LES ÉTATS-UNIS |
Le vendredi 26 février à minuit,
un cessez-le-feu prenait place entre les forces loyales au régime
et les rebelles. Dune part, il faut savoir ce cessez-le-feu obtenu grâce à une entente américano-russe. Dautre part comprendre la politique étrangère russe menée pour atteindre un objectif : retrouver linfluence de lex-URSS dans le monde arabe, plus largement à léchelle de la planète. En Syrie, pour satisfaire cet appétit, Vladimir Poutine et son entourage sont déterminés, usant au mieux, sans hésitation et sans états dâme, des atouts dont ils disposent. Pendant ce temps, plus forts militairement et économiquement mais hésitants, les pays occidentaux ont manqué, une après lautre, les opportunités quils auraient pu saisir. Résultat, aujourdhui la Russie domine le jeu. Pire, lOccident est sa dupe. Dupe dabord parce quau nom des principes humanitaires, pour lOuest, le cessez-le-feu est une fin en soi. Pour la Russie en revanche, ce nest que loccasion de se renforcer en Syrie après avoir secouru son allié, le régime de Damas. Pour preuve, jusquau dernier jour les Russes ont pilonné les forces rebelles, pourtant elles aussi opposées aux jihadistes. Dupe encore lOccident quant à lavenir de la Syrie. Avec une habileté consommée, le 29 février, la Russie sest posée en caution dune Syrie fédérale, éclatée en plusieurs régions ethniques et communautaires. Elle semblait se rallier à une certaine vision américaine, prônée par les courants mondialistes, de dépeçage de la Syrie. Nous savons Israël un très vif partisan de ce projet afin de récupérer pour son propre compte une partie du territoire syrien (1). Quand Moscou et Washington semblent saccorder, les Américains abaissent leur garde. Les Russes, eux, sans ne rien montrer, travaillent à conforter leurs plans sur le long terme. À cela une raison, en démocratie, on sépuise à passer dune élection à une autre. Les plans sur le long terme sont difficiles à dresser. La démocratie reste cependant le moins mauvais des systèmes. En Russie, les hommes au pouvoir, sous des apparences démocratiques, ont su se maintenir en place. Poutine, leur chef, totalise 17 ans à la tête du pays, alternativement Président de la Fédération et président du gouvernement. De plus, il bénéficie du soutien du FSB, lancien KGB. En Occident, surtout aux États-Unis, il faut du temps à un nouveau chef dÉtat et à ses ministres pour intégrer, au moins superficiellement, les subtilités de la politique internationale. Voilà pourquoi John Kerry ne fait pas le poids face à Sergueï Lavrov et Barack Obama à Poutine. Parce que les Russes bénéficient de lavantage, dans la durée, de lexercice du pouvoir. En Syrie, tout sest joué sur cela. Quelques exemples sont parlants. Quand pendant lété 2013 des zones rebelles résidentielles sont pilonnées avec des gaz de combat, lOccident semble à deux doigts dintervenir militairement contre Bachar Al-Assad. Les Russes sauvent la mise de ce dernier, neutralisant les menées des pays occidentaux en lançant une opération de désarmement chimique de Damas. Deuxième cas, pendant lété 2015, cette fois, les Russes entrent en force en Syrie en faisant croire à lOccident à une intervention purement technique avec un nombre dhommes limité. À Paris, comme à Washington, on na rien vu venir. Aujourdhui, encore une fois, lOccident est aveugle. La Russie prend le contrôle de la Syrie utile : le pays alaouite (2), commandant la côte, et laxe routier Damas-Alep, qui permet daccéder à la Turquie et au Liban. Reste le peuple syrien. Lopposition, sur ce point est unanime : quil soit de la volonté des Américains ou de celle des Russes, tous refusent le dépeçage de la Syrie. Mais comment peser sur les décisions quand Russes et Américains sont daccord ? (1) Israël travaille du côté
des Druzes et des Kurdes de Syrie à cette fin. Ce pays
souhaite en outre sassurer une route sûre jusquà
chez lui pour acheminer leau et le pétrole du Kurdistan
irakien. La Syrie est le chemin le plus direct. Lire «
Le plan
israélien aboutit au Kurdistan », et «
Visée
Israéliennes sur le Kurdistan » |
DE LINTERVENTION RUSSE EN SYRIE Fin septembre
2015, des rumeurs disaient des soldats russes arrivant en Syrie
pour aménager la base aérienne de Lattaquié
afin daccueillir des renforts de Russie. Moscou démentait.
Mais le 30 septembre, la Fédération de Russie approuvait
une intervention militaire aux côtés de Bachar Al
Assad. Immédiatement, les avions envoyés par
Vladimir Poutine commençaient à bombarder les éléments
armés combattant Damas. Dans le courant
de lété, les forces rebelles à Bachar
avaient tellement progressé sur le terrain quelles
menaçaient Lattaquié, coeur du pays alaouite,
la zone de refuge du régime. En cas deffondrement
de ce dernier, Moscou risquait de perdre ses avantages
dans le pays : les facilités portuaires pour sa
marine dans le port de Lattaquié et son influence dans
larmée. |
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