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Le roi Mohammed VI aime, comme feu son père, flirter avec la modernité sans prendre de risques. Il y a un an, sur sa recommandation, le conseil des ministres avait nommé une commission chargée dexpurger des manuels scolaires des concepts par trop rétrogrades. Le roi cherchait par ce moyen à plaire aux pays occidentaux, en poliçant lislam officiel, et à saper linfluence des radicaux islamistes dès les lycées, où lislam est enseigné jusquau baccalauréat. Le résultat ne semble pas à la hauteur des espérances du Prince. Dans le nouveau « Manuel déducation islamique », sorti fin octobre 2016, la philosophie, matière pourtant enseignée au lycée, est présentée comme « une production de la pensée humaine contraire à lislam ». En outre, elle est estimée « lessence de la dégénérescence ». Le ministère de lÉducation hurle au « procès dintention ». Selon lui, le manuel ne ferait que citer un clerc islamiste du XIIIe siècle, As-Salah Ach Chahrazouri. Bien, mais pourquoi lui et pas un religieux reflétant une position plus nuancée ? Pourquoi pas, au moins, une autre citation pour contrebalancer cette vision radicale ? Pour dire ce propos reflétant bien le sentiment des «réviseurs » de louvrage, un autre terme apparaît dedans qui aurait dû susciter lui aussi une polémique : celui de « mécréant », « kafir » en arabe. Si on sen tient à la lettre du Coran, ni les chrétiens, ni les juifs ne sont supposés appartenir à cette catégorie. Certes, pour les désigner, le mot « kafir » était généralisé sous le califat, arabe puis ottoman. Ceci afin de justifier les guerres menées contre les chrétiens et leur réduction à linfériorité sous la juridiction musulmane. Pour comprendre les difficultés rencontrées par la monarchie chérifienne dans ses modestes efforts de modernisation, il faut se remémorer les points suivants :
Benkiran, Premier ministre depuis 2011, est un enseignant passé à lislamisme et à la politique depuis les années 70. Influencé par la branche radicale des Frères musulmans, il est néanmoins manoeuvrier. Dans lincapacité de faire reconnaître un parti politique islamiste, il a très vite été lalibi démocratique du régime en jouant les faire valoir de celui-ci. Du même coup, il avait pour mission de récupérer les extrémistes contestant la monarchie chérifienne et de les ramener sous la houlette du roi (*). Tout cela explique la difficulté rencontrée par le régime chérifien pour faire évoluer la teneur du manuel déducation islamique des lycées. Aussi, sous des dehors aimables, le Maroc est-il lun des pays les plus en retard en matière dadaptation de lislam à la modernité, mis à part lArabie Saoudite et lIran. Il en résulte une fragilité intrinsèque du régime. * Jai rencontré Abdelilah Benkiran à la conférence islamiste de Khartoum, en 1995, à laquelle jassistais envoyé par un journal. Il nen fallait pas beaucoup pour, le provoquant, le pousser à déverser sa haine de lOccident et sa radicalité islamiste. Benkiran a été déhargé comme premier ministre 15 mars 2017 Alain Chevalérias |
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