12 QUESTIONS SUR

L'ATTAQUE D'ISRAËL CONTRE LE LIBAN

publié le 23 juillet 2006

 

Le 12 juillet 2006, à la suite de la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah, une nouvelle épreuve s'abattait sur le Liban. Israël lançait une campagne de bombardement sans précédent, sur un pays qui avait déjà connu quinze ans de guerre. Le Hezbollah tirait pour sa part des roquettes et des missiles contre les agglomérations israéliennes. Au 23 juillet à 15 heures, selon l'AFP :
- Au Liban, on comptait
361 morts, dont 318 civils, 26 militaires libanais, en rien pourtant responsables du conflit, et 17 miliciens du Hezbollah.
- En Israël,
37 personnes sont mortes, 17 civils et 20 militaires.
En pertes humaines et en destruction, le Liban subit l'essentiel du préjudice. On remarque aussi que, côté libanais, les pertes civiles sont beaucoup plus élevées en proportion qu'en Israël. A se demander qui est terroriste.

 

Nous essayons de réponde à quelques interrogations.

Les deux soldats israéliens ont-ils été enlevés par le Hezbollah en Israël ou au Liban ?

On répète aujourd'hui à l'envie que les deux soldats israéliens ont été capturés sur le territoire israélien. Possible. Néanmoins, rapportée par toute la presse * une information émanant de la police libanaise affirmait que la capture avait eu lieu sur le territoire libanais.

Il faut en effet se demander comment le Hezbollah est parvenu à franchir le réseau de barbelés, de hauts grillages et de lignes électrifiées matérialisant la frontière entre le Liban et Israël.

Néanmoins, plaidant dans le sens d'une capture en sol israélien, on remarque que le Hezbollah ne fait aucun commentaire sur le sujet. S'il avait effectué son opération en territoire libanais, il semblerait logique qu'il cherchât à en informer l'opinion.

 

La réaction d'Israël est-elle proportionnée à l'attaque ?

Si, comme il est probable, les deux soldats israéliens ont été capturés sur le sol de leur pays, certes il y a provocation du Hezbollah. La responsabilité de ce parti dans le déclenchement de la guerre est donc évidente. En effet, le précédent de la dernière offensive sur Gaza, déjà provoquée par la capture d'un soldat israélien, ne permettait pas de douter de la réaction d'Israël.

Néanmoins, on comprend hors de proportion l'offensive lancée par l'Etat hébreu. Aujourd'hui, nous approchons les 400 morts, pour la plupart civils. En outre, les Israéliens se sont acharnés sur les infrastructures civiles (aéroports et aérodromes, routes, ponts, échangeurs routiers, centrales électriques, émetteurs de télévisions et antennes du réseau téléphonique). Ils ont aussi attaqué les positions de l'armée libanaises, affaiblissant celle-ci, quand elle est le garant de l'unité nationale dans un pays toujours guetté par le risque de la guerre civile. Enfin, les forces juives ont aussi bombardé les régions sunnites (comme Tripoli) ou chrétiennes (comme Jbeil), d'où les chiites sont absents et par conséquent la moindre infrastructure du Hezbollah.

Détruisant un pays qui s'est endetté pour se reconstruire après quinze ans de guerre civile, Israël a bloqué son développement. On se demande pourquoi, si ce n'est pour éliminer un concurrent économique qui commençait à repartir.

 

Pourquoi l'attaque de l'Etat hébreu est-elle lâche ?

Israël dispose de 168 000 soldats d'actifs (186 500 selon le Centre Jaffee de l'université de Tel Aviv) et de .. 408 000 réservistes. Le Liban ne compte que 72 000 soldats. Sur tous les plans, on assiste au même déséquilibre.

 

 ISRAEL

 LIBAN
Soldats & Réservistes
 
 
168 000
&
408 000

 72 000
Chars

 3 630

 310
Avions de chasse & bombardiers 470

 0
Navires de guerre

15

 0
Sous-marins

 3

 0

A ce déséquilibre considérable, il faut ajouter que le Liban ne dispose pas d'armes anti-aériennes capables d'arrêter les avions de chasse et les bombardiers d'Israël. En d'autres termes, sur un plan défensif, le Liban ne peut même pas empêcher Israël de franchir sa frontière et de bombarder son territoire.

Il faut parler des moyens militaires du Hezbollah. On les estime à 3 à 5000 hommes et 10 000 réservistes. Ils disposent d'un stock de roquettes et de missiles de milliers de munitions et d'armes légères. Ils n'ont pas non plus d'armes antiaériennes capables d'arrêter les avions israéliens.

 

Les tirs d'Israël sont-ils justifiés par ceux du Hezbollah ?

Il faut pour juger bien prendre garde à l'enchaînement des événements.

1/ Le 12 juillet, les deux soldats israéliens sont enlevés vers neuf heures du matin par le Hezbollah. Huit autres sont tués dans les combats.
Notable : Le gouvernement libanais désavoue l'opération du Hezbollah. D'autre part, le Hezbollah propose d'échanger ses prisonniers contre des Libanais détenus pour certains depuis des années en Israël.

2/ Dans la nuit du 12 au 13 juillet, les Israéliens commencent à détruire les ponts du Sud. Le matin du 13, l'aviation israélienne bombarde l'aéroport de Beyrouth et la banlieue sud de la capitale libanaise. Le Hezbollah réplique en tirant des roquettes contre des positions militaires israéliennes et les agglomérations au nord d'Israël. On compte 46 civils Libanais tués par les tirs israéliens pour la journée du 13.

Etrangement, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, affirme qu'il " ne cherche pas l'escalade ni ne veut entraîner le Liban et la région dans la guerre. " Il prévient néanmoins qu'en cas d'agressions d'Israël, les ripostes seront " impitoyables. "
(" Le Monde " du 14 juillet). Les attaques israéliennes continuent.

Dans la soirée, pour la première fois, deux roquettes touchent la ville israélienne d'Haïfa située à une trentaine de kilomètres de la frontière.

3/ Dans la nuit du 13 au 14 juillet, les réservoirs de carburant de l'aéroport de Beyrouth sont détruits. Les infrastructures civiles sont prises pour cibles les unes après les autres. Un blocus naval israélien s'est positionné depuis la veille et les navires de guerre tirent contre le Liban.

Dans cette offensive, on voit d'abord la capture de soldats par les hommes du Hezbollah. En réponse, des attaques israéliennes touchant immédiatement les infrastructures civiles et touchant la population. Le Hezbollah répond tout d'abord en frappant les zones frontalières de la Galilée. Puis il prévient. Les attaques israéliennes se poursuivent et le Hezbollah répond en tirant des munitions de plus longue portée contre la ville d'Haïfa.

L'enchaînement des événements plaide en défaveur d'Israël. Cela ne donne pas un brevet de vertu au Hezbollah. Nous l'avons déjà dit, ce dernier savait provoquer une réponse extrêmement violente d'Israël.

Néanmoins, si le Hezbollah n'est qu'un parti politique, provocateur et/ou inconscient, Israël est un Etat, siégeant aux Nations unies et à ce titre, d'un point de vue légal, bien plus responsable. En outre, les Israéliens, qui entretiennent le souvenir des persécutions nazies dont furent victimes les juifs, devraient mieux que quiconque manifester du dégoût pour les punitions collectives et la cruauté contre des populations démunies.

Précédant ceux du Hezbollah contre des zones habitées, les tirs intensifs d'Israël touchant des populations civiles et les infrastructures économiques ne sont en rien justifiés par ceux du Hezbollah. En outre, la responsabilité de l'Etat juif étant supérieure à celle du Hezbollah en termes légaux, sa culpabilité en est décuplée.

 

Quel est le degré de responsabilité des grandes puissances dans ce conflit ?

Les Etats-Unis porte la responsabilité la plus écrasante. Le 13 juillet, ils opposaient un veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant Israël " à mettre fin à ses opérations militaires et à leur usage disproportionné " dans la bande de Gaza. Dans les couloirs, les diplomates américains disaient sans hésiter qu'une résolution sur le Liban subirait le même sort.

En tant qu'alliés, protecteur d'Israël et plus grande puissance mondiale, pour leur complicité active, les Etats-Unis sont donc coupables de ce qui se passe au Liban au même titre qu'Israël.

Quand au reste du monde, il brille par sa lâcheté. Les Arabes palabrent et se gardent bien d'agir. L'Europe, la France la première, évacuent leurs ressortissants désignant implicitement le Liban comme un champ de bataille ouvert à Israël. Dans ce contexte, les civils libanais qui ne jouissent que d'un passeport ne sont guère plus que du bétail.

 

Quelle est la responsabilité particulière de la France ?

" Eh ! Messieurs ! Il s'agit des chrétiens du Liban ! Les chrétiens du Liban, mais ils sont vos frères depuis des siècles... "

Adolphe Crémieux interpella ainsi les députés à la Chambre. C'était en 1860, quand les chrétiens du Liban tombaient par milliers massacrés par les musulmans et les druzes. Napoléon III dépêcha une force sous les ordres du général de Beaufort qui planta ses tentes dans la Forêt des Pins, alors à côté de Beyrouth.

Juif militant, il est l'inspirateur du décret qui portera son nom et donnera, à partir de 1870, la nationalité française aux juifs indigènes d'Algérie.

Hier les chrétiens, aujourd'hui tous les Libanais appellent la France. Nous le craignons, il n'y aura pas de Crémieux pour appeler à l'aide du Liban.

C'est vrai, héritage des croisades oblige, les Français s'intéressèrent d'abord aux chrétiens du Liban. Avec le temps, ils ont cependant noué des relations de plus en plus étroites avec les musulmans. Jusqu'à aujourd'hui, ne plus voir qu'un seul peuple.

Dans ce contexte, compte tenu de l'attachement des Libanais à la France et de notre histoire commune, notre pays a un devoir particulier à l'égard du Liban. Nous le sentons tous.

Jacques Chirac le sait. Au deuxième jour de l'attaque israélienne, sous le choc, a parlé de " volonté de détruire le Liban. "

Mais la raison d'Etat et celle de ses intérêts l'emportaient rapidement. Il coûte cher de s'opposer aux Etats-Unis. En outre, en France, à un an à peine des élections présidentielles, tous les candidats courtisent Israël pour obtenir son soutien. Dans notre pays, cette recherche de l'onction israélienne trahit mieux qu'un discours la puissance des réseaux liés au sionisme.

Alors Chirac s'est calmé, se contentant d'envoyer son Premier ministre et son ministre des Affaires étrangères sur le terrain pour jouer les pleureuses.

 

Qu'est-ce que la France aurait pu faire ?

Nous sommes devenu un pays pacifique, certes. Mais pacifique ne veut pas dire pacifiste et défendre ses amis à partir de leur territoire ne relève pas de l'agression.

Dans un premier temps, nous aurions pu exiger d'Israël la cessation immédiate des attaques contre le Liban en menaçant son gouvernement d'intervenir dans les plus brefs délais.

Dans un deuxième temps, si les attaques continuaient, d'envoyer sans attendre une partie de notre flotte et d'encadrer ainsi un chenal ouvrant le chemin de la côte libanaise aux navires marchands en dépit du blocus israélien.

Dans le même mouvement, de positionner des batteries anti-aériennes sur le sol libanais afin de protéger le Liban des attaques aériennes israéliennes.

Nous en sommes convaincus, Israël aurait cédé, car ce pays, assez lâche pour attaquer le Liban incapable de se défendre, ne se risque pas à s'en prendre à la Syrie mieux armée.

La France en serait sortie grandie, agissant au nom de la justice et non de bas intérêts immédiats.

Reste, c'est vrai, le prétexte de la guerre lancée par Israël : les prisonniers israéliens et le Hezbollah. Nous aurions pu alors, jouissant de la reconnaissance des libanais, exercer des pressions dans le sens souhaitable. Obtenir ainsi le retour à la légalité internationale.

Encore, pour mener à bien un tel plan, faut-il un peu de courage et de générosité.

 

Les grandes puissances dissimulent-elles des intentions non avouées ?

Le Hezbollah fait peur à tout le monde. Le prétexte qu'il a donné à l'offensive d'Israël ne fait que renforcer l'inquiétude qu'il génère.

Israël laisse entendre qu'il va éradiquer ce mouvement. Cela rassure les dirigeants occidentaux. Mis au pied du mur par des connaisseurs du sujet, les Israéliens admettent cependant ne vouloir que réduire l'infrastructure du Hezbollah (Voir l'interview d'Isaac Herzog).

Néanmoins, peu soucieux de se frotter au Hezbollah, conscients aussi que l'armée libanaise ne parviendrait pas à désarmer le mouvement par la force, les Occidentaux se sont laissés séduire par les promesses israéliennes. On le sent à travers les propos des Américains comme de ceux des Européens.

En échange d'un peu de temps, les gouvernants occidentaux espèrent qu'Israël va les débarrasser du Hezbollah. Nul bien sûr ne le dira ouvertement.

 

Quelles étaient donc les raisons du soutien enthousiaste de nos gouvernements au " mouvement du 14 mars " ?

Le mouvement du 14 mars est le nom donné au rassemblement multiconfessionnel libanais pour le rejet de la présence syrienne à la suite de l'assassinat de Rafic Hariri, l'ancien Premier ministre.

L'Occident a soutenu avec ferveur ce printemps politique libanais.

A l'analyse, cependant, on comprend l'intérêt du peuple libanais de peu d'importance dans l'affaire. Nos dirigeants ne voyaient là qu'une opportunité à saisir pour se débarrasser de la présence syrienne au Liban et, espéraient-ils, le désarmement du Hezbollah.

La preuve ? Ils laissent Israël bombarder le Liban comme si les destructions et les morts libanais étaient un prix normal à payer pour désarmer le Hezbollah. On sent là une insensibilité aux souffrances du peuple du Pays des Cèdres.


Israël va-t-il parvenir à réduire le Hezbollah ?

Pour croire des frappes aériennes et des pilonnages pouvoir disloquer une guérilla, mobile et disséminée, il faut être naïf. Ces attaques n'auront guère plus d'effet sur le plan psychologique. Elles ne parviendront pas à démoraliser une force déterminée et bien encadrée comme le Hezbollah.

Cela veut dire qu'Israël sera obligée d'envoyer des troupes au sol et d'organiser une vaste chasse à l'homme. Compte tenu de leur état d'esprit, les hommes du Hezbollah se battront sans faiblir.

Trois zones se dessinent déjà sur le terrain. L'extrême sud, dont la population s'enfuit, deviendra un champ de bataille. Un peu plus au nord et dans la Bekaa, les zones encore habitées à forte population chiite. Enfin le reste du Liban à majorités chrétienne, sunnite et druze.

Le Hezbollah ne pouvant accepter de perdre tous ses combattants, au bout de quelques jours, leur donnera l'ordre de se replier vers le nord. D'abord donc dans les régions habitées par les chiites. Les Israéliens cesseront sans doute là leur poursuite.

Que se passera-t-il alors ?

Les forces de sécurité libanaises, sous la pression internationale, partiront-elles à la recherche des gens du Hezbollah ? On voit le risque d'une nouvelle guerre civile se profiler.

Une alternative existe.

Si Israël se limite au pilonnage du territoire libanais sans oser combattre le Hezbollah, ce dernier sortira renforcé de l'épreuve. Les autres Libanais seront obligés de vivre avec cette nouvelle réalité.

Que peut-il se passer après l'attaque des Israéliens ?

On peut imaginer des conséquences multiples, à moyen terme et à long terme, déséquilibrant toute la région et provoquant son implosion. Nous nous contenterons de retenir les plus immédiates.

1/ Le risque de guerre civile, comme nous l'avons vu plus haut. Cela peut aller jusqu'à une partition du Liban. Tout dépend de la capacité de résistance de l'armée libanaise à un éclatement sur une base confessionnelle.

2/ Une augmentation du danger terroriste. Confortablement assis dans un bureau, il est facile de dénoncer le terrorisme. Quand on a perdu une partie de sa famille sous les pilonnages, il est plus difficile de faire la différence entre les bombes tombées des avions sur les immeubles et les charges explosives déposées par " un terroriste " dans un autobus civil. Résultat, au lieu de le désamorcer, l'offensive israélienne contre le Liban aura doper le terrorisme. Quant aux pays occidentaux, en raison de leurs options politiques dans ce conflit, ils en sortiront un peu plus exposés.

3/ L'affaiblissement du gouvernement libanais. Ce dernier fonctionne sur la base d'un consensus général entre toutes les communautés. Le risque de guerre civile va l'affaiblir. La crise économique, dans un pays réduit à l'état de ruines et endetté, lui retirera toute possibilité d'intervention et la capacité de faire face au paiement des salaires.

4/ L'Etat d'Israël sortira complètement déconsidéré du conflit. La disproportion de la punition infligée au Liban, un pays sympathique à tout le monde, fait déjà d'Israël un monstre aux yeux de la plupart des gens. La crise s'accentuant, la mémoire collective retiendra qu'Israël aura été la cause d'une nouvelle crise, touchant un pays innocent au sens juridique du terme. L'isolement d'Israël ne cessera de croître.

5/ Un nouveau pas franchi vers une guerre globale. Nouvel exemple d'injustice au détriment des Arabes et au profit d'Israël avec l'assentiment de l'Occident, l'attaque contre le Liban démarque un peu plus les deux camps en élaboration.


Peut-on encore éviter le pire ?

Le pire, c'est le retour de la guerre civile et la montée du danger d'une guerre globale.

Il faudrait pour l'éviter :

1/ Imposer un cessez-le-feu immédiat des deux belligérants, Israël et le Hezbollah.

2/ Négocier les demandes des deux côtés dans un esprit de justice (dossier des prisonniers, récupération du territoire occupé (les fermes de Chebaa)).

3/ Trouver un mode de financement immédiat, pour la reconstruction du Liban.

4/ Obtenir le désarmement du Hezbollah par un retour au consensus libanais.

Pour éviter de nouveaux dérapages et jouir dans la région d'une sécurité relative, il faudrait aussi imposer à Israël un retour derrière ses frontières internationalement reconnues. Un autre dossier, certes différent de celui du Liban, mais complémentaire.



Alain Chevalérias,
Consultant au

Centre de Recherches sur le Terrorisme Depuis le 11 septembre 2001

 www.recherches-sur-le-terrorisme.com
 
*Notes:" Le Monde " et " Le Figaro " du 12 juillet 2006,
" Libération " du 13 juillet citant les dépêches AFP et Reuters.

Lire aussi:
Le Liban gêne Israël. Attaque du 12 juillet 2006
Interview d'Isaac Herzog par la BBC à propos de l'intervention contre le Liban
Crimes de guerre israéliens: Le rapport de Human Rights Watch
 
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