HISTOIRE
HAMAS, OLP, ISRAËL
un vieux ménage à trois

juin 2007

Le 14 juin 2007, à Gaza, le quartier général de la force militaire du Fatah tombait aux mains du mouvement islamiste Hamas.

Le Fatah, c'est le parti du Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, élu à la suite de la disparition de Yasser Arafat. Le Hamas, sorti pour sa part vainqueur des élections législatives de janvier 2006, avait constitué le gouvernement. Depuis le 9 juin, les affrontements entre les bandes armées des deux factions avaient pris de l'ampleur, causant la mort d'environ 90 personnes. Acculé, Abbas se replia sur Ramallah, en Cisjordanie.

Deux légitimités palestiniennes, sur deux territoires palestiniens, se faisaient désormais face.

Tout commence le 2 juin 1964, par la création, sous les auspices de la Ligue arabe, de l'Organisation de Libération de la Palestine ou OLP.

On est alors en pleine guerre froide et le monde arabe est fasciné par l'Union Soviétique. Il est de bon goût, pour ceux qui s'affichent " révolutionnaires ", de prôner des idéaux marxisants et de tenir un discours laïc dont le contenu religieux n'est plus qu'identitaire. C'est l'époque du mythe de la Nation arabe.

A partir de février 1969, Yasser Arafat s'impose à la tête de l'OLP. Il n'était jusque-là que le chef du Fatah, l'un des groupes formant l'OLP. En réponse à la défaite arabe de la guerre de 1967 contre Israël, il prône le recours à la tactique de guérilla.

Cette vision militariste lui coûte cher. Facteur d'instabilité, il est chassé de Jordanie en 1971 et doit quitter le Liban en 1982 après avoir été l'une des causes principales de la guerre civile. Les attaques terroristes commises au nom de la cause palestinienne finissent de la ternir dans l'opinion occidentale.

Néanmoins, aux yeux de l'écrasante majorité des Palestiniens, Arafat demeure le symbole de la résistance à l'occupation et le seul recours.

Logo des Frères MusulmansLogo des Frères Musulmans

Les Israéliens vont alors intervenir dans le jeu. Avant même la création de l'Etat d'Israël, en 1948, existait dans la Palestine sous mandat britannique un mouvement islamiste lié aux Frères musulmans égyptiens.

Les Frères comptent, depuis 1955, un certain Ahmad Yassine parmi leurs adhérents. Né en 1936, paralysé à la suite d'un accident, en 1948, à l'âge de douze ans, il est chassé de son village, des environs d'Ashkelon par l'armée israélienne. A l'encontre de cette dernière, il nourrit une haine inextinguible.

En 1964, après des études au Caire, il rentre à Gaza. Là, sous couvert d'activités caritatives, il met sur pied des structures travaillant en faveur des Frères musulmans. En 1968, il franchit une nouvelle étape et, auprès de l'autorité israélienne, enregistre son organisation sous le nom de " Al-Majmaa ".

Les Israéliens ne sont pas dupes. Ils ont leur plan. Laissant faire celui que tout le monde appelle désormais Cheikh Yassine, ils suscitent au sein de la population palestinienne un concurrent de l'OLP. Ils jouent les " religieux islamistes " contre les "laïcs nationalistes".

Pour Cheikh Yassine, la tentation est cependant trop cheikh Ahmad Yassine, fondateur du Hamasforte. Il cache des armes et se fait prendre la main dans le sac par l'occupant qui le condamne à treize ans de détention. En mai 1985, pourtant, ils l'élargissent. On est troublé par la liberté d'action dont il jouit. D'autant plus que, le 14 décembre 1987, il crée le mouvement Hamas en lançant la " première intifada ", la révolte des pierres contre Israël.

Dans une dépêche de UPI datée du 18 juin 2002, le journaliste américain Richard Sale confirmait les informations que nous avons reçues par ailleurs en disant : " Selon plusieurs officiers américains en exercice ou retraités, au début des années 1970, Tel Aviv a donné une aide financière directe et indirecte à Hamas sur une période de plusieurs années ". Il aurait dû dire à Cheikh Yassine.

Mahmoud AbbasMahmoud Abbas

Au cours des derniers jours, on a vu Abbas renouant avec Israël et recevant son aide. Quant au Hamas, même s'il perdait le soutien financier de l'Arabie Saoudite, il garderait celui de l'Iran et resterait l'exécuteur des basses oeuvres de Téhéran dans la région.

A ce jeu de poker menteur, les Palestiniens sont perdants : s'ils sont à la table de négociations, c'est comme plat de résistance. A la fin, ni eux, ni leurs adversaires n'en tireront profit, car à désespérer les peuples, on ne gagne que violence terroriste.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

Lire aussi: Biographie du cheikh Ahmad Yassine
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