Rien ne vaut la mort dun homme |
août 2010
Le 5 août, lAFP clamait dans une
dépêche : « Al-Qaïda au Maghreb islamique
(AQMI) a maintenu quil avait eu des négociations
avec la France pour la libération de lotage français
Michel Germaneau, affirmant que ses demandes étaient «
claires », a rapporté jeudi le centre de surveillance
des sites Internet islamistes SITE ». Le plus souvent, ils sont présentés comme récupérés sur Internet par le « SITE », comme le rapporte ensuite toute la presse, usant de ces majuscules inhabituelles sans donner plus dexplication. Se contentant de la bonne parole diffusée par les médias, on présume donc ce « SITE » une structure officielle, jouissant des plus sûres garanties dimpartialité. Et pourtant ! Cette appellation correspond au site
en anglais « Site Intelligence Group »,
qui traduit les textes de larabe et les transmet ensuite
à ses seuls abonnés. Il faut néanmoins savoir
« Intelligence Group » une émanation
de lÉtat dIsraël. La directrice sappelle
Rita Katz. Née en Irak, elle jouit de la double
nationalité : américaine et israélienne.
Elle a en outre obtenu ses diplômes à Tel-Aviv.
Parmi ses trois conseillers mis en avant, figurent Gabriel
Weimann, professeur de Communication à lUniversité
de Haïfa (Israël), et Bruce Hoffman,
directeur de la Rand Corporation et intervenant auprès
du JINSA, une institution juive pro-israélienne
dont lacronyme signifie « Jewish institute
for national security affairs ». Cette longue digression pour arriver au coeur de notre question : doù vient le communiqué de lAQMI, contesté par les autorités françaises, qui affirment quaucunes négociations nétaient en cours pour obtenir la libération de Germaneau ? Selon plusieurs médias en arabe, une organisation dénommée « Al Fajr » aurait servi à la diffusion du message. Problème cependant, pour des raisons de sécurité, les sites islamistes radicaux sont évanescents. Plus fugaces encore, les enregistrements de cassettes ou de CD peuvent apparaître et disparaître aussi rapidement sur des forums de discussion. En dautres termes, toutes les manipulations sont possibles et lon peut soupçonner nimporte qui de faire passer nimporte quoi. Raison de plus de se méfier quand on voit à quel point les Israéliens sont parvenus à sintroduire dans les tuyaux de la communication des islamistes radicaux sur Internet. On mesure le degré dinféodation des médias occidentaux à linfluence sioniste à la facilité avec laquelle ils « avalent » linformation prédigérée par le « SITE » au point de risquer lintoxication. Car, personne nen disconviendra, Israël na rien dun partenaire neutre face à lislam, que ce dernier soit extrémiste ou non. Or, voilà où le doute nous assaille, Israël ne conduit pas seulement une guerre contre les organisations et pays musulmans qui, par les armes ou le verbe, remettent en cause sa légitimité. Il mène aussi une offensive plus discrète contre les intérêts français en Afrique, se rangeant pour ce faire dans le camp anglo-saxon. Nous avons mis cette réalité en évidence dans plusieurs cas. Celui, par exemple, de lattaque aérienne du 6 novembre 2004, qui valut la mort de neuf de nos soldats en Côte dIvoire (1), ou celui de la campagne de diffamation conduite en sous-main par Israël pour dénigrer laction de nos soldats au Rwanda (2). Dans ces conditions, quand linformation, relative à la mort de Germaneau, surgit de « tuyaux » sous contrôle israélien, difficile de ne pas craindre une manoeuvre de lÉtat hébreu, dans ce qui apparaît comme une nouvelle offensive, pour discréditer notre bras coercitif à létranger. Les réseaux islamo-terroristes existent bien, nous feront remarquer les esprits éveillés, et nont pas non plus dintentions amicales à notre égard. Vrai ! Néanmoins, lAQMI entretient détranges relations avec certains services de renseignement pourtant réputés leurs ennemis. Jeremy Keenan, un anthropologue britannique connaisseur du Sahel et des enjeux politiques sub-sahariens, publiait un commentaire à propos de la mort de Germaneau, le 8 août sur le journal Internet Al Jazeera, canal télévision du Qatar. Nous ne suivons pas Keenan dans sa démonstration, qui aurait dû rester une hypothèse, dune double attaque militaire, lune destinée à occulter lautre. Amari Saïfi ou Abderrezak el Para Cependant, comme lui, nous confirmons létroitesse des relations entre la DRS, le service algérien, et certains dirigeants de lAQMI. Nous avons déjà pointé du doigt le rôle dAbderrezak El Para (3), ancien militaire algérien et ancien responsable de lAQMI. Capturé au Tchad, puis remis aux autorités de son pays, il vit aujourdhui sous protection de larmée algérienne qui a refusé de le faire comparaître au procès, intenté contre lui à Alger. Il a pourtant été condamné par contumace. De même, Hassan Hattab, le fondateur du GSPC, ancien nom de lAQMI, vit lui aussi librement en Algérie et donne même des interviews. Comme celle publiée le 15 octobre 2005 (4) par le journal arabe « Al Charq Al-Awsat ». Hassan Hattab, fondateur du GSPC Ce qui pourrait passer pour une illusion de journalistes se voit confirmé par plusieurs enquêteurs des services occidentaux, qui confirment la manipulation de lAQMI par les services algériens. Ces derniers se servent de ce mouvement pour étendre leur influence dans le Sahara et à ses confins, au Mali, au Niger, en Mauritanie et jusquau Tchad. Ils veulent en chasser les Français et semant le trouble, passer comme le seul recours possible pour restaurer la sécurité dans la région, afin dy jouer le rôle de gendarme. Nous nirons pas jusquà accuser Israël de participer à la manipulation de lAQMI. Nous remarquons néanmoins les manoeuvres anti-françaises communes à ce pays et à lAlgérie. Nous savons aussi des liaisons existant entre les services secrets algériens et ceux dIsraël. Ainsi, le commandant Uri Barsony (5), pour ne parler que de lui, est certes un ancien officier sud-africain, mais aussi un proche du Shin-Bet, lun des services israéliens. Comme nous lavons déjà évoqué, il a joué un rôle important pour entraîner les forces spéciales algériennes, au début des années 2000, et servi de liaison entre la DRS algérienne et le Mossad israélien. La France, empêtrée dans des alliances avec des pays pratiquant systématiquement le double jeu, se voit embarquée dans des parties de poker menteur où elle ne peut que laisser des plumes. Cela durera tant que nos responsables politiques ne feront pas passer les intérêts de la nation avant leurs allégeances personnelles à dautres pays. Germaneau a payé cela au prix de sa vie.
Liens: |
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |