ISRAËL & PALESTINIENS
Qui veut la paix ?

septembre 2010

Le 2 septembre 2010, Hillary Clinton, secrétaire d’État américain, relançait officiellement les pourparlers entre Israéliens et Palestiniens. On a vu sur les photos consacrant l’événement, Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne, serrant la main de Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre de l’État hébreu. Entre les deux, affichant un sourire carnassier, Clinton avait l’air de vouloir dévorer tout cru le pauvre Abbas.
Cela sent la pantomime. Pas les intentions sérieuses d’arriver à un accord de paix.

M
ais qui veut la paix entre les Palestiniens et les Israéliens ? Abbas certainement, qui se verrait bien le chef d’un jeune État palestinien. Les chefs d’États arabes aussi, qui voudraient pouvoir développer des relations économiques normales avec Israël et retirer à l’Iran un argument de propagande. Les pays européens à n’en pas douter, pour annihiler la principale cause du terrorisme islamiste. Les États-Unis de Barack Obama pour la même raison, mais aussi parce que l’administration en place a besoin d’un succès sur la scène internationale pour faire oublier le fiasco de l’Irak et l’échec prévisible de l’Afghanistan.

Reste que deux des principaux partenaires voient la paix comme la pire des solutions. Le premier n’a pas été convié aux pourparlers : c’est le Hamas qui, à la suite d’un coup de force, règne en maître absolu sur la bande de Gaza.

Le 31 août, deux jours avant la rencontre entre Abbas et Nétanyahou, il faisait savoir son refus de négocier de la pire des manière : en tuant. Près de la colonie juive de Kyriat Arba, à proximité d’Hébron, un commando assassinait quatre colons circulant en automobile. Les « Brigades Ezzedine Al-Qassam », branche armée du Hamas, ont revendiqué l’attaque, elle même immédiatement approuvée dans un meeting public par Mouchir Al-Masri, l’un des responsables du parti.

L’autre obstacle à une solution de paix, c’est le pouvoir israélien lui-même. Certes, il marche à pas feutrés, car il faut éviter de trop déplaire à l’exécutif américain dont l’État d’Israël dépend économiquement, militairement et diplomatiquement. C’est pourquoi, sous les auspices de Clinton, Nétanyahou a accepté la rencontre avec Abbas. Mais en marchant en crabe et en n’offrant aucune concession.

On le voit pour le gel de l’installation de colonies sur la partie de territoire reconnue, y compris par Israël, comme revenant aux Palestiniens. Sous les pressions d’Obama, Nétanyahou avait concédé une interruption des constructions de nouveaux logements dans ces implantations pour une période de dix mois. Encore ce geste ne concernait-il pas la partie arabe de Jérusalem, où Israël n’a jamais cessé de se livrer à ce qui prend l’aspect d’une « purification ethnique » en faveur des Juifs.

Or, étant arrivé à son terme le 31 septembre, le gel de la colonisation n’a pas été reconduit par Nétanyahou. Trahissant l’ambiguïté de ses intentions, trois semaines plus tard, il ne s’est toujours pas exprimé sur ce sujet, laissant planer le doute sur ses intentions.

Plus grave, Nétanyahou insiste pour une reconnaissance explicite d’Israël comme État juif et exclusivement juif. Or, cela reviendrait à nier le droit aux Arabes vivant dans l’État hébreu d’y être citoyens. Ce serait la fin du droit au retour des Palestiniens, chassés de leurs maisons par l’armée israélienne, et la concrétisation, en termes de droit, de la purification ethnique souhaitée par certains Juifs.

Quelques esprits acérés voudront voir dans cette analyse une approche partisane, pour ne pas dire le signe d’une tendance coupable et inavouable, réminiscence de temps effroyables. Les propos d’Ovadia Yossef, rabbin et personnalité politique de premier plan, révèlent pourtant à quel point, si des extrémistes sont dans les deux camps, ceux d’Israël sont proches du pouvoir.

Le 28 septembre, au cours de sa prédication hebdomadaire, calant, comme les assassins de Hamas, sa provocation à courte distance de la rencontre Abbas-Nétanyahou, il déclarait : « Que tous ces méchants qui haïssent Israël, comme Abou Mazen, disparaissent de notre monde ». Or, il faut savoir qu’Abou Mazen n’est rien d’autre que le surnom d’Abbas. Puis le rabbin Ovadia continuait : « Que Dieu les frappe de la peste ainsi que ces Palestiniens méchants et persécuteurs d’Israël ».

Or, il faut savoir, que le rabbin Ovadia fait fonction de guide spirituel du parti Shass et compte onze députés à la Knesset. Autre détail, le Shass est l’un des piliers de l’alliance gouvernementale et gère un réseau d’écoles de 250 000 enfants. On le comprend exprimant l’inexprimable, à la place d’un pouvoir attentif à ne pas déplaire à l’hôte de la Maison Blanche.

Le conflit entre Juifs et Arabes a commencé dès le début des années 20, les premiers profitant de l’occupation britannique pour s’installer, les seconds refusant de se retrouver marginalisés sur la terre de leurs parents. On peut par conséquent s’étonner qu’il existât encore des protagonistes prêts à en découdre près d’un siècle après.

La réponse est simple. Les radicaux des deux camps savent que la fin des hostilités signifierait la délimitation d’une frontière internationale. Pour Israël il deviendrait alors impossible de « grignoter » le territoire palestinien pour en accaparer la plus grande partie possible. Pour les dirigeants du Hamas, en revanche, sonnerait le glas du rêve d’un État s’étendant du Jourdain à la Méditerranée et où se côtoieraient Juifs et musulmans, mais soumis à la loi islamique.

Si les objectifs sont inconciliables, la raison de s’opposer à la paix est la même : de part et d’autre on voudrait tout le territoire.

Dans ce jeu, Abbas, comme nous le savons patron de l’autorité palestinienne, pèse d’un poids négligeable. Réquisitionné pour plaire à l’administration américaine, mais débordé sur le flanc palestinien comme sur le front israélien, il n’a aucune chance de faire émerger la paix. Y parviendrait-il, soutenu par Washington, qu’Israël, comme il l’a déjà fait avec les accords d’Oslo pendant la dernière décennie du XXème siècle, n’aurait de cesse d’en empêcher la concrétisation.

Voilà pourquoi l’initiative la plus importante du mandat d’Obama n’a guère de chance d’être couronnée de succès. Pourquoi, aussi, l’injustice perpétrée contre les Palestiniens par les Israéliens, avec le soutien de l’Occident, va encore longtemps servir d’excuse aux radicaux islamistes pour verser le sang d’innocents.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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