L’IDENTITÉ BAFOUÉE

janvier 2010

Dans un article, publié le 9 décembre 2009 à la rubrique débats du « Monde », Nicolas Sarkozy appelle au « métissage des cultures » pour l’opposer au « communautarisme ». Si les deux se font face, nous refusons néanmoins l’un comme l’autre. Le premier, parce que, avatar du mondialisme, il engendre un universalisme des us et coutumes, la fin des différences qui donnent des raisons de voyager et de découvrir. Le second, parce qu’il oblige l’individu à aliéner sa liberté au profit d’un groupe et de ses leaders élevés au rang de gourous. Métissage et communautarismes, tous les communautarismes, sont les deux faces d’une même machine à broyer notre identité. Les réactions contre ces phénomènes restent trop rares. Réjouissons-nous donc, pour une fois, d’un frémissement de la France profonde...

Le 12 décembre 2009, devait se dérouler à Marseille un concert organisé par un collectif de rappeurs s’identifiant sous le nom de « Rim’K du 113 ».

Le 24 novembre, sans donner d’explication, Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, diffusait un communiqué annonçant l’annulation de la petite fête.

De la même façon, le 6 novembre, à Bordeaux, le 26, à Lyon, le 27, à Seyssins, dans la banlieue de Grenoble, le « Rim’K du 113 » s’est vu interdire les planches.

ll suffit de prendre connaissance des paroles des chansons (voir ci-contre) pour comprendre les motivations des maires. On en viendrait à saluer leur soudaine fermeté, face à un phénomène intolérable dans un pays qui se veut civilisé.

Petit détail, nos édiles n’ont pas agi de leur propre initiative. À Marseille, datée du 23 novembre, 24 heures avant la réaction de Gaudin, Jacques Bompard, maire d’Orange et candidat aux élections régionales, avait adressé une lettre à son collègue marseillais pour l’informer des faits.

Un contact marseillais nous a éclairé. « Gaudin a eu peur, nous a-t-il confié. Bompard a fait une alliance avec les Identitaires, un groupe d’extrême-droite. Gaudin craignait que Bompard ne se serve du spectacle à des fins électorales ou que ses amis ne provoquent un bain de sang ».

Parions les annulations de Bordeaux, Lyon et Seyssins du même tonneau.

Des jeunes brûlent le drapeau français à Toulouse suite au match de football Egypte-AlgérieLe 18 novembre, à Toulouse, au cours des émeutes saluant la rencontre Egypte-Algérie. Selon la terminologie en vogue, « des jeunes » brûlent des drapeaux français. Par radio, les policiers sur place demandent des renforts pour intervenir. La hiérarchie répond de ne pas bouger. « Ce sont des comportements festifs », argumente-t-elle.

 

Nous n’avons pas de sympathie pour Bompard et n’approuvons pas son discours, mais ne reste-t-il que la peur pour obliger nos élus à réagir, quand ils nous abandonnent entre métissage culturel et communautarisme ?

 

Quelques paroles
des douces chansons
du groupe Rim’K du 113

« J’baise votre nation... L’uniforme bleu, depuis tout p’tit nous le haïssons ». (Extrait de «Face à la police»).

« T’as vu un batbou (NDLR : un toubab, un blanc), y’a une hagkah (NDLR : une raclée) qui va avec ». (Extrait de « La vie qui va avec »).

« Je guette le vigile qui m’regarde bizarre. Je m’approche de lui et j’lui dis qu’est-ce que tu veux connard ? J’lui met un coup de plafond (NDLR, de tête) et direct j’lui sors mon arme. Je braque la grosse pute qui s’trouve derrière le comptoir... » (Extrait de «Hold-up»).

« On garde toujours l’espoir, l’Algérie c’est notre mère. Elle est la terre de mon père et de ma mère et c’est le soleil qui nous éclaire ». (Extrait de «Rachid système»).

« Si Sarko me demande qu’est-ce que j’fous en France ? J’lui réponds droit dans la gueule : j’chui là pour le cash (NDLR : l’argent) petit enculé ! » (Extrait de «Haute Science»)

« Soit tu raques, ou j’décapite comme en Irak... Dans ma zone l’argent règne, on fait de l’oseille (NDLR : de l’argent) quand tu sommeilles, avant qu’le soleil se lève, avant que les darmgens (NDLR : les gendarmes) ne viennent ». (Extrait de «Patate de forain »)

« J’ai le sang froid, les balles, les mains libres, le calibre dans les chicos. J’envoie des pralines comme les Taliban » (Extrait de « Le Gros »).

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com
Retour Menu
Retour Page Accueil