DE VILLEMAREST |
mars 2008
Pierre nous a quittés le 22 février dans la nuit. Il avait 85 ans. Un malaise l'a pris à sa table de travail et, à l'hôpital, une hémorragie cérébrale l'a emporté. Quelques jours plus tôt, nous avions échangé quelques mots au téléphone à propos de ses activités au sein du "Centre de Recherches sur le Terrorisme Depuis le 11 septembre 2001". Rien ne nous permettait d'imaginer un départ aussi brutal. Pierre Faillant de Villemarest est issu d'une famille française dont la mémoire remonte loin dans notre histoire. Il naquit le 10 décembre 1922 à Chalon-sur-Saône. Alors qu'il terminait sa première année de Droit, âgé de 17 ans, en 1940, il fonda " La Dernière Colonne " dans une cave de Vichy avec son ami Pierre Garanger. Cette organisation apporta à Emmanuel d'Astier de La Vigerie une main d'oeuvre appréciable pour le mouvement " Libération ". Au cours de l'été 1941, cependant, il prit ses distances de ce dernier, refusant de coopérer avec les communistes. Pendant l'été 1943, il arriva sur le plateau du Vercors pour servir dans le cadre de " l'Armée secrète ". Créant alors un réseau de renseignement et de protection des maquis de l'Isère et de la Drôme, il travailla au sein du réseau " Galien ", sous-réseau " Kléber ", spécialisé dans le renseignement stratégique. Pendant deux ans, il fut traqué par un " kommando " de la Gestapo franco-allemande de Paris. De juin à Septembre 1944, il commanda au feu un " Groupe Franc " et obtint à ce titre plusieurs médailles. Après la guerre, il participa à la dénazification de l'Allemagne et de l'Autriche au sein du SDECE (1). En 1950, il quitta les services de renseignements et travailla comme journaliste. Au service étranger de l'AFP, puis à l'Aurore, à Valeurs Actuelles, à la Vie Française, au Quotidien de Paris et à Historia. La guerre d'Algérie ne pouvait pas laisser indifférent ce patriote. Le 24 novembre 1964, il fut arrêté. Condamné par contumace à 20 ans de détention pour " complot ", en raison de son soutien à l'Algérie française. Rejugé il écopa de cinq ans fermes. Un an plus tard, à Noël 1965, il fut néanmoins gracié par Pompidou. En 1968, il épousa Danièle Martin, la fille du docteur Martin, en outre sa collaboratrice. Cherchant à se donner une structure de travail, il fonda le CEI (Centre européen d'information) en 1972 et une lettre confidentielle portant son nom. On le connaît aussi pour ses nombreuses interventions à " Radio Courtoisie " à partir des années 80. A l'occasion d'un passage à l'antenne, en 1997, on lui reprocha des propos qualifiés par certains de révisionnistes. En fait, il n'avait pas nié " l'holocauste " mais remis en question les chiffres " habituellement cités ". L'acharnement, dont il fut alors la victime, mit en évidence la surveillance dont il était l'objet, de la part de groupes de pression, plus soucieux d'imposer leurs points de vue que de défendre la liberté. Il faut dire, ses propos gênaient. Spécialiste de l'espionnage soviétique, il a consacré près de la moitié de la trentaine de livres publiés sous son nom à ce sujet. En outre, et comme si cela ne suffisait pas, il s'est aliéné les milieux mondialistes en dénonçant leurs objectifs politiques. A cet égard, " Faits et chroniques interdits au public " (2), ouvrage publié en trois tomes et cosigné par son épouse Danièle et William Wolf, apparaît d'un précieux secours pour comprendre le fonctionnement de la Trilatérale, du CFR, de l'Institut Aspen ou de la conférence de Bilderberg (3). Pierre de Villemarest laisse un grand vide derrière lui. En raison de son humanité et de sa générosité d'abord. Mais aussi, pour ceux qui ne connaissent que le journaliste, de ses ressources en matière de quête de l'information. Par sa droiture, son courage, son désintéressement, son engagement contre l'injustice et la haute idée qu'il se faisait de la liberté, il restera pour nous un modèle. Alain Chevalérias
(1) SDECE, Service de
documentation extérieure et de contre-espionnage, prédécesseur
de la DGSE. |
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