SOUS LA MENACE AMÉRICAINE |
décembre 2009
Selon les journalistes du «
Washington Times », Mollah Omar aurait été
déplacé de la ville pakistanaise de Quetta, où
il sabritait, vers la ville de Karachi, plus grande agglomération
du pays avec une population de 18 millions dhabitants.
« Lexfiltration » du chef des Taliban
afghans aurait été organisée par des officiers
de lISI, le principal service de Dans le contexte régional, les États-Unis ont besoin du soutien, sinon au moins de la neutralité, du Pakistan. Aussi ne sommes-nous pas convaincus que la méthode consistant à régler ses comptes avec ce pays par le truchement de la presse soit, pour les États-Unis, le meilleur moyen dentretenir de bonnes relations avec lui. Certaines informations, voire rumeurs, méritent de demeurer confinées dans le secret des États. Car, évoquées au moment souhaitable au cours de tête-à-tête, elles servent de moyens de négociation, voire de pression. En revanche, divulguées dans la presse, elles deviennent des causes de conflit. Si les journalistes tiennent leur rôle, diffusant ce quils savent, les responsables politiques ne sont pas dans le leur, divulguant des informations sensibles ou, pire, se livrant à la pratique de la désinformation contre un allié, fût-il rétif. En effet, dépendant du Pakistan pour approvisionner leurs troupes en Afghanistan, à partir du port de Karachi, les États-Unis auraient tout à perdre si Islamabad durcissait sa position à leur égard. Plus grave encore, si son gouvernement se retrouvait déstabilisé. Or, aujourdhui, le Pakistan
se voit acculé dans une situation dramatique. Presque
quotidiens, les attentats ensanglantent le pays. Larmée
est mobilisée dans la zone
tribale du FATA, pour partie aux mains des Taliban
pakistanais, alliés de ceux de lAfghanistan.
Des deux côtés de la frontière, ces organisations
ont engendré un continuum de guerre nécessitant
la coopération des Américains et des autres troupes
étrangères avec le pouvoir pakistanais. Tout propos,
toute action, affaiblissant la volonté de coopérer
dIslamabad menace de transformer les deux pays en
un seul espace de guerre. En dautres termes, à augmenter
le nombre des ennemis des forces occidentales en Afghanistan
au lieu de le réduire. La situation aurait pu dicter plus de savoir-faire à Washington. Selon un rapport publié par la télévision pakistanaise le 12 novembre 2009, au cours des six dernières années, 7004 civils et 2 637 membres des forces de sécurité ont été tués au Pakistan. Du côté des insurgés, on compte 12 487 morts. On constate en outre une progression
quasi géométrique du nombre dattaques suicides
depuis 2005. Quand on nen comptait « que
» sept cette année-là et quatre la suivante,
elles montaient à 56 en 2007. Début novembre
2009, elles atteignaient déjà le nombre
58. Pendant la seule année 2009, on a compté la moitié des Taliban et assimilés tués par larmée depuis 2005. Ce constat seul suffit à prouver sa détermination. Or, affaiblissant les Taliban côté Pakistan, elle affaiblit aussi ceux dAfghanistan, qui perdent ainsi une zone de repli. Aussi, plutôt que de lancer de dangereuses rodomontades à Islamabad afin de dissimuler son demi-échec en Afghanistan, Washington devrait plutôt se demander comment aider le Pakistan à surmonter les difficultés auxquelles il est confronté. |
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