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Nombre dÉtats, pourtant des plus avertis, sont tombés dans le piège des belles paroles dJamaat Al-Tabligh. Il joue pourtant un rôle, semble-t-il indirect, dans la radicalisation des jeunes de Lunel (Hérault) partis faire le jihad en Syrie. Le Jamaat Al-Tabligh, ou association pour la prédication, est né vers 1925 en Inde. Il sest replié sur le Pakistan, avec la partition du sous-continent en 1947, à partir duquel il essaime à travers le monde, jusquen Europe et en Afrique. Il sest donné pour mission de convertir à lislam par la parole et de « ré-islamiser » les musulmans trop tièdes. Dans les faits, cest un mouvement intégriste prônant une pratique littérale de la religion. Cependant, les Tablighis ne tiennent pas de discours politiques et, plus significatif encore, refusent toute référence au jihad. Ils sont admis comme « piétistes », identité quils revendiquent. Dans le cadre de leur volonté de conversion, un peu comme les Témoins de Jéhovah, ils effectuent des missions, appelées « khourouj » ou sortie, afin dentrer en contact avec ceux dont ils souhaitent faire leurs disciples. Tenant un discours moral et gardant leurs distances des mouvements politisés, comme les Frères musulmans, ou jihadistes, comme Al-Qaïda, ils sont acceptés, et même soutenus, par beaucoup dÉtats. Ces derniers croient voir en eux un modèle dislam intégré ne présentant pas de danger pour eux. La réalité est pourtant différente. Le Tabligh joue en effet le rôle de sas vers la radicalisation. En Mauritanie par exemple, où nous avons enquêté, les autorités ont admis que 80% des jihadistes capturés étaient passés par le Tabligh avant de sorienter vers des organisations de plus en plus radicales. Cest ce à quoi nous assistons à Lunel. Mieux, les jeunes partis en Syrie, formant une communauté soudée, sont restés en contact avec le Tabligh, même sils nen recevaient pas dordres ou de consignes. |
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