ET EN POLOGNE |
février 2007
Ceux qui ont lu notre ouvrage " Le KGB au cur du Vatican " n'auront pas été surpris du scandale qui a frappé la hiérarchie ecclésiastique polonaise. Dans nos conclusions, nous expliquions qu'hélas le Vatican se confinait dans un silence dangereux, non seulement sur l'enquête menée à Rome depuis l'attentat contre Jean-Paul II, mais aussi à l'issue des assassinats commis dans l'enceinte de la Cité sainte, comme ceux perpétrés dans l'appartement du chef des gardes. Notre livre nous a valu d'intéressantes correspondances avec la magistrature italienne et des personnalités versées dans les affaires du renseignement. Il a donc été réédité plusieurs fois, même si certains confrères de " droite " ont évité de faire part de son actualité devenue aujourd'hui brûlante. Six mois après nous, la presse découvre que 10% du clergé polonais aurait collaboré avec le SB (le KGB polonais). Au cas de Mgr Wielgus s'ajoute à présent celui du père Janusz Bielanski, le recteur de la prestigieuse fondation de l'archevêché de Cracovie. Le cardinal Battista Re, responsable de la désignation des évêques, assure que, plusieurs semaines avant la promotion de Mgr Wielgus, le Vatican ne savait pas qu'il avait collaboré avec le SB durant plus de trente ans. Admettons, mais alors il appartenait au Vatican, depuis 1981, de charger ses services de sécurité de " nettoyer " impitoyablement son administration, puisque Jean-Paul II lui-même soupçonnait la présence au Vatican d'agents soumis à l'appareil soviéto-satellite. Ce qui arrive en ce moment est la preuve que le KGB y avait ses réseaux et qu'il a aujourd'hui encore les moyens de semer le trouble dans l'Église. La plupart des chroniqueurs ignorent, qu'à l'initiative de Markus Wolf, le maître-espion de l'Allemagne de l'Est, Moscou avait obligé en 1984 ses satellites à transférer à ses services tous les doubles de leurs dossiers sensibles : trafics, affaires, noms des hommes et des femmes collaborateurs, volontaires ou contraints. Ce qui signifie qu'à tout moment, Moscou peut divulguer un dossier dans un pays quelconque, afin de compromettre un individu, une firme, etc... Mgr Wielgus en est un exemple. Bien d'autres aussi qui, par leurs renseignements, aidaient Moscou à connaître l'ambiance, les desseins, les arrière-pensées, les intentions du pape et de ses proches. Les recruteurs du SB ne recherchaient pas des secrets, mais plutôt sur quel terrain ils pouvaient manuvrer. Quiconque méconnaît ces subtilités du métier passe à côté du problème. Concernant Mgr Weilgus, le fait qu'il ait été " approché " par ses recruteurs dès 1967 dans sa faculté, puis " ferré, " prouve que ses conversations n'étaient pas des bavardages. Il allait et venait en Allemagne et au Vatican, grimpait dans la hiérarchie, et glanait de quoi satisfaire ses interlocuteurs. Orgueilleux et ambitieux, il était de ces naïfs qui s'imaginent faire carrière en étant plus malins que les autres.
Pierre de Villemarest Le KGB au cur du Vatican , les éditions de Paris, 32 chez l'auteur. |
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |