PALESTINE, UN ÉTAT DÉSIRÉ MAIS PEU DÉSIRABLE

octobre 2011

Du 19 au 23 septembre, se déroulait à New York la semaine d’ouverture de la 66ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Eclipsant tous les autres problèmes évoqués, le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé les États membres à soutenir la demande d’admission de la Palestine en tant qu’État aux Nations Unies.

Prenant la parole peu après le leader palestinien, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lui a répondu : « Israël veut la paix avec un État palestinien, mais les Palestiniens veulent un État sans la paix ». C’était un procès d’intention, irrecevable en droit. Cependant, on comprend bien Netanyahu voulant mettre en avant, par ces mots, la préoccupation sécuritaire d’Israël.

Il a reproché aux Palestiniens de ne pas accepter les négociations de paix. En fait, Abbas réclame en préalable de la table de négociation, le gel de la colonisation des territoires palestiniens par des Juifs. Pas le démantèlement des colonies, mais seulement l’arrêt des occupations de terres. Ce geste, après tout de pure bonne volonté, lui a été refusé.

Pour sa part, Netanyahu oublie qu’il réclame en préalable la reconnaissance par les Palestiniens de « l’intangibilité du caractère juif de l’État d’Israël ». On sait ce que peut sous-tendre pareille demande : le souhait d’expulser les 20% d’Arabes vivant sur le territoire israélien ou, pour le moins, de réduire encore leurs droits dans un pays où ils sont déjà politiquement, socialement et économiquement marginalisés. Qu’Abbas refuse de signer un chèque en blanc se comprend.

D’ailleurs, si Netanyahu n’avait pas une idée derrière la tête en faisant pareille demande, pourquoi la formulerait-il ? En outre a-t-on déjà vu un pays exiger la reconnaissance de la nature dont il se réclame auprès de ses voisins ? L’URSS n’avait pas produit ce genre d’exigence, auprès des pays frontaliers, se proclamant « soviétique », ni l’Iran, en prenant l’identité « islamique ».

Parmi l’avalanche d’arguments déversés par les partisans d’Israël, l’un d’eux donne à sourire. Avec une prévenance suspecte, ils affirment la demande de création d’un État contraire aux intérêts palestiniens. Comme si c’était là leur principale préoccupation !

Un autre argument relève de la désinformation. Selon ses propagateurs, la Résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations Unies, votée le 29 novembre 1947, ne parlait pas d’un État arabe. C’est faux, dans le paragraphe six, par exemple, on évoque « les frontières de l’État arabe, de l’État juif et de la Ville de Jérusalem ».

Faut-il le rappeler, Jérusalem ne devait ni passer entre les mains des Arabes, ni entre celles des Juifs. Cette ville centrale pour au moins les trois principales religions monothéistes devait rester internationale et relever d’une juridiction de même nature. D’autre part, selon le Plan de partage de 1947, consacré par la Résolution 181, les deux peuples recevaient chacun la moitié du territoire de la Palestine alors encore sous mandat britannique. Depuis, il y a eu la guerre de 1948. Les Israéliens se sont alors octroyé 50% de l’espace palestinien, dans ce que l’on appelle « les lignes de 1967 ». Que les Palestiniens, avec eux les gouvernements des pays arabes, aient accepté ces lignes pour frontière représente donc une concession considérable.

Voilà sans doute pourquoi les Israéliens veulent des négociations bilatérales et refusent un règlement de leur différend avec les Palestiniens par l’autorité de New York : les Nations Unies pourraient leur rappeler les réalités du Plan de partage de 1947.

On pourrait longtemps gloser sur le sujet. Il suffit, à la fin, de revenir à l’essentiel. Oui, les Palestiniens ont le droit de réclamer la reconnaissance d’un État devant les autorités onusiennes. D’autant plus que ce droit leur a été reconnu, comme pour les Israéliens, par la Résolution 181. Et c’est bien ce qui embarrasse ces derniers.

Reste à admettre la situation politique intérieure, guère favorable à la naissance de l’État palestinien.

Deux entités se partagent le territoire. En Cisjordanie, « l’Autorité » dirigée par Abbas. A Gaza, le Hamas. Deux programmes, deux conceptions de l’avenir israélo-palestinien et une même volonté de gouverner seul. En clair, en droit, on peut déclarer un État palestinien, mais aucun des problèmes de fond ne sera résolu pour autant.

Israël joue là-dessus pour obtenir le veto des Américains au Conseil de sécurité. Oui mais... si la Résolution était votée en Assemblée générale, à la majorité des États membres donc. Tout n’est pas joué.

Alain Chevalérias

Israël-Palestine : Sarkozy touché par la grâce de la déesse Raison
Le 20 septembre, à New York, Nicolas Sarkozy a déclaré : « Prenons garde que des conflits qui durent depuis 60 ans ne viennent empoisonner la construction de la démocratie dans les pays musulmans... » Certes, il aurait pu dire « le » conflit israélo-palestinien. Mais qu’importe, tout le monde aura compris. Sur la forme, alors qu’il proposait un siège « d’observateur » et non d’État membre pour la Palestine aux Nations Unies. Le Président français veut laisser son empreinte à un règlement tant attendu du différend. Il agit en cherchant à ménager la chèvre et le chou. On ne saurait l’en critiquer. Les signaux de l’urgence se mettent au rouge à travers tout le Moyen-Orient : la Turquie, seul pays musulman à avoir conclu pareille relation, a rompu son alliance militaire avec l’État hébreu où le Qatar a fermé son bureau de représentation commerciale. Quant à la Jordanie, l’ambassadeur israélien a été rappelé en raison des manifestations et des menaces qui pèsent sur ses bureaux. Plus grave, dans les pays où l’on « construit » la démocratie, la parole, libérée, se prononce contre Israël. Le 10 septembre, en Égypte, on a vu plus de 2000 personnes s’attaquer à l’ambassade d’Israël. Les dossiers on été jetés par les fenêtres et le personnel diplomatique évacué sur l’aéroport. La population réclame la révision de l’accord d’exportation de gaz naturel vers Israël et, à de nombreuses reprises, le pipeline a été saboté interrompant l’approvisionnement. En Tunisie, plusieurs agressions ont été signalées contre des synagogues et, à Djerba, le pèlerinage annuel de la communauté juive annulé. Alors, oui, il est temps pour Israël de changer de politique. Sarkozy l’a enfin compris.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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