IRAN :
LA COLÈRE

juillet 2009

Le 12 juin 2009, les autorités iraniennes promulguent le résultat des élections présidentielles. Selon elles, Mahmoud Ahmadinejad, Président sortant, est élu avec 63% des suffrages exprimés. Problème, dans la soirée du vote, la commission électorale avait informé un autre candidat, Mir Hossein Moussavi, de sa victoire. La fraude est patente et sera même partiellement reconnue par la commission.

Moussavi conteste le résultat et demande de nouvelles élections. Le 13 juin, un cordon de voitures de police empêche les journalistes d’accéder à son point de presse. Des manifestations spontanées fleurissent à travers la capitale et dégénèrent en affrontements avec les forces de sécurité. L’État islamique fait tirer sur la foule. Plusieurs dizaines de personnes sont tuées. 457 sont arrêtées, dont des proches de Moussavi.

Puis, le 19 juin, à l’occasion de la prière hebdomadaire du vendredi, le Guide et instance suprême, Ali Khamenei, confirme l’élection d’Ahmadinejad. En deux jours, la mobilisation populaire s’affaiblit et passe à quelques milliers de manifestants. Elle n’en continue pas moins...

Khamenei

Voilà pour la face visible du drame. Néanmoins, on se demande pourquoi le centre du pouvoir a pris de tels risques, quand il lui suffisait d’adouber Moussavi. Ancien Premier ministre sous Khomeiny, il est du sérail. En outre, comme pour le réformateur Khatami, Président de 1997 à 2005, il suffisait de bloquer les réformes.

En fait, en dépit des apparences, de plus en plus contesté, le régime est en situation de faiblesse. D’après nos informations, Khamenei est malade. On murmure qu’il serait atteint d’un cancer. Autour de lui on prépare sa succession.

Rafsandjani
RafsandjaniConformément à la Constitution, le Conseil des experts, une assemblée de religieux, doit désigner son remplaçant. Ali Akbar Rafsandjani préside cette instance. Or, ce dernier milite depuis plusieurs mois à transmettre la fonction de Guide à un groupe d’ayatollahs et non plus à un seul.

Les radicaux du régime craignent que, la mort de Khamenei survenant, les forces de la réforme n’imposent les changements souhaités par la majorité de la population. Aussi, pour assurer leurs arrières, préfèrent-ils Ahmadinejad à la Présidence.

Ils se sentent d’autant plus menacés que, dans une lettre récemment adressée au Guide, Rafsandjani prend position du côté de la rue en effervescence. Il critique le gouvernement engagé « sur une voie qui n’est pas bonne pour l’avenir du pays ». Il poursuit : « Si j’ai choisi d’être patient, le peuple et les partis politique ne le seront pas ». Une menace à peine voilée.

Résultats, les durs serrent les rangs. Ils ont fait entrer l’ayatollah Mesbah Yazdi au Conseil des experts. Celui-ci, maître à penser d’Ahmadinejad, est l’un des plus radicaux de l’appareil religieux. Pressenti comme successeur de Khamenei, il dirige l’Institut Khomeiny, une université chargée de diffuser le chiisme politique en formant des ayatollahs non-iraniens pour un nombre grandissant de pays sunnites.

Certes, en apparence, les radicaux l’ont emporté. Mais, trichant et mentant pour garder le pouvoir, ils ont réduit à néant les apparences démocratiques qui leur servaient d’alibi. Portant atteinte aux principes dont ils se parent, selon leurs propres concepts, ils donnent une légitimité religieuse à l’opposition. En d’autres termes, ils s’exposent à la violence, voire au terrorisme. La partie n’est pas terminée en Iran.

Alain Chevalérias et Hassan Chirazi

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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