Le Mali |
Comme le Niger, dont il est frontalier, le Mali se partage entre une zone désertique, peuplée de Touaregs et dArabes, et des territoires plus riches habités par des populations de type négroïde. Le fleuve Niger est aussi laxe de vie, desservant plus généreusement le Mali que son voisin. Islamisé à près de 90%, le pays abrite une forte minorité chrétienne. Pour une superficie représentant deux fois et demie celle de la France métropolitaine, il compte une population de 16 millions dhabitants. |
Du IVème siècle au XIIIème siècle, lempire du Ghana prospère, englobant lactuel Mali, une partie du Sénégal et de la Mauritanie. Cest un domaine mythique, riche de lor quil produit et du commerce du sel. Il est de culture animiste Le Ghana finit par seffondrer sous les coups conjugués de la sécheresse, de la déforestation et des conquérants almoravides, apparentés aux Touaregs, qui étendront leur pouvoir jusquà lEspagne à partir du XIème siècle. Profitant de la fin du Ghana, au XIIIème siècle, un roitelet du nom Soundiata Keita rassemble les populations de langue mandingue et se taille un nouvel empire qui atteindra trois millions de km2, sétendant de lAtlantique jusquà louest de lactuel Niger. Connaissant son apogée au XIVème siècle, sous Kankan Moussa, lempire mandingue, ou empire du Mali, est superficiellement islamisé et Tombouctou devient alors une métropole culturelle et religieuse. Affaibli par les attaques des Mossis de Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), au sud, et celles des Touaregs, au nord, lempire mandingue se rétracte à ses dimensions originelles à partir du XVème siècle. Créé par Sonni Ali, lempire Songhaïs le remplace porté par une ethnie proche des Touaregs. Mais, après lattaque des Marocains, en 1591 Il est détruit(1) à son tour. Commence alors une longue période de troubles. Les Arabes ne tiennent pas le pays et se contentent de piller ses richesses. Les campagnes abandonnent lislam. Les attaques des Touaregs et des Peuls, des pasteurs nomades, se multiplient. À la fin du XVIIIème siècle, on assiste à un sursaut avec lapparition dun royaume bambara, du nom dune langue proche du mandingue. Cest le retour au pouvoir des animistes. Mais les Peuls repassent à loffensive et imposent des monarchies locales porteuses de lislam. Déjà, cependant, la poussée européenne se précise. En 1828, le Français René Caillié parcourt la région et, se faisant passer pour un Arabe, visite secrètement Tombouctou. En 1880, Galliéni occupe la rive nord du Niger. Bamako est prise en 1883 (2). Les Français combattent les Peuls de Cheikou Amadou, de El-Hadj Omar et de Samory Touré. Ce dernier, capturé, sera déporté au Gabon. En 1904, est créée la colonie du Haut Sénégal-Niger, qui deviendra le Soudan français et dont la capitale sera bientôt Bamako. Mais, à part un barrage, en 1932, et louverture dune ligne de chemin de fer reliant la colonie au Sénégal, la France fera peu dinvestissements, préférant concentrer ses efforts sur les pays de la côte. Le Mali accède à lindépendance en 1958. Modibo Keita prend le pouvoir. Ancien instituteur, il a été député de la colonie au Palais Bourbon et a même détenu un portefeuille ministériel. Mais il opte pour la « voie socialiste », se rapproche de lUnion Soviétique et prend ses distances de la France. Dix ans plus tard, le bilan est catastrophique et le 19 novembre 1968, de jeunes officiers, conduits par le lieutenant Moussa Traoré renversent Keita. Traoré ne remet pas en question la ligne marxiste et, surtout, installe petit à petit un pouvoir autoritaire assis sur un parti unique. Puis, en 1978, il fait arrêter quatre de ses proches, dont Tiécoro Bagayoko, lancien directeur des services de sécurité. Deux des captifs sont condamnés à mort sous prétexte de détournement de fonds publics. Traoré est réélu en 1979, mais dès 1977, lagitation des étudiants le fragilise. En décembre 1979 il décide la fermeture des établissements de lenseignement et lenrôlement des élèves et étudiants dans larmée. Si la décision finit par être annulée après l'envoi de 375 élèves dans un camp de parachutistes, l'épeuve de force va continuer des années entre Traoré et une jeunesse en colère. La violence de la répression fera plusieurs morts. Résultat, contenu par la force, le mécontentement sétend au sein de la population. Le 26 mars 1991, le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, dit ATT, met un terme à la situation. Il dirige un coup dÉtat puis instaure le multipartisme. Si, en 1992, les premières élections amènent au pouvoir Alpha Oumar Traoré, ATT sera élu en septembre 2001 et réélu en 2007. Homme de consensus on lui reproche souvent un manque de fermeté, en particulier contre lAQMI. Jean Isnard
(1) Voir larticle «
Histoire, le Niger »
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