LE MESSIANISME

Selon l'encyclopédie Larousse, le messie " est un personnage providentiel qui mettra fin à l'ordre présent, imparfait ou mauvais, et instaurera un ordre de justice et de bonheur. " Le mot vient de l'hébreu " mashiah, " se dit " meshiha " en araméen, " christos " en grec, d'où le nom de Jésus-Christ. Il signifie " l'oint . " Textuellement, celui qui a reçu " l'onction, " réservée aux rois et aux grands prêtres dans la tradition hébraïque.

Mais, comme dans notre article sur le zoroastrisme , il faut remonter plus loin dans l'Histoire et faire d'abord un constat : la notion de messie existait aussi dans le zoroastrisme, autrefois religion d'État de la Perse pendant plus d'un millénaire.


Pour le zoroastrisme, il existe trois messies. Ils doivent se révéler tous les millénaires, au cours des 3000 ans précédant la fin du monde, en d'autres termes, quand le règne du bien se substituera à celui du mal, à l'occasion de la résurrection des âmes.

Les messies zoroastriens portent le nom de "Saoshyant." L'ultime, le plus important, Astvat-Arta, présidera à la transfiguration finale qui fera " un monde nouveau, soustrait à la vieillesse et à la mort. "

Selon la croyance zoroastrienne, Astvat-Arta sera conçu par une vierge (Vispataurvi) qui, sera fertilisée dans le lac Hamoun par le sperme de Zoroastre dans l'onde duquel il aura été préservé.

Le zoroastrisme annonce, à la fin des temps, la bataille finale entre les forces du bien et celles du mal, ces dernières se plaçant sous la direction d'Ahriman, le Mauvais Esprit. Puis Ahura-Mazda, Dieu pour les zoroastriens, jugera les hommes. Les " méchants " seront envoyés en enfer, les " bons " au paradis.

Cette fin du monde zoroastrienne fait penser à l'Apocalypse selon Saint Jean : Dieu " effacera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus. Deuil ni douleur, ne seront plus, car le premier univers s'en est allé, " lit-on au chapitre XXI. Et d'ajouter : " ... les craintifs, les mécréants, les horribles, les meurtriers, les prostitueurs, les drogueurs, les idolâtres et tous les menteurs, leur part est dans l'ardent étang de feu et de souffre qui est la seconde mort. " (1)

Une coutume zoroastrienne rapporte un usage passé de " mages astrologues, " prêtres de l'univers irano-persan, qui se rendaient chaque année sur une montagne du Séistan (à la frontière actuelle de l'Iran et de l'Afghanistan). Se recueillant, ils guettaient l'arrivée de l'étoile annonçant la naissance du " Grand Roi, " autrement dit du messie. Comment ne pas établir un lien avec le chapitre II de l'Évangile selon Saint Matthieu : " ... des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem et dirent : " Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus pour l'adorer. "

Dans l'Ancien Testament lui-même, on trouve d'étranges résonances avec le messianisme persan. Dans Isaïe, on lit : " Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus... " (2) D'autres traductions disent " son oint, " terme synonyme. Or, Cyrus, roi des Perses, devenu maître de l'Orient, autorisa et finança la reconstruction du temple de Jérusalem. On comprend la notion de messie ayant évolué à travers les siècles dans la pensée hébraïque. Car si, à l'époque de l'exil à Babylone, et au retour en Israël, ce terme allait jusqu'à désigner les prêtres et les rois, avec le temps, le messie juif est devenu, à l'image de l'Astvat-Arta zoroastrien, l'annonceur du règne du bien sur la terre. Pour les chrétiens le messie est connu. C'est Jésus-Christ, dont on attend le retour à la fin des temps. Néanmoins, on voit à quel point les traditions zoroastriennes, juives et chrétiennes se ressemblent.

Représentation de l'ApocalypseL'Apocalypse

Celles des musulmans sont plus étonnantes. Le rôle du messie est pour eux rempli par le Mahdi, "celui qui est bien guidé," en arabe. Les approches varient. Pour certains, Jésus-Christ, conformément à la version chrétienne, serait le Mahdi. Pour d'autres, sunnites, il serait un descendant de Mahomet. Enfin, pour la majorité des chiites, le douzième imam, disparu depuis 873, toujours vivant, mais caché. Pour le reste, comme pour les autres religions monothéistes, à l'arrivée de ce messie musulman, le Mahdi, on assisterait à l'instauration du règne du bien et au jugement dernier.

 

On voit, pour la fin des temps, les perspectives des quatre religions monothéistes se ressembler. Seul diffère la désignation des hommes de bien, chacun privilégiant ses coreligionnaires. Dieu, faut-il croire, y retrouvera les siens.

Jean Isnard

 

Notes

(1) Traductions des Anciens et Nouveaux Testaments par la Bibliothèque de la Pléiade (NRF).
(2) Isaïe, chapitre 45, verset 1.

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