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À la mi-février la situation est figée en Libye. Pour combien de temps encore ? Après la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011, le pays a éclaté en une multitude de zones contrôlées par des milices aux mains dorganisations islamistes ou tribales comme celle de Zenten. Face à ce désordre, un semblant de légalité sest mis en place. En juillet 2012, un parlement était élu sous le nom de Congrès général national. Problème, les islamistes le dominaient largement. En mars 2014, de nouvelles élections sont organisées. Non réélus, plusieurs députés refusent alors les résultats et décrètent toujours légitime lancien parlement. Ce dernier demeure à Tripoli et se dote dun gouvernement contrôlé par « Al-Fajr » (lAube en arabe), une fédération de milices islamistes. Mais les nouveaux élus ne lentendent pas de cette oreille. Sous le nom de Chambre des représentants, ils forment un autre parlement et, pour échapper à la guerre, sinstallent à Tobrouk, à lest du pays, où eux aussi nomment un gouvernement. Confrontées à cette dualité, les instances internationales font le choix de lest, la gouvernance de Tobrouk, il est vrai plus facile à soutenir parce quissue délections plus récentes. En outre, à lest, les anti-islamistes dominent, rassurant lOccident, même si dans leurs rangs on compte des anciens du régime de Kadhafi et des nationalistes quen Europe, pourtant, lon dénigre. Sappuyant sur Tobrouk, de Washington à Bruxelles, on voudrait bien se débarrasser des factions islamistes qui sévissent à Tripoli. À partir du printemps 2014, on va jusquà soutenir un ancien général de Kadhafi, Khalifa Haftar, pour mener la reconquête, lopération « Karama » ou « Dignité ». Aux yeux des Libyens, lhomme est pourtant dune crédibilité douteuse : capturé au Tchad en 1987 lors dune offensive libyenne contre ce pays, il était passé aux côtés des Américains. Dabord utilisé pour tenter de renverser militairement Kadhafi, il fut finalement exfiltré à Langley, à côté du siège de la CIA, en 1990, pour réapparaître en Libye à partir de 2011. Mais la reconquête dHaftar ne répond pas aux attentes. Pire, Daech (lÉtat islamique) simplante dans le pays allant jusquà semparer de Syrte, la ville natale de Kadhafi, doù ces radicaux partent à la conquête de la Libye. Au premier rang, pour sopposer à eux, apparaissent les instances de Tripoli avec les milices dAl-Fajr. Plus grave encore, lançant des missions du territoire libyen, Daech sinfiltre au Sahel, menaçant un peu plus la paix relative instaurée par la France dans cette région. Lanalyse de létranger, principalement des Occidentaux, change alors. Récemment, Jean-Yves Le Drian, notre ministre de la Défense disait « urgent » de trouver une solution politique en Libye pour pouvoir aider un gouvernement dunion nationale à combattre Daech. Le 17 décembre dernier, on semblait arrivé au bout du tunnel : à Skhirat, au Maroc, la majorité des factions libyennes, pas toutes cependant, acceptait un gouvernement sous le parrainage des Nations Unies. Mais le parlement de Tobrouk le refusait. Sous prétexte que les ministres étaient trop nombreux, il cherchait à protéger Haftar, le ministère de la Défense ayant été confié à un autre. Depuis, on senlise. On taille dans les effectifs du gouvernement, on promet et lon sinvective, mais en vain. Pendant ce temps-là, Daech avance, en Libye et en Afrique noire. Tout cela est le résultat dactions militaires et politiques irréfléchies de lOccident. |
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