Situation économique catastrophique, cynisme politique des dirigeants, corruption et risques d’affrontements ethniques avec les Tziganes, sont quelques-uns des diagnostics faits par un correspondant à propos de la Hongrie.

20 ans après la chute du communisme, Gabor Török, politologue hongrois, veut croire le pays avançant « dans la bonne direction ». « Si la plupart des habitants pensent le contraire, dit-il, c’est qu’ils associaient au changement de régime, non pas la liberté, mais un bien-être économique. Ils nourrissaient des attentes irrationnelles et aujourd’hui sont évidemment déçus ».

La liberté est pourtant loin de régner à Budapest. Le 23 octobre 2006, célébrant le 50ème anniversaire de l’insurrection de 1956, les Hongrois occupaient les rues des grandes villes. Ils manifestaient ainsi pour dénoncer le Premier ministre, Ferenc Gyurcsany, qui quelques mois plus tôt, avait avoué au cours d’une réunion, avoir menti pour remporter les élections législatives.

Sinistre répétition des répressions communistes, la police anti-émeute avait chargé la foule, pacifique et désarmée. 128 personnes étaient déclarées blessées sans parler de ceux qui, pour échapper aux représailles, préféraient se taire. Pierre de Villemarest, rappelons-le, avait noté l’envoi par Moscou d’officiers de police, pour donner un coup de main « aux camarades » hongrois.

Cette année, à Budapest, pour l’anniversaire de l’insurrection de 1956, le gouvernement a déployé d’importantes forces de police en tenue de combat dans la capitale. Un ballet d’hélicoptères a survolé la ville pendant toute la journée. Comme autrefois sous la férule soviétique, on n’a signalé aucun incident.

Résultat, Jobbick, le parti nationaliste, engrangeait 15% des votes aux dernières législatives. Parce que, dans tous les pays, face à une classe dirigeante décrédibilisée, la colère s’accumule souvent dans cette couche d’opinion avant d’exploser.