Sur fond d’élections présidentielles au Liban, les étranges collusions de Saad Hariri

mai 2014

Saad Hariri est le fils de Rafiq. Au Liban, il a repris le sceptre de son père cherchant à faire punir par un tribunal l’assassinat de ce dernier tout en conduisant la communauté sunnite représentée par son parti, le Courant du Futur.

Bashar Al AssadDu moins était-ce ce que tout le monde croyait car Saad Hariri a pris des positions étonnantes au cours de ces derniers mois. Alors que les lignes se forment en vue des élections présidentielles qui doivent se dérouler dans les prochaines semaines, Saad a montré une étrange empathie pour les candidats de son adversaire : le Hezbollah pro-iranien indéfectible allié du régime syrien de Bachar Al-Assad (photo).

Il y a un peu plus d’un mois, le général Michel Aoun s’est rendu à Paris, nous rapportent nos correspondants. Ils affirment qu’il a dormi chez Saad Hariri. Les deux hommes seraient en train de constituer une compagnie pétrolière. Si la démarche de Aoun est transparente, il cherche à obtenir l’appui de Hariri pour être élu Président, celle d’Hariri est incompréhensible.

Hassan Nasrallah et Michel Aoun
Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah et Michel Aoun Aoun a en effet fait allégeance au Hezbollah qui, en échange, a fait élire plusieurs de ses candidats à la députation par l’électorat chiite. Or, des membres du
Hezbollah, en collusion avec la Syrie, sont « soupçonnés », pour reprendre la terminologie judiciaire, d’avoir assassiné Rafiq Hariri.

Saad Hariri n’en est pas à son coup d’essai concernant Aoun. En février dernier, lors d’une rencontre avec des journalistes proches du Courant du Futur, à Riyad où il dispose d’une résidence, il a été jusqu’à dire du fantasque général : « J’apprécie cet homme ». C’était la consternation chez ses partisans pour lesquels Aoun s’apparente aux légions de l’enfer.

A gauche, Bachar Al-Assad, à droite, Jean Obeid, lors d’une audience à Damas

Il se pourrait néanmoins qu’Aoun en soit pour ses frais. Dans ses calculs Saad Hariri semble avoir intégré qu’Aoun n’a pratiquement aucune chance d’être élu : il suscite en effet trop de rejets au sein de la classe politique. Un autre candidat est discrètement mis en lice par les pro-syriens, Jean Obeid.

Décidément très ouvert aux choix de ses adversaires, lors d’une récente rencontre avec François Hollande à Paris, Hariri a été jusqu’à soutenir la candidature de Jean Obeid. Le Président français a demandé aux services de renseignement qui est ce personnage. Il a fait un bond en apprenant, qu’ancien député et ancien ministre, Obeid est connu au Liban pour sa proximité du régime de Bachar Al-Assad (1).


Le comportement de Hariri complique la donne au Liban. Il risque en effet de provoquer l’éclatement de son parti, le Courant du Futur. Les militants convaincus se regrouperaient alors derrière un chef fidèle à la ligne politique de la formation. Hariri n’aurait plus autour de lui que des clients appâtés par l’énorme fortune héritée de son père.

Déjà, à Tripoli, ville du nord et bastion sunnite, dans les rues on voit en plus grand nombre les photos du général Ashraf Rifi (ou Achraf Rifi), ancien patron des FSI (2), que celle de Saad Hariri.

Notes

(1) Voir notre article, « Jean Obeid, naïf ou agent syrien ? » Nous y reproduisons une lettre envoyée par le secrétariat de Bacher Al-Assad à son ambassade à Beyrouth à propos de Jean Obeid. Un document explosif.
(2) Forces intérieures de sécurité, la police nationale organisée sur le mode de la gendarmerie française.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

Lire aussi:

Liban: l'assassinat comme arme politique
Guerre des révélations au Liban

 

 
Retour Menu
Retour Page d'Accueil