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Sans préjuger sur le fond, nous remarquons dans ce rapport des ambiguïtés gênantes. Il fait de la rencontre du 26 août 2004, entre le Rafic Hariri et Bachar Al-Assad, Président syrien, le point de départ de l'engrenage conduisant à l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais. Plusieurs témoins relatent dans les mêmes termes les propos d'Assad. Il aurait dit : " Si le Président Chirac et vous-même croyez que vous allez gouverner le Liban, vous vous trompez. Cela n'arrivera pas. Le Président Lahoud, c'est moi (1). Quoique je lui dise, il m'emboîte le pas. Cette extension (du mandat de Lahoud) se produira ou bien je briserai le Liban sur votre tête et celle de Walid Joumblatt (2). " Néanmoins, trois jours plus tard, Hariri et son groupe de députés votaient pour l'extension du mandat du Président Lahoud. La menace, qu'aurait proférée Assad, perdait donc toutes raisons d'être. Autre étrangeté, ces propos autoritaires rapportés par Hariri ne correspondent pas au personnage du Président syrien. Héritier depuis juillet 2000 de son père Hafez, on le sait timoré. Ces contradictions gênent le lecteur attentif du rapport. Le vote, du 2 septembre 2004, de la Résolution 1559 du Conseil de sécurité, réclamant le départ de toutes les troupes étrangères du Liban, donnait, croyons-nous, une meilleure raison à la colère des Syriens. Mais il y a, par ailleurs, dans ce rapport une accumulation de révélations difficiles à réfuter. Elles mettent en cause les plus hautes autorités de la Sécurité libanaise et des services syriens donnant à l'affaire la consistance d'un complot.
Autre sujet d'étonnement,
le général Mustapha Hamdan, commandant de
la sécurité du Président Lahoud,
apparaît comme le principal inspirateur de cet ordre. Le
Général Achraf Rifi (3),
aujourd'hui patron des FSI (les forces de police libanaise) a
déclaré que le général Hamdan, professionnellement,
"n'avait rien à voir avec les questions liées
aux investigations sur la scène du crime." Il
agissait en dehors du cadre de ses compétences. Pourquoi,
sinon parce que, mêlé au complot, il voulait empêcher
l'enquête d'aboutir ? Or, ces lignes ont été vendues illégalement par une boutique de Tripoli dont le propriétaire s'appelle Raed Fakhreddin. Ce dernier est très lié à son oncle, Tarek Ismat Fakhreddine, présenté dans le rapport Mehlis comme un " important homme d'affaire. " Nous connaissons Tarek de nom. En septembre 1994, les policiers l'avaient arrêté en compagnie d'une bande de malfrats. Ils avaient saisi des armes et plusieurs kilos d'héroïne. Ghazi Kanaan, alors chef des Renseignements syriens au Liban, avait ordonné de le libérer lui et ses hommes (4). Depuis, le 12 octobre dernier, si l'on en croit les Syriens, le même Kanaan s'est suicidé dans son bureau.
En dépit des ambiguïtés du rapport Mehlis (5), les personnes les mieux disposées à l'égard de la Syrie auront du mal à ne pas douter de la bonne foi de Damas.
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