Qui veut la paix ? |
septembre 2010
Le 2 septembre 2010, Hillary Clinton, secrétaire
dÉtat américain, relançait officiellement
les pourparlers entre Israéliens et Palestiniens. On a
vu sur les photos consacrant lévénement,
Mahmoud Abbas, le chef de lAutorité palestinienne,
serrant la main de Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre
de lÉtat hébreu. Entre les deux, affichant
un sourire carnassier, Clinton avait lair de vouloir dévorer
tout cru le pauvre Abbas. Reste que deux des principaux partenaires voient la paix comme la pire des solutions. Le premier na pas été convié aux pourparlers : cest le Hamas qui, à la suite dun coup de force, règne en maître absolu sur la bande de Gaza. Le 31 août, deux jours avant la rencontre entre Abbas et Nétanyahou, il faisait savoir son refus de négocier de la pire des manière : en tuant. Près de la colonie juive de Kyriat Arba, à proximité dHébron, un commando assassinait quatre colons circulant en automobile. Les « Brigades Ezzedine Al-Qassam », branche armée du Hamas, ont revendiqué lattaque, elle même immédiatement approuvée dans un meeting public par Mouchir Al-Masri, lun des responsables du parti. Lautre obstacle à une solution de paix, cest le pouvoir israélien lui-même. Certes, il marche à pas feutrés, car il faut éviter de trop déplaire à lexécutif américain dont lÉtat dIsraël dépend économiquement, militairement et diplomatiquement. Cest pourquoi, sous les auspices de Clinton, Nétanyahou a accepté la rencontre avec Abbas. Mais en marchant en crabe et en noffrant aucune concession. On le voit pour le gel de linstallation de colonies sur la partie de territoire reconnue, y compris par Israël, comme revenant aux Palestiniens. Sous les pressions dObama, Nétanyahou avait concédé une interruption des constructions de nouveaux logements dans ces implantations pour une période de dix mois. Encore ce geste ne concernait-il pas la partie arabe de Jérusalem, où Israël na jamais cessé de se livrer à ce qui prend laspect dune « purification ethnique » en faveur des Juifs. Or, étant arrivé à son terme le 31 septembre, le gel de la colonisation na pas été reconduit par Nétanyahou. Trahissant lambiguïté de ses intentions, trois semaines plus tard, il ne sest toujours pas exprimé sur ce sujet, laissant planer le doute sur ses intentions. Plus grave, Nétanyahou insiste pour une reconnaissance explicite dIsraël comme État juif et exclusivement juif. Or, cela reviendrait à nier le droit aux Arabes vivant dans lÉtat hébreu dy être citoyens. Ce serait la fin du droit au retour des Palestiniens, chassés de leurs maisons par larmée israélienne, et la concrétisation, en termes de droit, de la purification ethnique souhaitée par certains Juifs. Quelques esprits acérés voudront voir dans cette analyse une approche partisane, pour ne pas dire le signe dune tendance coupable et inavouable, réminiscence de temps effroyables. Les propos dOvadia Yossef, rabbin et personnalité politique de premier plan, révèlent pourtant à quel point, si des extrémistes sont dans les deux camps, ceux dIsraël sont proches du pouvoir. Le 28 septembre, au cours de sa prédication hebdomadaire, calant, comme les assassins de Hamas, sa provocation à courte distance de la rencontre Abbas-Nétanyahou, il déclarait : « Que tous ces méchants qui haïssent Israël, comme Abou Mazen, disparaissent de notre monde ». Or, il faut savoir quAbou Mazen nest rien dautre que le surnom dAbbas. Puis le rabbin Ovadia continuait : « Que Dieu les frappe de la peste ainsi que ces Palestiniens méchants et persécuteurs dIsraël ». Or, il faut savoir, que le rabbin Ovadia fait fonction de guide spirituel du parti Shass et compte onze députés à la Knesset. Autre détail, le Shass est lun des piliers de lalliance gouvernementale et gère un réseau décoles de 250 000 enfants. On le comprend exprimant linexprimable, à la place dun pouvoir attentif à ne pas déplaire à lhôte de la Maison Blanche. Le conflit entre Juifs et Arabes a commencé dès le début des années 20, les premiers profitant de loccupation britannique pour sinstaller, les seconds refusant de se retrouver marginalisés sur la terre de leurs parents. On peut par conséquent sétonner quil existât encore des protagonistes prêts à en découdre près dun siècle après. La réponse est simple. Les radicaux des deux camps savent que la fin des hostilités signifierait la délimitation dune frontière internationale. Pour Israël il deviendrait alors impossible de « grignoter » le territoire palestinien pour en accaparer la plus grande partie possible. Pour les dirigeants du Hamas, en revanche, sonnerait le glas du rêve dun État sétendant du Jourdain à la Méditerranée et où se côtoieraient Juifs et musulmans, mais soumis à la loi islamique. Si les objectifs sont inconciliables, la raison de sopposer à la paix est la même : de part et dautre on voudrait tout le territoire. Dans ce jeu, Abbas, comme nous le savons patron de lautorité palestinienne, pèse dun poids négligeable. Réquisitionné pour plaire à ladministration américaine, mais débordé sur le flanc palestinien comme sur le front israélien, il na aucune chance de faire émerger la paix. Y parviendrait-il, soutenu par Washington, quIsraël, comme il la déjà fait avec les accords dOslo pendant la dernière décennie du XXème siècle, naurait de cesse den empêcher la concrétisation. Voilà pourquoi linitiative la plus importante du mandat dObama na guère de chance dêtre couronnée de succès. Pourquoi, aussi, linjustice perpétrée contre les Palestiniens par les Israéliens, avec le soutien de lOccident, va encore longtemps servir dexcuse aux radicaux islamistes pour verser le sang dinnocents. |
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