Comme la rapporté la presse, cinq
Français, un Togolais et un Malgache travaillant pour
les sociétés françaises Areva et Satom ont
été enlevés au Niger dans la nuit du 15
au 16 septembre dernier par lAQMI. Cette affaire a été
précédée, dans le même pays, par lenlèvement
de Michel Germaneau,
un autre Français, le 19 avril 2010 et exécuté
le 25 juillet 2010.
Par la capture de Pierre Camatte, Français lui aussi,
en novembre 2009 au Mali, qui a été libéré
le 23 février 2010. Par le kidnapping de deux Espagnols
au Mali, Albert et Roque Pascual, libérés contre
rançon le 24 août, et dAlicia Gamez, elle
aussi Espagnole, qui a retrouvé la liberté en mars.
En raison des risques encourus, le rallye Paris-Dakar 2000 avait
évité le Niger et celui de 2008 avait été
supprimé. Depuis 2009, il se déroule en Amérique
du Sud.
POUR
MÉMOIRE
Le
18 novembre 2010, lAQMI a fait diffuser un communiqué
par Al-Jazeera, la chaîne de télévision qatarie.
Abdelmalek Droukdal, le chef de lAQMI a dit : «
Si vous voulez que vos citoyens prisonniers chez nous soient
sains et saufs, vous devez vous hâter de retirer vos soldats
dAfghanistan en accord avec un calendrier précis
rendu public ». Il a ajouté : « A lavenir,
toute forme de négociation sur ce sujet ne sera conduite
avec personne dautre que notre Cheikh Oussama
Ben Laden selon ses conditions ».
Un moyen habile de délocaliser lenjeu en donnant
une ampleur mondiale aux activités dune bande travaillant
pour des intérêts situés en Afrique du Nord.
Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense
depuis le 14 novembre, a répondu : la France « ne
peut accepter que sa politique soit dictée à lextérieur
par qui que ce soit ». Une fermeté verbale assez
peu de mise quand la vie dotages est en jeu.
Pour
Ahmed Ouyahia, Premier ministre algérien, « On na
pas besoin dun déploiement étranger au Sahel
», pour faire face aux prises dotages dOccidentaux
dans cette région par lAQMI (Al-Qaïda au Maghreb
Islamique). Ses propos dévoilent clairement les ambitions
dAlger dans la région.
Il a précisé au journal algérien «
LExpression » du 1er novembre : « Si
demain nous avons une présence occidentale de quelque
pays que ce soit, ils (les terroristes) vont devenir des
moudjahidine et là, nous créerons un enfer avec
les meilleures intentions du monde ».
Or, comme cela a été prouvé par le Centre
de Recherches sur le Terrorisme et publié dans «
Alerte Anti-Terroriste », les services de renseignements
algériens exercent une certaine influence sur lAQMI
par le biais dagents infiltrés. Les propos dOuyahia
sonnent donc comme une menace.
Alors que propose-t-il ? «
Nous disons à nos amis du monde que les pays du Sahel
ont besoin daide... Tant quil ny a pas
de développement (dans la région), la sécurité
reste fragile ». Et de préciser : « Les
pays du Sahel ont besoin de moyens ou de fonds pour développer
ladministration des régions Nord de leurs pays et
renforcer leurs forces de sécurité ».
En clair, le message signifie que nous, lOccident, navons
quà nous taire et à payer pour la sécurité
de nos ressortissants en mission dans la région. Un chantage
à peine discret.
Quant à lAlgérie, elle se réserve
le beau rôle : « Nous assumons notre devoir sur
notre territoire comme nous lassumons à lendroit
de nos voisins à travers les mécanismes des chefs
détat-major, des services de sécurité
et dautres rencontres », ajoute Ouyahia.
Les services de renseignements tirent
la sonnette depuis un moment pour alerter les hommes politiques
de nos pays : les Algériens, tout en poussant lAQMI
à multiplier ses rapts, exercent une influence croissante
sur les autorités du Mali et du Niger afin de jouer le
rôle de super gendarme de la région.
Cest un processus de prise de contrôle du Sahel
par lAlgérie auquel nous assistons. Or, si nous
devons restés respectueux de lindépendance
de ces pays, nous navons pas vocation à financer
leur recolonisation par un pays arabe en nous soumettant à
un chantage au terrorisme.
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