La guerre civile en Syrie et la tension sunnito-chiite redessinent les systèmes d’alliances

juin 2013

En Syrie, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, la guerre civile attise le conflit entre sunnites et chiites. D’un côté, on voit le camp du pouvoir, assimilable aux alaouites, qui dépend de plus en plus de l’Iran chiite. De l’autre, la majorité sunnite, soutenue elle par les pays sunnites, principalement par le Qatar et l’Arabie Saoudite. Plus le conflit dure et se durcit, plus nous assisterons à une polarisation du Moyen Orient entre chiites et sunnites et plus nous risquons de voir éclater dans la région un conflit de taille planétaire. Deux informations ont retenu notre attention qui mettent en évidence le rôle que pourrait jouer Israël dans ce contexte.

1/ Un accord militaire entre Israël et quatre pays arabes !

D’après le « Sunday Times » du 5 mai, Israël s’apprête à accepter un accord de coopération militaire avec la Turquie et trois États arabes : l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et la Jordanie.

Le projet tourne autour de la mise sur pied d’un système d’alerte pour détecter les tirs de missiles balistiques iraniens. Des techniciens turcs et arabes seraient amenés à travailler aux côtés de collègues israéliens dans les mêmes centres de commandement et de contrôle.

L’idée est présentée comme privilégiée par Barack Obama qui n’est pas très favorable à une opération de destruction des sites nucléaires iraniens. Il préfère une position défensive et travaille à isoler l’Iran.

Zalman Shoval, ancien ambassadeur israélien aux États-Unis a commenté : « Les Américains essaient de rassembler tous ceux qui se sentent menacés par l’Iran ».

On sait la Turquie, il y a peu seul pays musulman allié militaire d’Israël, aujourd’hui en froid avec Tel-Aviv. On sait aussi les pays arabes, principalement l’Arabie Saoudite, peu enclins à entretenir des relations normales avec Israël tant que ce pays occupe des territoires palestiniens.

Pourtant, comme le prouve la deuxième information, une telle coopération militaire n’est pas complètement folle.

2/ La Jordanie importe de Turquie en passant par le territoire israélien

Les gouvernements jordanien et turc auraient aimé un peu plus discrétion sur l’affaire. Mais Israël s’est empressé de propager l’information.

En raison de la guerre civile qui sévit en Syrie, les camions venant de Turquie ne peuvent plus rejoindre la Jordanie. Or, ce pays, très faiblement industrialisé, dépend largement des importations turques.

Un coup d’oeil à la carte suffit pour s’en convaincre : à part l’onéreux transport aérien, la voie maritime jusqu’au port d’Haïfa et la route, traversant Israël, pour se rendre en Jordanie, apparaît comme l’itinéraire de substitution le plus court et le moins onéreux.

Aussi, aujourd’hui, aux yeux des Israéliens ébahis, des convois de camions turcs et jordaniens traversent Israël sous la surveillance des services des services de renseignement.

Là ne s’arrête pas le cocasse de la situation, puisque des marchandises irakiennes, destinées à la Turquie, empruntent désormais le même itinéraire.

 OBSERVATION : Il faut néanmoins replacer tout cela dans son contexte. Si les États, pour survivre, sont prêts à beaucoup de compromissions, les peuples peuvent avoir d’autres aspirations. Les populations musulmanes, et surtout arabes, n’en continueront pas moins de nourrir un fort ressentiment contre Israël en raison du dossier palestinien. La coopération de leurs gouvernements avec l’État hébreu dopera les tendances des populations à la révolte contre les régimes en place. L’Iran jouera alors des tensions internes des pays alliés d’Israël pour les affaiblir. En d’autres termes, la polarisation sunnito-chiite ne peut pas réduire le tropisme anti-israélien.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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