RETOUR DE FLAMME |
ARABIE SAOUDITE RETOUR DE FLAMME |
Tout commença au XVIIIème siècle, avec Muhammad Ibn Abd Al-Wahhab. Animé dun zèle religieux extrême, ce prêcheur préconisait le "jihad" contre les musulmans dont linterprétation du Coran divergeait de la sienne. A ce titre, il noua une alliance avec lémir Muhammad Ibn Saoud, un chef de tribu. On appela leurs partisans les Wahhabites. Débuta alors une campagne de conquête au nom de la religion et, en 1803, la tribu sempara de La Mecque, premier lieu saint de lislam. Mais, en 1818, Ibrahim Pacha, fils du roi dÉgypte, les en chassa. En 1901, jeune émir de la tribu, Abdelaziz Al-Saoud levait à nouveau le sabre. A la tête dune quarantaine de compagnons, il tua le gouverneur et reprit sa capitale, Riyad, puis il entreprit la reconquête du pays. En 1924, son action était couronnée par la reprise de La Mecque. La justification religieuse servant déjà dexcuse, des tribus lançaient des raids contre lIrak. Devenu roi, Abdelaziz savait cependant faire la part du politique. En 1929, il interdit les attaques contre ses voisins. Un incident révèle sa capacité à maîtriser lexcès de religion. Dans La Mecque soumise, une sonnerie de trompette provoqua lémeute des guerriers Wahhabites opposés, par principe, à toute musique. Futur roi, le jeune prince Fayçal intervint sur lordre de son père, prévenant ainsi un massacre et permettant lacceptation définitive de la musique dans les murs saoudiennes. Comme toute idéologie puritaine, avec le temps, on aurait pu voir le wahhabisme évoluer et quitter le rigorisme de sa genèse. Mais, considéré par certains comme une bénédiction, un malheur allait frapper le royaume: la découverte en 1938 de pétrole à Dhahran. Avec lor noir, la corruption gagnait le pays. Lélite, les princes, se laissait gagner par le goût des plaisirs interdits. Résultat, le royaume se mit à fonctionner sur une base schizophrénique. Dun côté, la légitimité du pouvoir reposant sur son interprétation puritaine, la religion se renforça jusquà la caricature. De lautre, à condition duser de discrétion, surtout à létranger, les princes pouvaient se livrer sans limite à la débauche. Jusquà la première guerre contre lIrak, lArabie parvint à maîtriser ses contradictions. Pour calmer les intégristes, elle arrosait de ses prébendes tous les mouvements islamistes du monde musulman, cherchant même à les rassembler sous son aile en les achetant. De manière étrange, on assistait alors à la surenchère islamiste dun pouvoir qui, ainsi, prononçait sa condamnation. Puis, tout éclata. En 1990, les Irakiens envahissaient le Koweït. Les Saoudiens se sentirent menacés. De retour dAfghanistan, où il avait fait le jihad contre les Soviétiques, Oussama Ben Laden, appartenait à cette frange islamiste fascinée par la pureté extrême. Il offrit darrêter les forces de Saddam Hussein avec quelques centaines dArabes ramenés avec lui. A cette maigre harka, les Saoud préférèrent la puissance de lAmérique. Ben Laden en fut blessé, sa haine contre lAmérique et le régime saoudien dopée et son divorce avec ce dernier prononcé. Sur bientôt quinze ans, la révolte du jeune Saoudien devait le mener au 11 septembre 2001, aujourdhui, par la main de ses imitateurs, au meurtre de Paul Marshall Johnson. Car si Ben Laden est loin de décider de toutes les actions commises, dOrient en Occident, il nen reste pas moins leur inspirateur. Répondant à son appel au jihad, des groupuscules surgissent partout. Paradoxe, en Arabie, leur idéologie sinspire de celle du royaume quils attaquent. Faute de réduire la schizophrénie dont ils étaient victimes, les Saoudiens se sont placés dans une impasse. Aujourdhui, ils nont pas dautres solutions que de réformer leur islam pour le mettre en harmonie avec les nouvelles réalités du monde. Le pourront-ils? |
Abdelaziz Al-Saoud
en vert, gisements de brut
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