l’hébreu. Son lien avec Israël ne se dissoudra jamais. Il l’entretiendra même en entrant chez Bidermann, un groupe de textile dirigé par Maurice Bidermann, né Zylberberg (2) et soutien financier déclaré de l’État hébreu (3).

Que Gaydamak se soit intéressé à la joaillerie n’a rien d’étonnant. La bourse des pierres de couleurs se trouve à Tel-Aviv et Israël est un centre important de négoce et de traitement des diamants. En outre, il faut savoir l’homme père de deux jeunes filles, Katia et Sonia, qui, par un heureux hasard, ont une société, Gaydamak Jewellery (Joaillerie Gaydamak).

Ces deux petites cachottières se montrent très discrètes sur leur célèbre père. Dans les interviews accordées à la presse, elles préfèrent parler de leur mère, autrefois « médecin en Russie », avec laquelle elles seraient venues en Europe de l’ouest.

Elles ne dissimulent pourtant pas toujours cette filiation. Pendant le dernier week-end de mai, son père a offert un somptueux mariage à Katia... en Israël. Elle épousait Raphaël Khalifa (aussi orthographié Rafael Kalifa), un Français de confession juive qui fait du « business » à Paris.

En attendant, autrefois joyau de la place Vendôme, Mauboussin a mis sur le marché un solitaire de série dit « grand public », moins cher et donc de moins bonne qualité que les produits habituels. Mais Alain Némaq a ouvert un magasin à Tel Aviv en 2013. L’honneur est sauf !

Nous nous étonnons que le fisc français, si habile pour détecter les petits fraudeurs, ne se soit pas intéressé à la société
« nouvelle » Mauboussin et Co.

Notes

(1) Le Beth Din de Paris est l’organe judiciaire créé par la communauté juive. Il fonctionne comme une cour d’arbitrage.
(2) Les Bidermann sont une famille juive polonaise passée par la Belgique. Maurice avait deux soeurs, dont l’une deviendra la chanteuse Régine. Tous les trois ont été sauvés des camps de la mort nazis par de généreux Français. Maurice, après le scandale Elf, dont il avait reçu indûment de l’argent, a organisé son insolvabilité puis s’est installé fiscalement au Maroc. Il a été condamné en France à trois ans d’emprisonnement, au paiement de 19 millions d’euros de dommages et intérêts et un million d’euros d’amende.
(3) En 1974, il a créé l’association des Amis français de l’université Ben Gourion du Negev, participé au lancement du lycée franco-israélien Raymond Leven à Tel Aviv et participe au financement de l’association Afikim, dont il est aussi le trésorier. Cette association dispose d’un réseau de soutien scolaire en Israël pour les familles des milieux défavorisés.

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