DES TOUAREGS DU MALI |
octobre 2013
Le 28 août 2013, la presse malienne signalait des attaques dArabes vivant dans la région dAguel Hok, au nord du pays. Elle accusait des hommes du MNLA, le Mouvement national de libération de lAzawad (1), den être coupables. Le 12 septembre, un communiqué du MNLA dénonçait à son tour larrestation de 21 nomades touaregs et sonrhaïs (2), civils vivant dans plusieurs localités du nord. Le jour précédent, toujours selon le MNLA, larmée malienne sen serait prise à lune de ses unités basée à Foyta, à une dizaine de kilomètres de la frontière malienne. Les accords du 18 juin, passés à Ouagadougou entre les autorités de Bamako et les Touaregs, sont remis en cause. A Paris, on avait concentré ses efforts sur la reconquête du nord du Mali aux mains des islamo-terroristes. Le dossier touareg était sensé se régler par concertation. Cétait oublier un contentieux vieux de plusieurs siècles. Il faut comprendre le Mali placé à la rencontre de deux civilisations. Au sud lhéritage de lempire mythique du Ghana, sur lequel se bâtit au XIIIème et au XIVème siècles lempire mandingue, puis du XVIIème au XIXème siècles le royaume bambara. Nous sommes là dans lunivers de la culture bantoue, des cultivateurs sédentarisés. Au nord, lempire des Sonrhaïs, qui connut son apogée du XVème au XVIème siècles. Assimilateur de populations berbères, dont les Touaregs, cette société fortement métissée est très marquée par le nomadisme pastoral, même si ce mode de vie nest pas généralisé. Outre lopposition entre nomades et sédentaires, il faut savoir le Nord relais historique de la traite des esclaves, au profit des pays arabes, dont les populations du sud étaient victimes. Ce contentieux, même sil tend à sapaiser, nourrit beaucoup darrière-pensées entre le Nord et le Sud. Quand notre pays prit le contrôle du Mali, appelé alors Soudan français, il instaura la paix coloniale, tout en développant une relation dintimité avec les Touaregs, qui formaient avec nos compagnies méharistes lossature dune véritable police du désert. Dans les années 60, nous avons été un moment tentés par la création dun État touareg sétendant sur une partie de lAlgérie, du Mali et du Niger. Finalement, lindépendance laissa un Mali associant les deux traditions tout en les opposant. Cependant, le Sud plus fertile favorisant une démographie plus importante, comme au Niger voisin, on assista à la domination des Bantous sur le pays. Ajoutée à labandon économique de leurs régions, la frustration des Touaregs nourrit leur irrédentisme, suscitant plusieurs révoltes dont celle de janvier 2012 nest que la dernière en date. Aussi, aujourdhui, rattrapée par lhistoire, la France na-t-elle pas dautre choix que de prendre le problème à bras le corps, pesant sur ses relais politiques et associant une action économique pour éradiquer lune des principales causes de linstabilité dans la région sahélienne. Sans oublier que nos approvisionnements en uranium au Niger en dépendant.
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