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mai 2011
On le sait, la loi islamique, la charia, ordonne
la mise à mort de lapostat, en fait celui qui quitte
lislam, lapostasie en faveur de la religion mahométane
étant au contraire encouragée. On connaît
moins les sources sur lesquelles sappuient cette prescription. Ceci posé, plusieurs versets
du Coran évoquent labandon de lislam. Tous,
sauf un, ne parlent alors que du rejet de lapostat par
les musulmans ou du châtiment que Dieu lui infligera dans
lau-delà. Cependant, dans le verset 89 de la sourate IV, on lit à propos des « hypocrites » à légard de lislam : « Ils aimeraient que vous soyez mécréants comme eux, pour être tous pareils. Ne vous liez pas avec eux, tant quils nont pas émigré pour la cause de Dieu. Mais, sils apostasient, appréhendez-les et tuez-les où que vous les trouviez... » « Sils apostasient, appréhendez-les et tuez-les » : Nous avons là la traduction de Si Boubakeur Hamza. Néanmoins dautres traductions, celle de Muhammad Hamidullah (2) parmi dautres, écrivent : « sils tournent le dos, appréhendez-les et tuez-les ». Le retour au texte en arabe permet de dire la deuxième version plus exacte. Boubakeur, comme dautres avant lui, a fait une exégèse, dépasant les mots pour donner à sa traduction le sens quil imaginait au texte. Or, sans entamer une longue réflexion, « tourner le dos », expression métaphorique, peut avoir dautres sens. Nous en arrivons à la conclusion, après une recherche, quil nexiste pas daffirmation explicite ordonnant la mise à mort de lapostat dans le Coran. Il nen est pas de même dans les « hadith », partie de la Sunnah formée des propos tenus par Mahomet et rapportés par la tradition. Lun deux dit : « On ne peut tuer un musulman qui croit quil ny a pas dautre Dieu quAllah et que Mahomet est son Prophète que dans trois cas : sil a tué, si marié il commet ladultère ou sil quitte lislam et les musulmans ». Le troisième cas concerne bien lapostasie. Un autre hadith va dans le même sens en disant : « Celui qui change de religion, tuez-le ! » Mais, dabord, un hadith, une sentence prêtée à Mahomet, est inférieur en valeur comparée au Coran, considéré, par les musulmans, comme dorigine divine. Ensuite, des érudits musulmans estiment ces hadiths peu sûrs. Arrivé à ce point de
notre réflexion, on comprend la difficulté dans
laquelle se trouvaient les musulmans de respecter les principes
de lislam. Cest pourquoi, dès le second siècle
de lère islamique, se constituèrent des écoles
juridiques chargées dinterpréter le Coran
et la Sunnah et den dégager la loi. On en compte
quatre pour les seuls sunnites (3).
Les textes produits forment la charia. Dans beaucoup de pays musulmans, sans être abrogée, elle est même tombée en désuétude. Dans dautres, pratiquant un islam archaïque, elle a été maintenue, comme en Arabie Saoudite ou en Afghanistan. Lempire ottoman finit par la comprendre dépassée et, en 1844, la supprima par décret. Elle reste néanmoins fondamentale aux yeux des intégristes musulmans. Les plus fanatiques dentre eux vont jusquà qualifier les musulmans moins rigoureux queux dapostasie, les menaçant ainsi de mort. Reste aux musulmans, pour dépasser une règle dun autre temps lijmaa, le consensus, sinon de tous, du moins du plus grand nombre. Il faudrait pour cela une vaste concertation des ouléma. Procédant alors comme les juifs lont fait pour des règles du Talmud inapplicables, ils pourraient annuler, sinon "suspendre ad vitam aeternam", la règle de mise à mort de lapostat, la laissant ainsi en apanage aux extrémistes. Ils y gagneraient bien plus que nous. |
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