Comment vaincre le jihadisme en Syrie...et chez nous?

novembre 2014

Il faut d’abord s’imprégner d’une réalité : tous les musulmans ne sont pas islamistes et tous les islamistes (1) ne sont pas jihadistes (2). Mieux, une proportion importante de musulmans, en particulier en pays sunnites, est aujourd’hui opposée à l’islamisme et la quasi totalité au jihadisme. En nombre, en termes de capacité de nuisance et de rejet de la part de la société, les jihadistes sont comparables aux groupuscules nazis ou aux extrémistes gauchistes.

Chez les sunnites (3), si la cassure avec les milieux jihadistes a été longue à se mettre en place, depuis la fin des années 90 elle s’est néanmoins imposée par palier, le dernier étant chez nous le traumatisme, pour des parents musulmans, quand ils ont vu leurs enfants se radicaliser et partir pour le jihad en Syrie.

Aussi, quand nous parlons de lutte contre le jihadisme, il faut comprendre le plus grand nombre des musulmans nos alliés naturels. Des alliés d’autant plus utiles qu’ils connaissent la religion instrumentalisée par les extrémistes.

Dans ce cadre, les guerres d’occupation, comme celles menées en Irak ou en Afghanistan, apparaissent inutiles et contre-productives. Inutiles parce que les nationaux du pays sont les plus à même de régler le problème. contre-productives parce que, comme en Irak, nous nous retrouvons à la fin à la case départ, la haine contre l’Occident en prime.

La Syrie offre néanmoins la spécificité d’une guerre sur trois fronts : les jihadistes, le régime tyrannique des Assad et la tendance favorable au multipartisme, à la fois adversaire des Assad et des jihadistes. Nous ne devrions pas nous poser la question du camp à choisir. Il faut, de toutes nos forces renforcer le camp de la liberté, contre Assad et contre les jihadistes.

Pour cela, nous suggérons une action politique, militaire et un travail idéologique.

Sur le plan politique, les Russes sont les mieux placés pour négocier avec le pouvoir une reddition du clan Assad, pour mettre en place une autorité transitoire ouverte à la négociation avec la tendance favorable au multipartisme. Dans ce jeu, tout en tendant la main aux Chiites, il vaudrait mieux refuser la collaboration de l’Iran qui est dans une logique de création d’empire.

Sur le plan militaire, équiper, former massivement, et donner une déontologie au combat à cette même tendance favorable au multipartisme.

Sur le plan idéologique, travailler dans les opinions mondiales pour mettre en valeur les différences entre jihadisme, islamisme et musulmans partisans d’une vision démocratisée du monde. Mettre sur pied des programmes afin de déstabiliser psychologiquement les recrues des jihadistes. Créer ou recréer des liens de confiance entre la majorité arabe sunnite et les diverses minorités : kurdes, yezidies, chrétiennes, alaouites etc...

Cependant, pour réussir un pareil programme, nous avons besoin de générer un climat de confiance entre nous et la majorité musulmane. Et pour cela, de peser de tout notre poids pour un règlement équitable du conflit israélo-palestinien. Nos responsables politiques auront-ils conscience de cette urgence?

Notes

(1) Les islamistes veulent la loi islamique, la charia, la loi du pays où ils vivent.
(2) Les jihadistes veulent imposer la charia, dans une forme extrémiste, par la guerre.
(3) Si l’extrémisme religieux existe aussi chez les chiites, tous les chiites, comme les sunnites, ne s’inscrivent pas dans cette logique radicale.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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