Le 29 janvier 2018 a été décrété
chômé à Kaboul, la capitale de lAfghanistan.
Deux jours plus tôt, une ambulance transformée en
bombe avait explosé causant la mort de 103 personnes.
Le gouvernement a estimé nécessaire un temps de
récupération pour la population. Mais, à
laube de ce jour de repos, cinq kamikazes attaquaient lacadémie
militaire, tuant cette fois 11 soldats.
Les attaques terroristes relèvent désormais
de l'ordinaire en Afghanistan.
À Kaboul, la dernière
semaine de janvier a été particulièrement
sanglante. Le 24, un commando de quatre hommes s'était
introduit dans l'hôtel Intercontinental et, tenant les
lieux pendant dix heures, avait tué 18 personnes dont
14 étrangers. Le même jour, en province cette fois,
à Jalalabad, une voiture piégée explosait
devant les bâtiments de l'organisation humanitaire "
Save the children
" qui consacre son énergie à aider les enfants.
Que se passe-t-il
donc dans ce pays où 150 000 soldats américains
avaient été dépêchés au lendemain
des attentats du 11 septembre 2001 pour faire rendre gorge à
Al-Qaïda et renverser le pouvoir des Taliban ?
Certes sans disparaître, Al-Qaïda
a été affaiblie et les Taliban chassés
de Kaboul, mais la paix n'est pas revenue.
À cela une raison simple, de
pure cristal : maître d'oeuvre les Américains
n'ont rien compris à l'Afghanistan et aux et aux
Afghans. Résultat, leur aide économique
et leur action militaire se soldent par un échec. Sans
être la clé de tout mais une base incontournable,
il faut comprendre la nature du conflit. Avant tout, ce n'est
pas une guerre de religion contre des islamistes Taliban
mais une guerre civile entre Pachtouns, qui ont toujours
détenu le pouvoir, et les autres ethnies du pays.
Les Américains
se retrouvent pris dans un dilemme.
Ou bien ils s'en vont, comme ils ont
cru pouvoir le faire, et l'Afghanistan redevient la gare
de triage du terrorisme international. Ou bien ils restent, exacerbant
le conflit et augmentant leur impopularité dans le monde.
Or, à force de mauvaise gestion
par Washington des dossiers moyen-orientaux, le risque
terroriste n'est pas un leurre. Non seulement Al-Qaïda
existe toujours mais elle a un concurrent, Daech, aussi appelé
l'État islamique. On sait ce dernier défait
en Irak et en Syrie mais aujourd'hui bien présent
en Afghanistan. On évalue ses effectifs à
400 hommes dans ce pays et de nouveaux renforts arrivent.
On a appris récemment la mort, sous les frappes aériennes
américaines, de trois Français se battant
dans les rangs de Daech. Certes, ce groupe, formé
d'étrangers, est en conflit avec les Taliban exclusivement
afghans. Cela favorise ces derniers qui jouissent de plus de
l'avantage du nombre, mais tout en ajoutant à la confusion.
Alors que
dire de la réaction de Donald Trump dans ce désordre
?
S'il est un art pratiqué avec constance,
c'est celui de le brocarder. Or, dans le dossier afghan, il pourrait
avoir un peu moins tort que ses prédécesseurs.
Après avoir envisagé
le rappel de ses troupes, il a révisé son jugement
et décidé d'en doubler pratiquement le nombre passant
à 15 000 hommes. Cependant, un grand nombre de
ceux-ci est consacré à la formation des soldats
afghans. Sur le terrain, en revanche, les forces spéciales,
en osmose avec l'armée du pays, opèrent par petits
groupes à ses côtés. Cela ne suffira pas
à ramener la paix, mais c'est un premier pas positif.
Donald Trump
Sur le traitement du Pakistan
voisin par Trump, nous
sommes plus réservés. On sait ce pays jouant un
double jeu avec les Taliban et même avec Al-Qaïda.
Alors, faute de contrôler son tempérament impulsif,
le Président des États-Unis a tancé les
Pakistanais et suspendu son aide militaire. Là
où il fallait du doigté, des échanges diplomatiques
fermes mais discrets, il a tiré au gros calibre : contre
les intérêts du Pakistan et de sa classe
dirigeante.
Or, devrait-il penser, il y en a
d'autres prêts à prendre la relève en Afghanistan.
Au nord, la Russie s'inquiète de cette poche de radicalisme
islamiste dont elle craint la contagion pour les pays d'Asie
centrale qu'elle considère comme son domaine. Quant à
la Chine, déjà économiquement très
présente, elle envisage d'installer un poste d'observation
dans le Wakhan, le couloir afghan qui mène à son
territoire
.
|