ISLAM
et
JUDAÏSME

mai 2006

 

 Il existe une filiation historique entre christianisme et judaïsme. A première vue la proximité entre ces deux religions semble donc évidente. L'intégration des juifs dans notre société, au moins depuis la révolution française, les avances chaleureuses du Vatican à leur adresse, enfin les usages qu'ils nous ont empruntés nourrissent l'illusion. Et pourtant ! Dans " Actualité Juive " du 2 mars dernier, un certain Claude Riveline, sans faire secret de sa judaïté, conclut dans un article à " la proximité entre le musulman pratiquant et le Juif pratiquant (1). " Plus loin, il poursuit : " Le point de rapprochement le plus essentiel entre Juifs et Arabo-musulmans, par contraste avec la chrétienté, réside dans la conviction que la condition humaine n'est pas condamnée au péché et qu'il est possible de goûter pleinement aux joies terrestres en restant fidèle à la volonté divine... " Sans être expert en la matière, nous voyons là une bien étrange idée du christianisme ! Mais passons. Il nous suffira ici d'évaluer la proximité de l'islam et du judaïsme pour en tirer quelques conclusions.

Tout commence par un mythe. Sara, la femme d'Abraham, était stérile, nous dit la Bible. A 95 ans, celui-ci fit alors un enfant, Ismaël, à sa servante égyptienne Agar. Mais, quelques années plus tard, Sara, pourtant arrivée à l'âge de la vieillesse, à son tour donna naissance à un garçon, Isaac. Alors, par jalousie, Sara fit chasser Agar et son fils dans le désert. Ils survécurent pourtant et Ismaël aurait, selon les juifs et les musulmans, engendré le peuple arabe. Quant à Isaac, il serait l'ancêtre de tous les juifs.

L'histoire est sans doute aussi peu crédible que la légende fondatrice de Rome avec ses ancêtres éponymes Remus et Romulus. Elle trahit cependant une réalité : la coexistence des juifs, dans le désert, avec des tribus auxquelles ils refusaient de mêler leur sang tout en s'en sentant proche en raison de traditions et d'un mode de vie commun.

Dans le judaïsme et dans l'islam, on retrouve ce cousinage des coutumes dans de nombreux détails de la vie.


 La circoncision

Cette coutume, consistant à pratiquer l'ablation du prépuce des garçons, remonte à la nuit des temps. On en rencontre même l'usage dans des tribus d'Océanie, d'Australie ou d'Afrique sans aucune relation avec l'islam et le judaïsme.

Chez les juifs, elle est pratiquée le 8ème jour après la naissance. Chez les musulmans, entre le 7ème jour et la 15ème année. On voit bien la survivance d'une pratique car, dans le Coran, pas un verset n'ordonne la circoncision. On excise les jeunes garçons uniquement pour se conformer au-x us et coutumes de Mahomet.

Remarquons ! Paul de Tarse (2), au cours de sa prédication, lève cette obligation juive pour les chrétiens. Il dit : " En Jésus-Christ, ni la circoncision ni l'incirconcision n'ont de valeur " (Epître aux Galates). C'était une condition indispensable pour obtenir des conversions, tant cette pratique répugnait aux populations d'origine indo-européenne.

 

 Les interdits alimentaires

Pour l'islam ne sont prohibés que la viande de porc, les animaux abattus sans invoquer le nom de Dieu, le sang et les boissons alcoolisées. La nourriture est alors considérée comme "hallal, " pure.
"Fast-Food" Hallal à Clichy-sous-Bois.

Selon la loi juive, il n'existe pas de prohibition sur l'alcool mais s'ajoutent, aux pratiques musulmanes, les règles alimentaires de la " cacherout " (casher ou cachère)qui sont pour la cuisinière un casse-tête.

Parmi les animaux vivant dans l'eau seuls sont autorisés ceux qui " ont au moins une nageoire et au moins une écaille qui se retire facilement. " Sont prohibés les crabes, les huîtres, les homards et autres crustacés et coquillages.

Selon la Bible, les juifs sont supposés se rattraper avec quatre sortes d'insectes mais, en raison de la difficulté rencontrée pour les identifier, les rabbins les interdisent au menu.

Le plus dur reste à venir. En aucun cas, dans une cuisine juive, on ne doit mettre en contact du lait et de la viande. Les rabbins ont poussé l'interdit à son maximum : " un craignant Dieu " (3) ne saurait consommer du lait ou des laitages et de la viande au même repas.

 Mieux, comme des particules de viandes et de lait pourraient rester attachées aux ustensiles, il est imposé de disposer de deux batteries de cuisine séparées, chacune étant consacrée à son usage.

A une table juive orthodoxe, on voit mal le bel ordonnancement de nos repas français, avec leurs fromages, et plus encore la dégustation d'une escalope normande.
 Rabin nettoyant un four par le feu
Rabin nettoyant par le feu un four pour assurer une cuisson cachère.

 

La polygamie et la femme

Des " sentences rabbiniques décrivent la femme comme frivole, avide, bavarde et comme une source de tentation (4) " comme on lit d'elles dans le Coran : " Un être élevé dans les colifichets et qui n'est même pas logique dans la discussion."

" En termes d'obligation religieuses, la femme était classée parmi les esclaves et les enfants et, comme telle, jugée inapte à témoigner... (5)" dit le texte judaïque parlant de la période rabbinique (6). La loi islamique se fait presque plus tolérante. Elle ne nie pas le témoignage d'une femme mais demande quatre témoins de sexe féminin pour contredire un homme.

En ce qui concerne la polygamie, parmi les juifs, elle ne disparut en Occident qu'au début du XIIIème siècle sous la pression des autorités chrétiennes. Elle perdura dans les communautés juives du Moyen-Orient jusqu'au XXème siècle. Si bien qu'en Israël, où la loi fixe la monogamie comme la norme, on compte encore quelques familles juives polygames arrivées des pays musulmans.

Reconnaissons que, dans l'islam, comme dans le judaïsme, si la polygamie est à nos yeux innaceptable, il existait des règles limitatives souvent négligées. Comme ces mots tirés du Coran : " ... Si vous craignez de ne pas être équitable, n'épousez qu'une femme... (7)"

 

Le droit pénal

En matière de condamnations pénales, le Coran se fait clair : " Oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent etc... " Il reprend la loi juive. Cependant, quand le Deutéronome ordonne " Tu ne jetteras aucun regard de pitié, dent pour dent etc... " le Coran ajoute : " Quiconque fera preuve de charité (en renonçant à l'application du talion) méritera la rémission de ses péchés... (8)"

On fait cependant la différence avec le christianisme. Dans l'Évangile, on lit : " Vous avez appris qu'il a été dit : oeil pour oeil et dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente lui aussi l'autre. " (9) On comprend néanmoins que l'Évangile préconise ce comportement dans une société policée. Pas face à une meute de barbares déchaînés.

 

L'usure

" Si tu prêtes de l'argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi... tu n'exigeras de lui point d'intérêt " voit-on dans l'Ancien testament (10). Les commentaires de l'époque rabbinique disent : " Si nous prêtons à intérêt à des non-Juifs, c'est parce que... nous ne pouvons gagner notre vie d'aucune autre manière (11). "

 

La coiffe des femmes

On connaît la pudibonderie de certaines musulmanes en matière de coiffure. Il faut savoir la mode venue avant l'islam. A l'époque biblique, " les sages étaient unanimes à châtier toute femme mariée qui montrait la " couronne de beauté " de ses tresses (12). " L'habitude avait gagné les chrétiennes.

Femmes égyptiennes devant un bureau de vote en novembre 2005

 

Aujourd'hui encore, les épouses des Hassidim, mouvement piétiste juif apparu au XVIIIème siècle, se couvrent la chevelure d'un foulard et des intégristes juives portent une perruque pour cacher leurs cheveux. Autrefois, un juif pouvait obtenir le divorce si son épouse s'était montrée tête nue en public.

 

 
Coiffe, manches et jupe longues de rigueur pour cette Israélienne, vêtue à la manière des femmes juives orthodoxes.

 

En guise de conclusion

On pourrait longtemps débattre pour savoir qui des musulmans et des juifs sont les plus anachroniques. L'on aurait tort car ce qui est écrit a moins d'importance que ce qui se fait au quotidien. Comme on l'a vu avec la majorité juive, comme on commence à le voir avec les musulmans, la modernité finit par l'emporter.


Jean Isnard

est consultant au:

Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001

 

 

NOTES:

      DEJ ou" Dictionnaire encyclopédique du judaïsme," de la
      collection Bouquins.
       
(1) En français écrit l'appartenance religieuse ne porte pas de majuscule. La tendance de nombreux juifs à faire commencer ce mot par une lettre capitale nous apparaît, pour le moins, en contradiction avec la syntaxe.
(2) Saint Paul.
(3) Expression désignant un croyant juif orthodoxe.
(4) DEJ à " Femmes " en page 363.
(5) DEJ : à " Femmes " en page 364.
(6) Période allant du début du moyen âge à l'ère moderne et pendant laquelle, par exemple en Occident, la communauté juive était représentée par un rabbin auprès de l'autorité où elle résidait.
(7) Coran, sourate IV, verset 3.
(8) Ces deux citations sont du verset 45 de la sourate V.
(9) Matthieu, chapitre V.
(10) " L'Exode, " 22, 25.
(11) DEJ à " Usure " en page 1037.
(12) DEJ à " Couvrir la tête " en page 256.

 

URL de cet article: http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Histoire/islam-judaisme.html

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