L’AFRIQUE,
BASE D’ASSAUT

des radicaux islamistes

CONTRE L’EUROPE

mars 2016

Le 13 mars, éclatant en Côte d’Ivoire, un nouvel attentat faisait 21 morts. Le lieu choisi est emblématique pour les jihadistes : une plage, celle de Grand-Bassam, où les « Blancs », venus en week-end, se dénudent, boivent de l’alcool et se livrent certainement, à leurs yeux, aux pires turpitudes.

L’Afrique est dans le viseur de l’islam radical. On peut s’en étonner. L’Europe apparaît en effet comme une cible plus attrayante, en raison de sa richesse, de la puissance qu’elle génère et d’un passé, comme d’un présent, perçus anti-musulmans par les radicaux de l’islam. C’est oublier la place de l’Afrique dans l’histoire islamique.

Dès l’aube de l’islam, au VIIe siècle de l’ère chrétienne, les Arabes entrèrent en Afrique, pour commercer, capturer des esclaves et convertir les populations. Leur pénétration a eu un effet considérable puisque, au XIe siècle, renvoyant la politesse aux envahisseurs, les Almoravides, des Berbères, partirent de Mauritanie et du Sénégal à la conquête du Maroc et de l’Espagne, alors occupée par les mêmes Arabes.

Parmi les Almoravides, on comptait de nombreux Noirs assimilés aux tribus berbères. Ce n’est pas la seule étrangeté de cette affaire puisque ces combattants venus du désert s’étaient donné pour mission de rénover l’islam des Arabes, jugé par eux trop laxiste. Aussi, aujourd’hui, des combattants de l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) se nomment eux-mêmes « Mourabitoune », nom en arabe des Almoravides.

Ce n’est que l’une des traces laissées par le passé. Outre celui des Almoravides, d’autres « jihads » d’origine locale ont ensanglanté l’Afrique au nord de l’équateur. Comme celui d’Osman Dan Fodio, qui bâtit un empire sur le Nigeria au XIXe siècle. Il sert lui aussi de référent, aujourd’hui à Boko Haram, mouvement jihadiste qui sévit dans le même pays.

Al Qaïda, puis Daech, virent dans ces pépinières de « fous d’Allah » une opportunité à saisir. Au printemps 2011, quand les révolutions arabes pointaient en Tunisie, en Égypte et en Libye, Ayman Zawahiri, alors bras droit d’Oussama Ben Laden, y envoya des cadres de son mouvement. Ils avaient pour mission de radicaliser les groupes islamistes et, déjà, de pénétrer en Europe se mêlant aux flots de réfugiés (1).

Au Sahel, des annonces contradictoires ont rapporté l’allégeance de l’AQMI et autres groupes affiliés à Al-Qaïda et à Daech, surnommé l’État islamique. Même si l’organisation de Ben Laden semble avoir remporté cette lutte d’influence, les jeux ne sont pas encore faits.

Ni Al-Qaïda, ni Daech ne peuvent en effet s’offrir le luxe d’abandonner l’Afrique à son destin. D’abord parce que c’est une base d’assaut vers notre continent, ensuite parce qu’elle offre de nombreuses zones grises où les gouvernements n’exercent pas, ou peu, leur autorité. Ce sont autant de possibilités pour installer des camps d’entraînement ou de repos.

De plus, l’Afrique est vitale pour l’Europe, singulièrement pour la France. D’une part nous y puisons des matières premières indispensables (pétrole, uranium, cuivre, fer etc...) D’autre part, ce continent apparaît comme un client dont l’importance ne va cesser de croître dans l’avenir.

En outre tout le monde connaît l’adage de Lénine : « La route de Paris à Moscou passe par Pékin et Alger ». Les changements intervenus dans le monde n’ont pas donné une ride à ces mots. Vu par un stratège, et il y en a parmi les chefs jihadistes, l’Afrique apparaît bien comme un objectif secondaire pour attaquer la cible principale : le coeur de l’Europe. À ne pas le comprendre, nous nous mettrions en danger.

Note

(1) Nous avons eu cette information par un contact au Pakistan.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 

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