SEULS FACE AUX RADICAUX |
janvier 2010
Dans notre article, sous le titre « Iran : la colère », nous avons expliqué pourquoi les radicaux au pouvoir dans ce pays avaient manipulé les résultats des élections présidentielles du 12 juin 2009. Depuis, les manifestations dun nombre croissant de citoyens ne cessent pas. On compte par dizaines les morts, par milliers les Iraniens incarcérés par les forces de lordre. La torture et les maltraitances infligées aux prisonniers avaient quasiment disparu sous la présidence de Mohammad Khatami (daoût 1997 à août 2005). Elles ont repris, dénoncées par certains dignitaires religieux, écoeurés par un régime quils avaient pourtant soutenu à ses débuts. À 87 ans, layatollah Hossein Ali Montazeri est mort, dans la nuit du 19 au 20 décembre 2010. Désigné en 1985 pour remplacer limam Khomeiny, il avait perdu toute chance de lui succéder en critiquant les exécutions massives dopposants. En 1997, pourtant lun des artisans de la Constitution iranienne, il dénonçait la concentration du pouvoir entre les mains dun seul homme et était assigné à résidence pendant cinq ans. Aux dernières élections, il avait soutenu les réformistes. Il avait aussi été lun des premiers à accuser le pouvoir de manipulation des résultats. Enfin, avec Mehdi Karoubi, un autre religieux, il a accusé les hommes de main du régime davoir violé des jeunes gens faits prisonniers au cours des manifestations de juin dernier. Il y a quelques jours encore, Montazeri déclarait : « Si les autorités continuent, il devient évident que le peuple va séloigner du régime et que la crise va saggraver ». Lambiance qui régnait
au moment de ses obsèques rend prophétiques ses
propos. Les dépêches parlent dune foule de
centaines de milliers de personnes présentes, à
Qom, ville religieuse où vivait Montazeri.
Daprès les estimations dun contact sur place,
sans rien retirer à limportance des faits, il serait
plus raisonnable dévoquer des dizaines de milliers
dIraniens se pressant sur les lieux et arborant des foulards
verts, couleur de lislam dont lopposition sest
appropriée le symbole. Comme elle sest approprié
les « Allahou akbar » (Dieu est grand) hurlés
la nuit du sommet des immeubles des villes, pour défier
les milices du régime. Un message clair des manifestants,
pour dénoncer des hommes sans porter atteinte à
une religion respectée par le plus grand nombre. Signe de la perte de repères des partisans du régime, des membres des Basidjis, une milice armée, sont entrés dans la maison du défunt Montazeri pour détruire le livre sur lequel les visiteurs avaient consigné leurs condoléances. Un geste indigne, dans lantique Perse plus quailleurs. En Iran, on voit un peuple raisonnable sopposer courageusement et sans excès de violence à lun des pouvoirs les plus hypocrites de la planète. En Occident, le silence de nos dirigeants les trahit. Ils cherchent noise à lIran, laccusant, sans doute avec raison, de chercher à se procurer le nucléaire militaire, mais se taisent quand presque tout un peuple sinsurge contre loppression.
Les recettes dexportation de lIran dépendent à 80% des hydrocarbures. Pire, il doit importer la plus grosse partie de son essence raffinée. Votant des sanctions aux Nations Unies pour interrompre les exportations dor noir, il nen faudrait pas plus pour mettre le régime à genoux. Agissant ainsi, nous serions en harmonie avec nos principes et permettrions laccession au pouvoir dune nouvelle élite. Cette dernière ne serait pas moins patriote, mais plus ouverte au reste du monde. Mais est-ce bien ce que veulent nos dirigeants ? |
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