En mai, les élections
du Président libanais
Selon
les règles en vigueur, le Président doit être
issu de la communauté chrétienne, plus précisément
maronite. Ceci par souci déquilibre avec les sunnites,
qui ont le monopole de la position de Premier ministre, et les
chiites, auxquels est réservée la présidence
du Parlement.
Autre point, le Président
est élu par les députés. Or, au Liban,
deux alliances se font face. Celle dite du 8 Mars, qui
regroupe les alliés du régime syrien, dont le Hezbollah
est la principale force, et celle du 14 Mars. Opposée
à la main mise de la Syrie sur le Liban,
cette dernière associe principalement le mouvement sunnite
du Futur, créé par la famille Hariri,
et le parti chrétien des Forces libanaises, dirigé
par Samir Geagea.
Chacun des deux camps cherche
à placer un candidat qui lui soit favorable. Pour ceux
du 14 Mars, il faut à tout prix éviter un
ami de la Syrie de Bachar Al Assad. Pour les tenants
du 8 Mars en revanche, seul un Président faisant
le gouverneur de Damas est envisageable.
Or, un tel choix signifierait
la prise en otage du Liban par le régime syrien
qui trouverait là un nouveau moyen de perdurer. Les gouvernants
de Damas entraîneraient le Pays du Cèdre
dans sa course à la survie, à la fin vers une
extension de la guerre et, en prime, à linstauration
dun système autoritaire et oppresseur.
Aussi lallégeance
de lhomme qui sera élu est-elle décisive.
Actuellement, se sont déclarés ou sont pressentis,
pour le 14 Mars, Samir Geaga, officieusement pour
le 8 Mars, Michel Aoun, qui a associé son
sort au Hezbollah. On parle aussi de Jean Kahwaji,
actuel patron de larmée libanaise, de Riad Salameh,
le gouverneur de la Banque centrale, voire de reconduire Michel
Sleiman, lactuel Président. Ces trois-là
ont le mérite davoir bien fait leur travail dans
une période difficile et on ne peut douter de leur patriotisme.
Un autre nom a cependant
été cité avec insistance. Celui de Jean
Obeid. Ses partisans, proches du 8 Mars, le disent
neutre. Un document EXCLUSIF, obtenu de sources syriennes,
tend à prouver le contraire.
TRADUCTION
Damas Top secret urgent |
République arabe syrienne
Palais Présidentiel
Service des renseignements extérieurs
Section des opérations 235/2
Date: 2012/19/8
N° : 25/5869
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(Message dinformation)
Monsieur Ali Abdelkarim, notre honorable ambassadeur, Suite aux
informations qui nous sont parvenues du bureau de sécurité
auprès de votre ambassade dans la missive N° 27/412
et qui contient les observations de Monsieur Jean Obeid ainsi
que ses informations sous la clause (Top secret et urgent).
Nous vous informons que selon les exigences de lintérêt
supérieur et vu les circonstances actuelles et la crise
que le haut commandement traverse, en raison des informations
de valeur par vous fournies, le dossier a été expédié
à la chambre des opérations pour lui donner la
suite qui lui convient.
Aussi, êtes-vous priés dignorer les évènements
à venir concernant Michel Samaha, et de nous fournir de
nouvelles suggestions, après concertations avec les amis,
qui serviront les intérêts supérieurs.
Prière de prendre connaissance et de nous répondre
de toute urgence. Joint nombre (2) copies.
(Tampon bleu en bas à droite) Le
secrétariat du Président de la République
N°25/5869, date 2012/19/8 Général major
Dhou Al Himma Chalich (Tampon circulaire
et signature).
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Jean Obeid naïf ou agent syrien
?
Cette
lettre, datée du 19 août 2012, est frappée
du tampon rouge Top secret-urgent et signée par le général
major Dhou Al Himma Chalich, chef de la sécurité
du Président de la République de Syrie, Bachar
Al-Assad.
Les termes employés par le général
Dhou Al Himma Chalich donnent à penser quil
existe une relation entre Jean Obeid, candidat pressenti
à la Présidence de la République du Liban,
et les autorités syriennes.
Plus grave, les informations que, selon
la première phrase, il a remis à lambassade
de Syrie à Beyrouth, ont nécessité
la transmission par les services de sécurité, de
plus « sous la clause Top secret - et urgent ».
Il faut accorder le bénéfice
du doute à Jean Obeid, néanmoins cette lettre
signifie, quau moins inconsciemment, il aurait transmis
des informations importantes, jouissant dune valeur stratégique
aux yeux des autorités syriennes.
Si, comme nous le souhaitons pour cet
homme, il a agi innocemment, rapportant des informations sans
en saisir limportance véritable à une puissance
étrangère et inamicale pour son pays, il a au moins
fait preuve dincompétence en tant quhomme
dÉtat (voir note).
Sil nest pas incompétent
mais agit en connaissance de cause, laffaire est encore
plus grave. Jean Obeid ne serait alors quun agent
au service de Damas.
Laffaire apparaîtrait alors dune extrême
gravité. En effet, la lettre établit un lien entre
les informations quaurait divulguées Jean Obeid
et laffaire de Michel Samaha.
Pour mémoire, il convient de rappeler les grandes lignes
du dossier Samaha.
Michel Samaha
est accusé davoir transporté des explosifs
depuis Damas pour organiser une campagne dattentats
à lintérieur du Liban. Ancien ministre,
après quelques années dans lopposition chrétienne
à la Syrie, il a rallié les courants politiques
pro-syriens au Liban à partir de 2002.
Le 9 août 2012, les explosifs
ont été retrouvés dans sa voiture et, passant
aux aveux, il a dit avoir rencontré à Damas
le général Ali Mamlouk, un responsable des
services de renseignement syriens, qui la chargé
de cette mission terroriste afin de déstabiliser le Liban
et dy dresser les communautés les unes contre les
autres.
Aujourdhui, sans tirer de conclusions
hâtives, mais en prenant le soin denvisager toutes
les hypothèses, il conviendrait que Jean Obeid
éclaircisse lui-même la situation en répondant
aux questions suivantes :
Monsieur Obeid,
1/ Avez-vous rencontré des diplomates ou des employés
de lambassade de Syrie à Beyrouth en juillet
ou en août 2012 et transmis des informations ?
2/ Quelle est la nature de vos relations
avec les autorités syriennes ?
3/ Êtes vous lié dune
manière ou dune autre à laffaire de
Michel Samaha ou bien entretenez-vous ou avez-vous entretenu
des relations avec cet homme ?
Nous nous ferions un plaisir de publier ses réponses.
Il y va de lavenir du Liban
et, en cette période troublée, du retour à
la stabilité de la région du Moyen Orient. Comment
atteindre un tel objectif si le prochain Président du
Liban était au service dun régime aussi impitoyable,
à légard de ses ressortissants, que celui
de Damas ?
Alain Chevalérias
Note
Jean
Obeid a commencé sa carrière comme journaliste
et a dirigé plusieurs journaux et magazines libanais.
Député de 1991 à 2005, il a aussi été
ministre, en particulier à lÉducation nationale,
de 1996 à 1998, et aux Affaires étrangères,
de 2003 à 2004.
Bachar Al Assad et Jean Obeid lors
d'une rencontre à Damas
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